Une étude co-dirigée par le Pr Patrick Edery (Hôpital Femme Mère Enfant) et publiée dans le Journal of Clinical Investigation met en évidence la cause génétique de la scoliose idiopathique familiale. Une découverte importante pour l’identification et le traitement de cette déformation de la colonne vertébrale.
Une équipe franco-canadienne menée par les Professeurs Patrick Edery (service de génétique clinique, centre de référence des anomalies du développement à l’HFME) et Florina Moldovan (CHU Sainte-Justine de Montréal), vient de mettre en lumière l’origine génétique de la scoliose familiale idiopathique. Soutenu dans sa recherche par la Fondation Cotrel, le Pr Edery avait déjà montré, en 2011, que cette pathologie était liée au défaut de deux gènes situés sur les chromosomes 3 et 5, sans pour autant avoir repéré formellement le gène responsable. « Nous sommes finalement parvenus à mettre en évidence le rôle majeur du gène POC5 dans la mise en place de l’asymétrie corporelle droite-gauche, et ce, très précocement lors de l’embryogénèse », indique Patrick Edery. De plus, de façon étonnante, ce gène est fortement actif dans le cerveau, ce qui laisse penser que le défaut est situé au niveau du contrôle cérébral de la statique rachidienne».
Une scoliose génétique confirmée sur un poisson-zèbre
Pour parvenir à cette découverte, l’équipe de recherche a commencé par sonder l’ADN d’une grande famille française marquée par plusieurs cas de scoliose idiopathique. Cette investigation a permis d’identifier la mutation du gène POC5, également constatée par la suite dans d’autres familles, ainsi que dans des cas de scoliose sans antécédents familiaux. L’équipe a ensuite procédé à une expérimentation en transférant les mutations de l’ADN du gène POC5 sur un poisson-zèbre, dont la colonne vertébrale a alors subi une déformation similaire à celle observée chez le patient humain.
Publiée dans le Journal of Clinical investigation (USA), cette étude « ouvre la voie vers l’identification de l’ensemble des gènes et peut-être des facteurs environnementaux qui contribuent à la survenue de cette affection », conclut le Pr Edery.

A savoir
La scoliose se caractérise par une déformation de la colonne vertébrale avec courbure dorsale. Elle survient au début de l’adolescence (près de 3% de la population générale à l’âge de 16 ans) et s’aggrave pendant la croissance, avec pour conséquences des douleurs invalidantes, des problèmes respiratoires, et des retombées socio-professionnelles et psychologiques (conséquences esthétiques). Les causes de cette affection étaient jusqu’à présent inconnues, d’où le terme « idiopathique » qui signifie « sans cause connue ».