Femme au milieu d'une pièce de vie totalement encombrée, du fait de son syndrome de Diogène.
Un des symptômes du syndrome de Diogène est l'accumulation compulsive d'objets. ©Canva

Un de vos proches a une hygiène de vie désastreuse ? Vous connaissez quelqu’un qui accumule chez lui toute sortes d’objets et qui a tendance à s’éloigner de son cercle social ? Soyez vigilant, il souffre peut-être du syndrome de Diogène, une étonnante pathologie qui voit les personnes touchées stocker leurs possessions de manière compulsive, néglier leur apparence et se laisser enfermer dans un certain isolement. Quelles sont les causes de ce trouble qui, malgré les apparences, doit clairement être pris au sérieux ? Comment faire pour s’en débarrasser et lutter contre le mal-être engendré ? Explications, avec le concours d’Océane Girard, psychologue clinicienne à Sallanches (Haute-Savoie).

Le Syndrome de Diogène tire son nom de Diogène de Sinope, un philosophe grec ancien qui avait adopté un mode de vie simple et non conventionnel en vivant dehors, vêtu d’un simple manteau. Mais alors pourquoi le syndrome porte son nom ? Les patients de ce syndrome, à l’image de Diogène, négligent leur hygiène, s’isolent socialement, et vivent complètement dans le déni de leur condition. Une autre caractéristique qui cette fois n’a pas de parallèle avec le philosophe, est l’accumulation compulsive d’objets, ou syllogomanie.

“On confond souvent syndrome de Diogène et syllogomanie (ou thésaurisation pathologique)”, précise Océane Girard, psychologue clinicienne en Haute-Savoie. “C’est effectivement un des symptômes du syndrome de Diogène, mais c’est aussi un diagnostic à part entière et le syndrome de Diogène ne se résume pas à cela. Nous retrouvons donc bien trois autres symptômes dans le syndrome de Diogène: l’incurie (la personne ne prend plus soin d’elle-même), la misanthropie (isolement) et le déni”.

Le syndrome de Diogène peut être causé par des troubles psychologiques, dus par exemple à des traumatismes passés, des abus, des pertes, ou tout autre événement stressant. Ils peuvent en effet déclencher chez la victime des mécanismes de défense tels que l’accumulation compulsive d’objets, et l’isolement social pour faire face à l’anxiété. 

D’autres pathologies plus sévères comme la dépression ou l’anxiété chronique peuvent également provoquer le syndrome de Diogène en affectant la perception de soi et la capacité à prendre des décisions rationnelles. 

Le syndrome de Diogène est loin d’être anodin. Il a généralement un impact dévastateur sur la vie des personnes qui en sont touchées. 

À cause de l’accumulation des objets sans volonté de ranger ni de nettoyer, l’espace de vie des patients devient encombré, jusqu’à ne plus pouvoir circuler librement chez eux. 

L’isolement que provoque le syndrome affecte grandement les relations sociales, au point de les rompre. Des problèmes de santé mentale préexistants comme la dépression, ou l’anxiété empirent dans ces situations, et deviennent très dangereux.

Les conditions d’hygiène parfois désastreuses peuvent causer le développement d’infections et de maladies, mettant ainsi en danger le bien-être physique des personnes touchées. 

L’évaluation initiale du patient, ainsi que dans l’élaboration d’un plan de traitement individualisé est confiée à des psychiatres, ou des psychologues.

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) permettra aux patients de mieux comprendre leur comportement, leur situation et de travailler sur leurs émotions et leurs impulsions pour sortir de ce schéma autodestructeur. “En TCC, on s’intéresse aux différentes situations problématiques que rencontre la personne, à ses pensées, ses émotions et ses comportements (et les conséquences de ceux-ci = maintien du problème). On crée ainsi une analyse fonctionnelle du problème présenté par celle-ci. On recherche où peuvent se trouver des cercles vicieux qui maintiennent le problème et on travaille ensuite en collaboration avec le patient pour atteindre les objectifs que l’on se fixe au préalable”, étaye Océane Girard.

Parmi les solutions déployées durant cette thérapie cognito-comportementale figure “le travail d’exposition à ce que la personne redoute si celle-ci est habituellement dans l’évitement, comme jeter des objets par exemple”. L’objectif est d’aider les patients à surmonter leur peur de se séparer de leurs objets accumulés, en les exposant progressivement à des situations qui suscitent de l’anxiété.

Des médicaments peuvent être prescrits dans certains cas pour traiter les troubles parallèles tels que l’anxiété ou la dépression. 

À SAVOIR

Pour aider une personne atteinte du syndrome de Diogène, il est essentiel d’adopter une approche empathique et respectueuse. Il faut encourager le dialogue ouvert, offrir un soutien émotionnel et proposer une assistance professionnelle et qualifiée. 

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Jeanne Guinand
Journaliste Santé / Groupe Ma Santé Étudiante en journalisme, Jeanne s'est spécialisée dans le domaine de la santé. Son ambition ? Informer le public sur des sujets cruciaux, allant de la prévention des maladies aux actualités santé les plus récentes.

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