Ménage, repas, toilette, compagnie… Face aux besoins nouveaux de séniors bien déterminés à vieillir paisiblement à la maison, les entreprises d’aides à domicile foisonnent. Le modèle de l’Ehpad a vécu et ce sont les services, dans un contexte de lutte contre la perte d’autonomie, qui viennent désormais vers les personnes âgées. Décryptage d’un phénomène de fond… et mode d’emploi.
À votre service ! Fruits d’une explosion démographique unique entre 1945 et 1964, les baby-boomers sont à la retraite. Conséquence, le nombre de séniors, dopé par une longévité toujours plus importante, ne cesse d’augmenter. Les papys font de la résistance, mais leur avancée vers le grand âge fait croître leurs besoins, faisant de la promotion du bien vieillir, entre la prévention de la perte d’autonomie et l’amélioration de la prise en charge de la dépendance, un enjeu de société majeur.
Les plus de 85 ans sont déjà 1,8 million en France. Ils seront 5,6 en 2050, et la plupart souhaitent vieillir chez eux, de la manière la plus indépendante possible. Home sweet home, ils sont 91%, parmi les plus de 85 ans, à vivre à domicile aujourd’hui en France. Cette volonté a peu à peu favorisé l’émergence de nouveaux outils, à l’image de la téléassistance. Et aussi, bien sûr, le boom impressionnant des structures d’aides et de services à domicile : 163, sur le seul territoire de la Métropole de Lyon, l’agglomération la plus peuplée d’Auvergne-Rhône-Alpes.
“La maison de retraite à l’ancienne, c’est fini”
« Ce développement est exponentiel depuis quelques années », confirme Julien Jourdan, le directeur général de la Fédération française des services à la personne et de proximité (Fédésap). Le phénomène profite au passage de l’Ehpad-bashing, assimilé non plus au cadre d’une retraite paisible et collective, mais à l’ultime étape vers la fin de vie. Le délai moyen entre l’entrée à l’Ehpad et le décès est en effet de 16 à 18 mois, aujourd’hui. « La maison de retraite à l’ancienne, c’est fini. Aujourd’hui plus tourné vers la fin de vie, ce modèle ne correspond plus aux aspirations des Français, qui préfèrent rester le plus longtemps possible chez eux, à condition que leur état de santé le leur permette ».
La généralisation des services clés en main est venue répondre à cette volonté. « Nous sommes en capacité de rendre les choses possibles de manière très qualitative et moins stigmatisante qu’à l’Ehpad. Du ménage aux repas en passant par le bricolage, toutes les envies peuvent être accompagnées. Nous sommes vraiment des couteaux suisses », illustre Julien Jourdan. Le temps moyen de services par semaine pour une personne âgée dépendante est de 80 heures : une manne gigantesque.
Toutes ces entreprises sont-elles capables d’offrir des services de bonne qualité ? Selon ses acteurs, le boom n’a pas créé de déséquilibre, même si le secteur souffre de la pénurie de personnel qui frappe l’univers du soin et de la santé. Surveillé de près par les conseils départementaux, en charge de l’autonomie des séniors, le marché s’est en plutôt bien structuré, entre cahier des charges rigoureux, mise en place de certifications et professionnalisation progressive du personnel. « Ces entreprises ont tout intérêt à offrir la meilleure qualité. Il s’agit d’un marché concurrentiel. Le client a le droit de se plaindre et de partir s’il le souhaite », rappelle Julien Jourdan.
Et si le coût (23 à 27€ de l’heure en moyenne) n’est pas négligeable, aides financières et crédits d’impôt doivent permettre au plus grand nombre d’en profiter, ce que certains ignorent encore : 40% des séniors éligibles à l’APA, en effet, ne savent pas qu’ils le sont…
Quels sont les principaux services à domicile ?
- Assistance quotidienne : lever, coucher, toilette
- Préparation, prise et livraison de repas, courses
- Ménage / repassage
- Aide administrative et technique
- Accompagnement, mobilité
- Garde de nuit, garde malade, compagnie
- Promenade d’animaux
Services à domicile, mode d’emploi
Qui y a droit ?
Tous les séniors de + de 60 ans, sous réserve de répondre aux conditions de perte d’autonomie.
Comment ça marche ?
Il existe trois formules pour recourir à de l’aide à domicile : l’emploi direct (vous êtes l’employeur), l’emploi avec mandataire (vous êtes l’employeur mais un organisme s’occupe des démarches administratives) et le recours à un organisme spécialisé privé qui répond à vos besoins.
Combien ça coûte ?
Une heure de service à domicile coûte en moyenne 25€, montant auquel il faut déduire les aides éventuelles et qui donne droit à un crédit d’impôt de 50%.
Quelles sont les aides financières ?
- L’APA (allocation personnalisée d’autonomie) : principale subvention dédiée à l’aide au financement des services quotidiens (portage repas, aide à domicile, assistances techniques…). Établie en fonction des ressources, elle est délivrée aux séniors de + de 60 ans et en perte d’autonomie.
- La PCH (prestation de compensation du handicap) : attribuée aux personnes en perte d’autonomie liée à leur handicap (besoins du quotidien, adaptations du logement…)
- L’aide-ménagère départementale (ménage, repas, toilette) : attribuée sous conditions aux demandeurs ne bénéficiant pas de l’APA.
- Des aides supplémentaires peuvent aussi être versées par les mutuelles, les caisses de retraite, les mairies, les CCAS.
Info + sur www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr
À SAVOIR
En 2030, les plus de 65 ans seront pour la première fois de l’histoire plus nombreux que les moins de 20 ans. En 2060, un Français sur trois aura plus de 60 ans.
Sources INSEE et Rapport Libault 2019