lorsque l’odorat d’une personne ne fonctionne plus, on parle d’anosmie
La perte d'odorat est un handicap mal connu et pourtant plus répandu qu'il n'y paraît. ©Pexels

Vous avez du mal à sentir les odeurs, même les plus fortes ? Vous souffrez peut-être d’anosmie. Quelles en sont les causes ? Est-elle réversible ? Coup de loupe sur cette pathologie encore méconnue avec le Dr Moustafa Bensafi, directeur de recherches au CNRS à Lyon.

Difficile de s’imaginer ne plus être attiré par les arômes d’un bon plat, sentir son parfum préféré, être écoeuré par l’émanation d’un tas de déchets… Une personne sur dix, pourtant, souffre d’un déficit olfactif en France, qu’il soit partiel (hyposmie) ou total (anosmie). La qualité de l’odorat diminuant avec l’âge, 25 % des séniors seraient atteints d’un trouble de l’odorat. Les explications du Dr Moustafa Bensafi, spécialiste en neurosciences et directeur de recherches au centre national de recherches scientifiques (CNRS) à Lyon.

Perte de l’odorat : un trouble plus fréquent qu’il n’y paraît

L’anosmie désigne la perte totale de l’odorat. Elle peut être d’origine congénitale et apparaître dès la naissance ou se développer, comme pour la majorité des cas, au cours de la vie. Lorsque la perte de l’odorat est partielle, il s’agit de l’hyposmie. Dans certains cas (dans le cadre du viellissement ou de certaines pathologies), l’hyposmie peut être potentiellement progressive avant d’atteindre l’anosmie, dernier stade de gravité.

L’anosmie reste un déficit méconnu. Ce handicap, principalement observé chez les seniors, concernerait pourtant une personne sur cent, ce qui pourrait ainsi représenter plus de 80 000 personnes en Auvergne-Rhône-Alpes. 

Une simple grippe peut causer l’anosmie 

Les causes d’une détérioration de l’odorat peuvent être diverses. Tout comme leur durée dans le temps. Il est possible de perdre temporairement ses fonctions olfactives en raison d’une inflammation des muqueuses du nez, par exemple. Ce cas est courant après avoir contracté une infection virale sévère qui affecte les voies respiratoires telle qu’une grippe ou une angine. Une hyposmie voire une anosmie sont également possibles en cas d’herpès. 

Certains troubles au niveau des voies nasales (écoulements, nez bouché, sinusite, polype…) peuvent également entraîner des difficultés temporaires à percevoir les odeurs. L’anosmie ou l’hyposmie sont réversibles lorsque leurs causes sont curables. Les problèmes d’odorat disparaissent généralement en même temps que les autres symptômes de l’infection à leur origine. 

L’anosmie, une maladie parfois incurable

Dans certains cas, l’hyposmie ou sa forme plus lourde, l’anosmie, peut s’avérer irréversible. Elle peut en effet survenir suite à un traumatisme crânien, voire une tumeur au niveau de la cavité nasale ou de la base du crâne. Les nerfs olfactifs étant détériorés, un traitement est difficilement réalisable.

Un sens qui se détériore avec l’âge

Décidément il ne fait pas bon vieillir. Comme pour la vision ou l’audition, il existe une dégradation des fonctions olfactives avec l’âge, que l’on nomme la presbyosmie. Au fil des années, les muqueuses nasales s’assèchent. Les molécules responsables de la perception des odeurs ont ainsi plus de difficultés à s’y accrocher. 

Chez les sujets jeunes, la perte d’odorat concerne moins de cinq personnes sur cent et est souvent partielle. À titre de comparaison, elle touche cinq fois plus de personnes âgées de 60 ans et plus (soit 25%) que les personnes jeunes. Un chiffre qui tend à augmenter lorsque les seniors sont déjà atteints d’autres maladies. 

Enfin, les pathologies neurodégénératives (Parkinson, scléroses en plaque…) ont également une incidence non négligeable sur les capacités fonctionnelles du nez. 80% des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont ainsi victimes d’une perte d’odorat pouvant parfois aller jusqu’à l’anosmie.  

L’anosmie, un handicap invisible 

Les conséquences de l’anosmie sur le quotidien sont variées. Privée de son sens, une victime d’anosmie a plus de mal à détecter certains dangers, comme l’émanation de gaz ou de la fumée ou encore la péremption des aliments. Les émotions liées à certaines odeurs, qu’elles soient bonnes ou mauvaises peuvent également être perturbées. Une personne anosmique peut aussi développer des troubles de l’appétit et du goût, étroitement liées aux fonctions olfactives. Cette relation entre perte de l’odorat et altérations de la consommation alimentaire est notamment visible chez le patient atteint de cancer sous chimiothérapie, dont l’anosmie ou l’hyposmie peuvent donner lieu à une modification du comportement alimentaire.

Ces symptômes peuvent en outre engendrer des difficultés psychologiques et sociales chez certains malades. En parler autour de soi est donc un premier pas vers la sensibilisation de cette pathologie, encore mal connue.

Seul un médecin est habilité à donner un diagnostic précis d’anosmie. Après examen, il pourra en déterminer son origine pour aviser un éventuel traitement. Retrouvez la liste des médecins de votre ville sur www.conseil-national.medecin.fr. 

 

À SAVOIR

Si contrôler régulièrement sa vue ou son audition sont coutumes dans notre société, vérifier son odorat doit l’être aussi ! Des tests d’odeurs sont pratiqués par les médecins oto rhino laryngologistes (ORL) pour évaluer l’état des fonctions olfactives des patients. Si un trouble est détecté, des examens plus précis tels qu’une fibroscopie nasale, une radiographie ou un scanner pourront être réalisés en complément pour diagnostiquer une éventuelle hyposmie voire une anosmie.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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