
L’Assemblée nationale s’apprête à examiner une proposition de loi visant à réintroduire certains pesticides chimiques interdits. Un retour en arrière qui inquiète autant les experts de santé que les citoyens, et qui relance un débat brûlant sur l’exposition invisible mais bien réelle aux substances toxiques.
L’Assemblée nationale s’apprête à examiner une proposition de loi, dite « Duplomb », qui viserait à réintroduire certains pesticides chimiques pourtant interdits en raison de leurs effets nocifs sur la santé publique et la biodiversité.
Une loi qui fait grincer des dents
Pesticides : un danger pour la santé que les Français n’ignorent plus
Un sondage IFOP réalisé pour Natexbio, la Maison de la Bio, dévoilé le 19 mai 2025, est venu mettre un sérieux coup de projecteur sur l’inquiétude des Français. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 85 % des personnes interrogées se disent inquiètes par cette proposition de loi, dont 40 % très inquiètes.
- 89 % redoutent l’effet des pesticides sur la qualité de l’eau,
- 89 % sur la santé des consommateurs,
- 87 % sur la santé des agriculteurs et la biodiversité.
Autant dire que la population ne veut pas d’un retour en arrière. D’autant plus que l’inquiétude ne cesse de croître : en 2024, 8 Français sur 10 se déclaraient préoccupés. En 2025, ils sont près de 9 sur 10.
Des résidus toxiques jusque dans nos cheveux
Et si l’on doutait encore des effets silencieux de ces substances, une autre donnée vient renforcer l’alerte. En avril 2025, le laboratoire indépendant Kudzu Science, accrédité COFRAC, a réalisé des tests capillaires sur une vingtaine de personnalités publiques. Résultat : près de deux tiers d’entre elles avaient dans leurs cheveux au moins un résidu de pesticide chimique agricole.
Parmi les molécules détectées :
- Difénoconazole,
- Tébuconazole,
- Penconazole, toutes classées comme cancérigènes ou reprotoxiques possibles par les autorités européennes.
Cela montre bien que même sans travailler la terre, nous sommes tous exposés au danger invisible des pesticides. D’où le nom très bien trouvé de la campagne citoyenne lancée en parallèle : “Tous Exposés”.
Une contamination invisible, mais réelle
Une mobilisation citoyenne pour dire stop
Face à cette situation, le collectif Tous Exposés, composé d’associations et d’acteurs économiques, a décidé de ne pas rester les bras croisés. Leur objectif ? Informer, sensibiliser et pousser les citoyens à agir, via le site www.tousexposes.fr.
On y trouve :
- des cartes interactives sur l’usage des pesticides par région (données Solagro et GeoPhyto),
- une synthèse des recherches scientifiques sur leur impact sanitaire,
- et même des outils pour interpeller directement son député.
Car oui, cette proposition de loi sera bientôt débattue à l’Assemblée nationale. Et il est encore temps pour les citoyens de faire entendre leur voix.
Pourquoi cette loi inquiète autant ?
En autorisant à nouveau certains pesticides chimiques interdits, cette loi envoie un signal très clair : la santé publique passe après les intérêts agricoles à court terme. Pourtant, les connaissances scientifiques sont de plus en plus formelles :
- De nombreuses études associent l’exposition aux pesticides à un risque accru de cancers, de troubles hormonaux, de maladies neurologiques (comme Parkinson), ou encore de problèmes de fertilité.
- Les populations les plus vulnérables, enfants, femmes enceintes, agriculteurs, sont aussi les plus exposées.
En bref, parler des dangers des pesticides sur la santé, ce n’est pas agiter une peur irrationnelle : c’est faire état d’un risque bien documenté, auquel nous sommes tous confrontés.
Un enjeu de santé publique majeur
À l’heure où l’on parle de prévention, de santé environnementale, de transition écologique… comment justifier une telle régression ?
Le vrai débat ne devrait-il pas porter sur l’accompagnement des agriculteurs vers des alternatives durables, plutôt que sur un retour aux produits toxiques ? Car ce sont eux aussi, en première ligne, qui souffrent le plus de ces substances nocives.
À SAVOIR
Selon une étude publiée en février 2024 sur la plateforme scientifique arXiv, menée par des chercheurs du Joint Research Centre (JRC) de la Commission européenne, 13 % de la population française pourrait être exposée aux pesticides en raison de leur proximité avec des cultures traitées. Parmi ces personnes exposées, 25 % présentent un niveau d’exposition élevé, 40 % un niveau modéré et 34 % un niveau faible.







