Séniors : le jeu de société et ses atouts thérapeutiques
Séniors : le jeu de société et ses atouts thérapeutiques © DR

Le jeu de société, en plus du plaisir ludique, apporte de nombreux bienfaits thérapeutiques pour les séniors. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, cela permet de calmer les troubles du comportement. Une approche non-médicamenteuse que certains Ehpad ont bien compris. À l’image de la Résidence du Château de Saint-Priest où les jeux de société ont un rôle primordial dans le bien-être de nos ainés.

Faire tenir en équilibre un objet, jouer l’atout de sa main, ou encore placer un Scrabble pour remporter cinquante points… Le jeu de société, sous toutes ses diverses formes, a de nombreux bénéfices chez les séniors. Une approche non-médicamenteuse qui permet même de calmer et d’apaiser des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Ce plaisir ludique révèle également des avantages sur le bien-être moral des résidents en Ehpad. À Saint-Priest, la Résidence du Château mise sur l’importance du lien social. Le jeu de société est un outil sollicité autant par les professionnels de santé que par les résidents. Focus sur les intérêts des jeux de société auprès des séniors.

Le jeu de société « fait baisser les troubles du comportement » chez les séniors

Plusieurs remèdes permettent de repousser voire de prévenir la maladie d’Alzheimer. Le jeu de société fait partie de ces astuces. Cédric Gueyraud est docteur en sciences de l’éducation. Il est également le directeur du centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet (FM2J). Un lieu de formation pour tous les professionnels du jeu, allant du secteur de la petite enfance à la gérontologie. Spécialiste du sujet, Cédric Gueyraud a rédigé une thèse sur « l’intention de soin du jeu sur la maladie d’Alzheimer chez les résidents d’Ehpad ». « Je souhaitais comprendre quelles étaient les conditions de jeu permettant à une personne âgée avec des troubles cognitifs d’entrer en jeu, uniquement pour le plaisir ».

En étudiant les séances d’ateliers dans les Ehpad, Cédric Gueyraud se rend compte du bienfait thérapeutique du jeu. « Cela fait baisser les troubles du comportement puisque le jeu nécessite d’être concentré et attentif. Il n’y a plus de place pour une conduite désordonné, à condition que le jeu soit bien adapté. De plus, cela favorise les interactions sociales ». La méthodologie de ces travaux se reposait, notamment, sur les retours des concernés. « Nous demandions à chacun de s’évaluer et dire comment ils se sentaient, avant et après la séance de jeu », explique Cédric Gueyraud.

Les conseils de Cédric Gueyraud pour allier jeu et séniors

Tous les jeux de société ne peuvent être utilisés par les séniors atteints de troubles du comportement. « Il faut simplifier les règles. Dans l’avancée des troubles cognitifs, on observe une difficulté à respecter des consignes », raconte Cédric Gueyraud. Il faut adapter les jeux aux séniors autour de quatre principes.

En premier lieu, « se poser la question de la règle du jeu. Est-ce que je vais avoir besoin d’expliquer celle-ci pour jouer ? Il faut éviter des règles complexes. Le principe du jeu doit se deviner en le regardant », conseille Cédric Gueyraud. « Deuxièmement, il faut très peu de matériaux pour que ce soit simple. Moins de trois pièces différentes (ou série de pièces) dans la boîte.  Troisièmement, le joueur sénior doit avoir la possibilité de détourner le jeu, de se le réapproprier avec ses règles. » La dernière règle concerne l’ergonomie des pièces. L’idéal est de jouer avec des objets de grande taille puisque cela permet d’éviter les étouffements. Notamment chez ceux souffrant de troubles du comportement qui pourraient mettre les pièces dans leur bouche.

Dans les Ehpad, pour les séniors atteints de troubles du comportement, différentes sous-catégories du jeu de société peuvent être pratiquées. Notamment, les jeux d’adresses où les joueurs doivent réussir à faire tenir en équilibre des pions ou objets. « Il faut éviter les contenus nécessitant de formuler des hypothèses, comme les échecs, ou de faire appel à l’abstraction et préférer des jeux faisant appel à un raisonnement concret. On peut favoriser des mécanismes comme le jet de dé nous amenant sur une case dans laquelle est inscrite une consigne claire », détaille Cédric Gueyraud.

Les jeux de société dans les Ehpad : un atout social

À Saint-Priest, la Résidence du Château est un Ehpad rassemblant soixante résidents dont la moitié souffrent de troubles du comportement. Le jeu de société est un élément-clé dans les activités sociales. « Nous appliquons la méthode Montessori, qui est une thérapie non-médicamenteuse. Avec les soignants, nous évaluons les capacités des nouveaux résidents lors de l’admission. Et nous mettons en place un projet personnalisé où la vie sociale prédomine », présente Sylve Monier, directrice de l’Ehpad. La pédagogie Montessori est à l’origine une méthode d’éducation pour les enfants, qui repose sur le sensoriel et la sensibilité. Les Ehpad reprennent cette méthodologie adaptée en 1995 par Cameron Camp, un psychologue, pour l’appliquer aux séniors. L’objectif est ainsi de permettre un bien-être moral, une recherche d’autonomie et une appartenance à un groupe.

La santé morale, en berne chez les Lyonnaises et Lyonnais, est primordiale à entretenir. D’autant plus que le contexte sanitaire dans les Ehpad est toujours tendu dans la région. Depuis la reprise des ateliers, « le moral va beaucoup mieux chez les résidents qui retrouvent du lien et de la communication », observe Adeline Courthaliac, psychologue à la Résidence du Château. « Le lien social, c’est ce qui fait tenir les résidents. Nous faisons, annuellement, un point sur le projet personnalisé des séniors. Nous surveillons l’état de santé, notamment la concentration, l’attention… Et lorsqu’ils jouent, ils travaillent tout cela sans le savoir ! »

Les moments de jeu participent à la création de lien social. La directrice de l’Ehpad, Sylvie Monier se souvient d’un cas particulier. « Nous avions un monsieur qui ne savait pas jouer à la belote. Curieux, il a commencé à apprendre et cela lui a permis d’entrer en contact avec les autres résidents. L’apprentissage est toujours possible en Ehpad ! »

Tarot, pétanque, … Les jeux de société s’adaptent aux séniors

Les dames, le Scrabble, ou encore la belote… Les jeux de société rencontrent un certain succès auprès des séniors de Saint-Priest. Quant au choix de l’activité, cela peut dépendre du contexte saisonnier et sanitaire. « Cet été, nous avons joué à la pétanque en extérieur avec une dizaine de résidents », se souvient Pierre Verdier, coordinateur en animation et vie sociale dans l’Ehpad de la Résidence du Château.

Au-delà du jeu de société, les activités pratiques permettent d’occuper le temps des séniors et d’éviter toute éventuelle déprime. « Nous favorisons l’approche pluridisciplinaire avec aucune limite. L’été, en plus de la pétanque, nous faisions de l’activité physique, de l’activité manuelle, voire artistique. La musique est une activité récurrente trouvant du sens chez chacun des résidents », énumère Pierre Verdier. La cuisine et les ateliers pâtisserie sont également mis en place.

Animer les ateliers jeux de société, c’est d’abord « être à l’écoute »

Pour Pierre Verdier, la principale qualité d’un animateur d’ateliers de jeux pour les séniors est celle « d’être à l’écoute ». Dans la lignée des travaux de Cédric Gueyraud, l’animateur Pierre Verdier adaptent les jeux en fonction des handicaps. « Lors de la pétanque, je devais adapter les règles puisque certaines personnes en situation de handicap ne pouvaient pas aller récupérer les boules. Également, il ne faut pas négliger le facteur psychosocial. Certaines personnes aiment les rôles qu’on leur attribue. À l’image d’une dame qui aimait toujours s’occuper du comptage des points, quel que soit le jeu ».

En tant que professionnel de santé, « il faut bien connaître chaque résident » confirme Adeline Courthaliac, la psychologue exerçant depuis une dizaine d’année dans l’Ehpad. Les jeux de société s’intègrent à d’autres activités quotidiennes. Cela permet de rendre les séniors plus actifs dans leur journée « Le jeu de société va venir compléter une autre activité. Cela a pour objectif d’organiser le rythme des résidents », résume Pierre Verdier. À l’image d’une résidente, madame B. : « Lorsque je m’occupais de mon mari malade, nous jouions tous les jours au Scrabble après manger. Alors, maintenant, c’est resté.»

Bien-être moral : privilégier les thérapies non-médicamenteuses

L’Ehpad de Saint-Priest fait partie du réseau Omeris dont l’objectif est de privilégier les thérapies non-médicamenteuses auprès des séniors. « Nous constatons que le jeu est un intermédiaire dans les relations sociales. C’est un outil spontané et naturel qui tire des traditions communes. Il est même intergénérationnel entre ainés et petits-enfants. Ses dimensions sociales et psychologiques sont majeures et à prendre en compte. Lors de la mise en place d’un jeu, nous veillons à instaurer une ambiance conviviale et plaisante à chacun. Il faut faire en sorte que le jeu se déroule sans contrainte pour favoriser le bien-être des résidents », explique Mandy Gallone, chargée de missions en animation et vie sociale dans le réseau Omeris.

À SAVOIR

Les jeux de société ont un intérêt pour la santé cognitive, quel que soit l’âge du joueur. Certains jeux permettent de mettre des mots sur les ressentis des enfants, d’autres mettent le cerveau à rude épreuve. Ma Santé, à l’approche de Noël, vous propose une sélection de jeux pour prendre soin de sa santé cognitive tout en conservant le plaisir ludique !

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