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On constate une recrudescence de dépression durant la saison d'hiver. ©TonyRoss_unslpash

Vous avez l’impression que l’hiver n’en finit plus ? Votre moral est au plus bas ? Vous ne voulez plus sortir de chez vous? Vous souffrez peut-être de dépression saisonnière. Comment la reconnaître ? Quels sont ses symptômes et ses traitements ? Les réponses et conseils du Dr Claude Gronfier, neurobiologiste au Centre de Recherche en Neurosciences (Inserm) de Lyon.

Le ciel gris et l’humidité de l’hiver favorisent la dépression saisonnière, aussi connue sous le nom de trouble affectif saisonnier (TAS). Bien qu’elle disparaisse généralement à l’arrivée du printemps, cette maladie chronique peut potentiellement, comme toute dépression, avoir des conséquences dramatiques. Le docteur Claude Gronfier, neurobiologiste et chercheur à l’INSERM et au Centre de recherche en neurosciences à Lyon, nous donne les clés pour comprendre ce phénomène et, surtout, quelques bons conseils pour y faire face.

Qu’est-ce que la dépression saisonnière ou le « trouble affectif saisonnier » ?

La dépression saisonnière est un trouble affectif saisonnier qui apparaît de façon récurrente chaque année à la même période. Elle pourrait être liée au manque d’exposition à la lumière naturelle car elle se apparait généralement en octobre, à proximité du changement d’heure et disparaît au retour des beaux jours, en mars. Il peut toutefois arriver qu’elle apparaisse durant l’été, mais ces cas restent rares.

Dépression saisonnière : gare au manque de lumière

Pourquoi cette dépression apparaît-elle en hiver ?

En saison hivernale, la durée totale d’exposition à la lumière naturelle est moindre. Il s’agit pourtant d’un des stimuli les plus importants du cerveau et de l’organisme. La lumière du soleil permet notamment de synchroniser l’horloge biologique interne, l’éveil, certains neurotransmetteurs ainsi que le système cognitif.

Chacun possède une sensibilité différente à l’exposition à la lumière du jour et les besoins physiologiques qui y sont liés divergent d’une personne à une autre. Pour certains, un manque d’éclairage naturel peut entraîner un dérèglement de l’horloge biologique interne et donc l’apparition de plusieurs troubles.

Le manque de lumière est-il le seul facteur de risque du TAS ?

Le manque d’exposition à la lumière naturelle semble être la principale cause de la dépression saisonnière. De très nombreuses études permettent d’ailleurs de le penser. Toutefois, en hiver, plusieurs autres choses changent : l’intensité de l’activité physique, l’alimentation, les horaires de sommeil… On peut donc supposer que d’autres facteurs supplémentaires peuvent intervenir dans l’apparition des symptômes.

Dépression saisonnière ou blues de l’hiver ?

De nombreuses personnes ont moins le moral en hiver. Comment distinguer la dépression saisonnière du simple blues de l’hiver ?

Contrairement au blues de l’hiver, la dépression saisonnière est une pathologie identifiée et reconnue au niveau international. Elle touche entre 1 et 5% de la population mondiale selon les études. En France, ce chiffre serait plutôt de 2%, tandis que le blues de l’hiver, plus commun, toucherait entre 15% et 20% de la population. On les différencie à travers l’intensité et la pluralité des symptômes.

Le blues de l’hiver s’apparente plutôt à une période durant laquelle on constate une baisse de l’humeur, une prise de poids, de la fatigue et plus de difficultés à entretenir les relations sociales. Ces signes sont passagers, d’intensité modeste et n’empêchent pas de suivre le cours de sa vie au quotidien. Si les symptômes sont fréquents et sévères, ou bien s’ils sont handicapants, alors il peut s’agir d’une dépression saisonnière. Il est alors recommandé de consulter un médecin pour définir un éventuel besoin de traitement.

Les symptômes de la dépression saisonnière sont plus sévères. Grande fatigue, irritabilité, dévalorisation de soi, hypersomnie, perte ou prise de poids, consommation excessive de sucre, baisse importante de l’humeur empêchant les relations sociales de façon beaucoup plus importante. Ce sont les signes d’un trouble affectif saisonnier. Il ne s’agit pas d’une simple baisse de moral mais d’une réelle pathologie qu’il faut traiter.

Des traitements à base… de lumière

Si la dépression saisonnière disparaît aux beaux jours, doit-elle obligatoirement être traitée ?

Il est essentiel de se faire soigner. La dépression est une maladie à ne prendre à la légère. D’autres symptômes peuvent se développer et avoir des répercussions plus importantes dans la vie de la personne. En effet, de nombreux risques peuvent accompagner cette maladie notamment, celui de l’acte du suicide dans les cas les plus graves.

Comment traite t-on cette maladie ?

Le principal traitement est la photothérapie, anciennement appelée luminothérapie, c’est à dire une augmentation de l’exposition artificielle à la lumière.

Avant toute chose, un diagnostic précis doit être établi par un médecin. Le traitement est personnalisé et individuel. La thérapie doit être pratiquée tous les jours (même les week-ends et jours de vacances) aux mêmes horaires (qui dépendent de chacun et ne sont pas à choisir soit même), durant toute la période des troubles. La durée d’exposition varie selon les besoins de chacun mais est en général d’une trentaine de minutes.  L’intensité lumineuse au niveau des yeux doit être au minimum de 2000 à 5000 lux.

La consultation médicale est essentielle car il existe quelques contre-indications à cette pratique (certaines pathologies oculaires, allergies…). 

Les bons conseils pour éviter la dépression hivernale

Quels conseils pour éviter cette dépression ?

La dépression hivernale étant liée au manque de lumière naturelle, les principales recommandations sont liées à celle-ci.

  • Augmenter son exposition à la lumière du jour en préférant les activités extérieures (marcher, prendre son vélo plutôt que sa voiture, le bus plutôt que le métro….).
  • Prendre soin de son sommeil en termes d’horaires, de durée et de qualité. Certaines personnes très actives pensent que dormir est une perte de temps, alors que ce dernier est vital !
  • Être attentif aux symptômes et ne pas hésiter à consulter un professionnel de santé en cas de troubles sévères ou handicapants.
  • Se faire soigner et être suivi de façon régulière pendant toute la durée de son traitement.

À SAVOIR

Les médecins généralistes ne sont pas tous formés à la médecine du sommeil. Certains d’entre eux peuvent ainsi opter pour un traitement médicamenteux plutôt qu’une photothérapie ou une luminothérapie. Or, la thérapie par la lumière pour les personnes souffrant d’une dépression saisonnière ou trouble affectif saisonnier (TAS) est la recommandation internationale. N’hésitez donc pas à en parler à votre médecin ou à consulter un médecin spécialiste du sommeil en cas de troubles.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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