Jaycee Lee Dugard, Elisabeth Fritzl… Vous connaissez peut-être ces histoires d’enlèvements, le point commun : toutes les victimes sont atteintes du syndrome de Stockholm. Exemple peut être plus parlant si vous avez vu la Casa de Papel, vous vous rappelez sûrement de l’histoire de Monica, une des otages, qui tombe amoureuse d’un des braqueurs. Dans la série, Monica finit par se ranger du côté de ses ravisseurs, empruntant le nom subtil de Stockholm. Malgré son apparence étrange, ce syndrome possède des explications psychologiques bien fondées : on fait le point.
Le syndrome de Stockholm désigne un phénomène psychologique dans lequel une personne prise en otage développe un attachement émotionnel envers son ravisseur. Ce phénomène, qui a été observé pour la première fois en 1973 lors d’une prise d’otages dans une banque à Stockholm, en Suède, a depuis suscité un vif intérêt et de nombreuses discussions dans le domaine de la psychologie. Ce syndrome pouvant s’étendre dans un cercle amoureux ou familial.
Un syndrome particulier
Le nom du syndrome provient de l’événement qui l’a mis en lumière. En août 1973, un homme armé a pris en otage les employés d’une banque à Stockholm. Pendant cette prise d’otages qui a duré six jours, quelque chose de très étrange s’est produit. Plutôt que de ressentir de la peur ou de la haine envers leur ravisseur, certains otages ont commencé à développer une forme d’attachement émotionnel envers lui. Ils ont commencé à le défendre, à sympathiser, à écouter ses préoccupations et à exprimer de la compassion à son égard. Lors du procès, aucune des victimes n’a témoigné à charge. De plus, certaines d’entre elles ont entretenu une relation avec leur ravisseur ou ses complices. C’est à la suite de l’analyse du psychiatre chargé de l’affaire, que l’appellation du syndrome de Stockholm a vu le jour pour la première fois.
Parmi les exemples du syndrome de Stockholm les plus connus, on pourrait citer le cas de Natascha Kampusch. Kidnappée en 1998, la jeune fille aura passé huit ans et demi enfermée dans la maison de Wolfgang Priklopil, son ravisseur. Finalement, Natascha conservera une photo de son kidnappeur dans son portefeuille et ira même jusqu’à racheter la maison de celui-ci.
Les mécanismes du syndrome de Stockholm
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le développement du syndrome de Stockholm. Tout d’abord, la personne prise en otage est confrontée à une situation de danger et d’incertitude, ce qui peut provoquer une grande anxiété. Dans ces circonstances, le cerveau peut activer des mécanismes de survie qui incluent la création d’un lien avec l’agresseur pour augmenter les chances de survie. En d’autres termes, l’otage peut se convaincre que son ravisseur n’est pas une menace, ce qui réduit son niveau de stress.
En effet, le syndrome de Stockholm se manifeste lorsque plusieurs éléments déclencheurs sont présents ou perçus comme tels par la victime. Cela se produit généralement lorsque la victime se trouve dans une situation de danger extrême, provoquant un sentiment total d’impuissance. La perte de contrôle face à la menace imminente engendre un stress intense, et c’est à ce moment que le cortex préfrontal du cerveau, responsable de la réflexion et du raisonnement, cède la place à la partie la plus primitive de notre cerveau, entraînant un mode de survie instinctif.
En raison de l’incapacité de cette partie du cerveau à faire preuve de discernement, un retournement de situation se produit, amenant la victime à percevoir la situation de la même manière que l’agresseur. L’accent est alors mis sur le fait que la victime devient totalement dépendante de son agresseur, le seul à pouvoir satisfaire ses besoins. Cette dépendance crée une soumission totale de la victime, qui développe également un sentiment de gratitude envers l’agresseur pour lui avoir épargné la vie.
Ce mécanisme est renforcé par l’isolement de la victime du monde extérieur, créant ainsi un déséquilibre de la relation.
Comment s’en sortir ?
Le syndrome de Stockholm peut avoir des conséquences à long terme sur les personnes qui en sont victimes. Elles peuvent éprouver de la confusion, de la honte et de la culpabilité en raison de leurs sentiments contradictoires envers leur ravisseur.
Le premier chemin vers la guérison pour les personnes atteintes de ce syndrome est la prise de conscience. Une fois cette prise de conscience faite, la personne peut s’orienter vers un psychologue ou un psychiatre. Malgré tout, la reconstruction psychologique peut s’avérer longue et s’étendre sur plusieurs années.
Le syndrome de Stockholm dans le cercle familial
Contrairement à ce que l’on peut penser, le syndrome de Stockholm ne s’applique pas qu’en cas d’enlèvement. Il suffit qu’une personne exerce une emprise psychologique sur une autre pour que ce syndrome puisse se déclarer. Le syndrome de Stockholm se révèle lorsque, au sein d’une relation, une tension et de la violence physique ou morale se maintiennent sur la durée en raison d’une dynamique de pouvoir entre un individu dominant et un individu soumis. Ainsi, nous pouvons le retrouver au sein d’un couple, d’une famille ou bien au travail.
C’est souvent le cas lorsqu’un enfant subit des violences physiques, sexuelles ou morale de la part d’un de ses parents. En raison de sa jeunesse, l’enfant manque de points de référence et est en train de définir ce qui est acceptable ou non pour lui. Cette situation relève de la sphère intime, il ne peut pas se comparer à d’autres familles. En se formant une image qui excuse ses parents, il créera un scénario qui dédouane le parent responsable des abus, ce qui peut progressivement conduire au développement d’un syndrome de Stockholm.
Sans aborder réellement le cas de violences, le fonctionnement est le même dans un couple ou au travail.
Si vous pensez être victime d’une tierce personne, n’ayez pas honte et n’hésitez pas à en parler. Vous pouvez vous adresser à un proche de confiance ou un professionnel.
À SAVOIR
Le syndrome de Lima est l’inverse du syndrome de Stockholm : le mécanisme psychologique est le même, seulement les rôles sont inversés. Il s’agit de l’agresseur qui éprouve de l’affection allant jusqu’à un sentiment amoureux envers sa victime.