Une femme avec de la graisse abdominale et du psoriasis.
Le psoriasis touche environ 2 à 3 % de la population en France, soit près de 2 millions de personnes, selon l’Assurance Maladie. © Freepik

Et si notre ventre en disait plus long que nos gènes ? Une étude britannique révèle un lien fort, et indépendant de l’hérédité, entre obésité abdominale et psoriasis. Une découverte qui pourrait bien rebattre les cartes du traitement. On vous explique.

Longtemps cantonné au rayon des affections dermatologiques, le psoriasis s’impose de plus en plus comme une maladie systémique, au carrefour de l’inflammation, du métabolisme… et aujourd’hui, de l’obésité.

Une nouvelle étude menée sur plus de 336 000 personnes dans le cadre de la UK Biobank, vient enfoncer le clou : le rapport taille-hanche, reflet de la graisse abdominale, est étroitement associé au risque de développer un psoriasis. Et ce, indépendamment de toute prédisposition génétique.

“Ce que nous voyons ici, c’est un lien fort, presque viscéral, entre surcharge graisseuse abdominale et inflammation cutanée”, résume en substance le Dr Ravi Ramessur, auteur principal de l’étude.

Obésité abdominale : un facteur de risque sous-estimé

Les résultats sont sans appel : chez les personnes atteintes de psoriasis, la graisse viscérale est plus présente, et le risque augmente proportionnellement au rapport taille-hanche. 

Un risque accru de 26 % chez les individus avec un rapport élevé (OR = 1,26, p < 0,00001). Et ce n’est pas tout : le taux de graisse corporelle globale, mesuré par impédance bioélectrique, joue un rôle encore plus déterminant (OR = 1,29, p < 0,00001). Particularité marquée, les femmes semblent plus sensibles à ce lien que les hommes. Une piste de réflexion supplémentaire pour les spécialistes.

Et la génétique dans tout ça ?

L’étude a également interrogé le rôle du gène HLA-C*06:02, bien connu pour sa contribution au psoriasis. Verdict : la graisse abdominale influe sur le risque même chez les personnes ne portant pas ce gène. Pire : le lien est plus fort chez les patients HLA négatifs.

En clair, le poids du ventre pourrait bien peser plus lourd que celui des gènes dans certains cas. Aucune interaction significative n’a par ailleurs été observée entre les scores de risque polygénique et la graisse corporelle. Les deux facteurs semblent donc agir de manière indépendante.

Quand la graisse devient inflammatoire

Mais comment expliquer ce lien ? La réponse se trouve dans la nature même de la graisse viscérale. Contrairement aux idées reçues, cette graisse ne dort pas. Elle sécrète des substances pro-inflammatoires, comme les interleukines IL-17 ou le TNF-alpha, déjà bien connues des spécialistes du psoriasis. On comprend mieux pourquoi un excès de graisse abdominale peut aggraver, voire déclencher, une poussée.

Vers une nouvelle approche thérapeutique ?

Ce lien entre obésité abdominale et psoriasis ouvre la voie à une prise en charge plus globale de la maladie. Car si les traitements actuels (anti-TNF, anti-IL, etc.) permettent de gérer les symptômes, aucun n’est curatif, et aucun n’agit sur la graisse abdominale. Certains, au contraire, peuvent même entraîner une prise de poids.

À l’inverse, des traitements comme les agonistes du GLP-1, utilisés dans le diabète ou l’obésité, suscitent un nouvel espoir. Ils réduisent le poids, améliorent le profil métabolique et diminuent l’inflammation, un triplé prometteur pour les patients atteints de psoriasis. Des études montrent même qu’ils interfèrent avec les mêmes voies inflammatoires que celles ciblées par les biothérapies.

Une maladie de peau… à traiter à la racine

Cette nouvelle étude rappelle que le psoriasis ne se résume pas à des plaques rouges sur la peau. Il s’inscrit dans une dynamique inflammatoire plus large, souvent alimentée par des déséquilibres métaboliques. 

Prendre soin de son poids, et notamment de la graisse abdominale, pourrait donc devenir un geste thérapeutique à part entière.

À SAVOIR

Des chercheurs de l’université de Copenhague ont démontré que chez des patients obèses atteints de psoriasis, une perte de poids significative (en moyenne 15 kg sur 16 semaines grâce à un régime hypocalorique) entraînait une amélioration notable des symptômes cutanés. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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