Dans le cadre de la Journée Nationale de l’Audition, un dépistage gratuit était organisé jeudi 10 mars à l’hôpital Lyon-Sud. Pour cette 25eme édition, les Hospices Civils de Lyon tentaient d’identifier d’éventuels troubles auditifs autant chez du personnel de santé que chez des patients volontaires. La perte de l’audition, principal trouble auditif, touche de plus en plus de personnes en raison d’un environnement bruyant. Explications avec le Pr Stéphane Tringali, chef du service ORL des Hospices Civils de Lyon.
Parmi les troubles de l’audition, qui toucheraient 10 millions de Français (source Drees), la surdité est le plus courant… et le plus connu. Mais il existe bon nombre de pathologies pouvant altérer l’audition, à l’image des acouphènes (perception de sifflement, de bourdonnement, de battement de cœur au niveau de l’oreille moyenne), du dysfonctionnement de l’oreille interne ou encore des vertiges.
Selon une étude de l’INSERM datant de 2017, 6% des 15-24 ans souffriraient de surdité. Ce problème affecterait en revanche près de 65% des plus de 65 ans.
L’audition diminue progressivement au fil des années
La diminution des capacités auditives est une chose relativement normale à un certain âge. « Nous naissons avec un capital de petites cellules qui nous permettent de bien entendre, mais l’évolution naturelle des choses va entraîner sa diminution avec le temps », explique le Pr Stéphane Tringali, chef du service ORL, chirurgie cervico-faciale et audiophonolgie des HCL. Ce capital de cellules n’est pas le même chez tous. Certaines personnes vont en effet voir apparaître des symptômes de surdité à partir de 20 ans, alors que d’autres ne sentiront qu’une légère gêne aux alentours de 70 ans. Cette « perte naturelle de l’audition » est appelée presbyacousie.
La surdité apparaît donc progressivement. Son premier symptôme se traduit par une gêne au sein d’un milieu bruyant. « Lorsque l’on est à table avec des proches et qu’il devient difficile pour nous de suivre la conversation, c’est qu’il ne faut pas hésiter à aller consulter un ORL. » Les risques d’isolement social sont en effet réels : « la surdité peut progresser et exclure celui qui en souffre de la conversation, et l’éloigner de son entourage », précise le chef de service ORL des HCL. D’où l’importance « de consulter sans tarder ».
Quels facteurs favorisent l’apparition de la surdité ?
Plusieurs facteurs favorisent le risque de surdité. « Notre environnement est de plus en plus bruyant. Il génère de mauvaises pratiques susceptibles d’entraîner une dégradation de l’audition, entre le téléphone, les oreillettes, la musique à fort niveau sonore, etc. » Cette conséquence d’une sur-industrialisation de notre société n’est pas à négliger et peut clairement inquiéter pour l’avenir.
Les sources de bruit sont multiples et parfois difficiles à éviter. Habiter ainsi à proximité d’une voie de circulation très fréquentée, d’une voie ferrée, d’une activité industrielle ou d’un site de loisirs peut également nuire à l’audition sur le long terme.
Usines, écoles, travaux publics… Certains secteurs professionnels sont également particulièrement bruyants pour ceux qui y travaillent. Et peuvent engendrer, sans protections adéquates, un risque de surdité précoce.
D’autres causes, en revanche, sont difficilement prévisibles. Les troubles de l’audition peuvent effectivement être liés à des antécédents familiaux ou encore à une infection contractée pendant la grossesse ou durant la petite enfance.
Comment prendre soin de son audition ?
L’objectif est de limiter au maximum son exposition aux atmosphères bruyantes et aux sources sonores excessives. Notamment « les concerts ou soirées en boîte de nuit », pointées du doigt par le Pr Tringali. Certaines pratiques, sans protections adaptées, peuvent s’avérer dangereuses, à l’image du tir ou de la chasse.
ÉCouter de la musique dans ses écouteurs trop fort et trop longtemps est évidemment la première des mauvaises habitudes à bannir.
Selon le Pr Tringali, « un dépistage est le meilleur moyen de prévenir les troubles auditifs. Ce dépistage permet de diagnostiquer des surdités précoces et donc de faire bénéficier un patient d’une prise en charge rapide et efficace. Prendre soin de son audition c’est aussi se faire dépister pour s’assurer que tout va bien. »
Mieux dépisté, mieux pris en charge
La nécessité du dépistage des troubles auditifs varie en fonction des risques d’exposition de chacun. « Il dépend du contexte, des antécédents familiaux, de l’ambiance de travail, de l’environnement… » précise le Pr Tringali.
Le dépistage débute généralement par un test qui détermine le besoin ou non d’une consultation ORL. Celle-ci donne lieu à « un examen des tympans, de l’oreille interne à l’aide d’une caméra et à un test auditif complet, qui repose sur le fait d’entendre des sons et de faire répéter des mots ».