sportif qui reçoit une une infiltration médicale
Les infiltrations médicales sont souvent utilisées par les sportifs de haut niveau. ©Freepik

Rater une compétition, c’est le plus grand cauchemar des athlètes de haut niveau. Lorsqu’ils subissent une blessure, ils peuvent être prêts à employer toutes les stratégies possibles pour être en mesure de concourir. Une des options qu’ils envisagent fréquemment est celle des infiltrations, cherchant ainsi à minimiser l’impact de la blessure et à maintenir leur niveau de performance malgré la douleur. Mais quelle est cette pratique ? Quels en sont les risques ? Éléments de réponse.

L’infiltration médicale consiste à administrer directement des médicaments (comme des corticostéroïdes, des anesthésiques ou des acides hyaluroniques) dans des zones spécifiques du corps, telles que les articulations, muscles ou tendons, à l’aide d’une aiguille.

Cette technique est souvent utilisée par les sportifs de haut niveau pour éviter un temps trop long sans entraînement après une blessure. Mais les infiltrations ont-elles un effet durable sur la blessure, ou ne font-elles que temporiser les symptômes sans traiter réellement la cause sous-jacente ? On fait le point. 

Les infiltrations médicales, c’est quoi ? 

Une infiltration médicale, également appelée injection intra-articulaire ou injection locale, est une technique médicale dans laquelle un médicament est administré directement dans une articulation, un muscle, un tendon ou une autre structure anatomique spécifique du corps, le tout à l’aide d’une aiguille.

Les médicaments administrés par infiltration peuvent être des corticostéroïdes (anti-inflammatoires), des anesthésiques locaux, des acides hyaluroniques (utilisés pour les articulations), ou d’autres médicaments spécifiques en fonction de la condition du patient.

Les infiltrations sont souvent utilisées pour traiter des affections telles que l’arthrose, les tendinites, les bursites, les entorses, les douleurs lombaires, les inflammations articulaires ou bien d’autres problèmes d’ordres musculo-squelettiques. L’objectif principal est de réduire la douleur, l’inflammation et d’améliorer la fonctionnalité de la zone affectée. L’infiltration fait en général effet sous 2 jours (1 à 7 jours) et a une durée d’efficacité de 1 à 2 mois.

Un traitement autorisé par la Haute Autorité de Santé 

Récemment, la Haute Autorité de Santé (HAS) a révisé l’évaluation de chaque dérivé cortisoné actuellement disponible sur le marché. Malgré les nombreux débats sur leur efficacité, la HAS a conclu à un bénéfice médical significatif.

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’ensemble des dérivés cortisonés injectables concerne spécifiquement l’infiltration articulaire pour traiter l’arthrite inflammatoire et les poussées d’arthrose.

Les principaux corticostéroïdes utilisés pour les infiltrations ont également reçu une AMM pour les indications périarticulaires (comme les bursites et tendinites) ainsi que pour les affections des parties molles (comme les talalgies, la maladie de Dupuytren et le syndrome du canal carpien). La HAS recommande de limiter les infiltrations à une par jour, avec un maximum de deux par semaine et quatre en série pour le traitement d’une zone pathologique.

Les bonnes pratiques standards doivent être mises en application : vérifier l’absence d’allergie au produit ou encore l’absence d’infection locale ou systémique. Il est essentiel de contrôler l’absence de pathologie dermatologique au point d’injection et de vérifier les traitements en cours pour le patient, notamment les antiagrégants plaquettaires et les anticoagulants.

Actuellement, aucune donnée spécifique concernant les sportifs ou les pathologies mécaniques ne permet de recommander un repos particulier après une infiltration. Cependant, l’expérience clinique suggérerait de modérer la reprise trop rapide et intensive de l’activité sportive après une infiltration.

Les infiltrations médicales et le sport 

Les infiltrations peuvent offrir un soulagement rapide de la douleur : cela peut permettre aux athlètes blessés de reprendre l’entraînement ou la compétition plus rapidement. C’est pourquoi ce type de traitement est fréquemment utilisé chez les sportifs de haut niveau. Mais ce n’est pas sans danger…

Les infiltrations comportent des risques, tels que des dommages aux tissus, des infections, des saignements et des réactions allergiques. L’utilisation fréquente d’infiltrations peut également entraîner des effets secondaires à long terme, tels que l’affaiblissement des tissus et des ligaments.

Ajouté à cela, l’infiltration ne traite souvent que les symptômes de la blessure et ne résout pas le problème de fond. Les infiltrations devrait donc faire partie d’un plan de traitement global qui inclurait la rééducation, le repos ou la physiothérapie. 

Puisque l’infiltration permet de dissimuler la douleur dans les tendons, les muscles et les ligaments, le sportif peut pousser sur la machine et repousser ses limites sans ressentir le moindre avertissement. À terme, cela peut donc masquer les problèmes sous-jacents et retarder la guérison complète.

Mieux vaut prévenir que guérir…

« Je ne suis pas rancunier, mais je regrette qu’on ne m’ait pas expliqué à l’époque ce que cela signifiait et les dégâts possibles. J’étais un compétiteur et je voulais toujours jouer. Mais j’aurais voulu qu’on me dise les risques que je prenais. J’ai joué à la roulette russe sans le savoir », témoigne Bruno Rodriguez. Cet ancien footballeur professionnel, joueur à Bastia, Metz et au PSG, a subi plusieurs infiltrations excessives durant sa carrière. Il a depuis subi une amputation partielle de sa jambe droite. À présent, il est officiellement reconnu comme étant atteint d’un handicap à hauteur de 80 %.

Le cas de Bruno Rodriguez illustre de manière sombre les risques liés aux infiltrations. Mais cela n’empêche pas les athlètes actuels de continuer à y recourir. C’est notamment le cas du tennismen Rafael Nadal, qui joue sous infiltration depuis des années pour calmer les douleurs provoquées par le syndrome de Muller-Weiss.

Une pratique qui soulage certes, mais dont il ne faut pas négliger les dangers. 

À SAVOIR 

En principe, seul un médecin spécialisé en rhumatologie ou en orthopédie peut pratiquer une infiltration. 

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