Un enfant avec des lunettes, souffrant de problèmes de vue, les yeux rivés sur les écrans.
La télévision reste l’écran sur lequel les enfants passent le plus de temps au quotidien, avec environ 1h12 par jour. © Deposit Photos

Aujourd’hui, près d’un enfant sur deux pourrait développer des troubles visuels comme la myopie d’ici 2050. En cause, l’augmentation du temps passé devant les écrans, mais aussi des facteurs génétiques et environnementaux. Quels sont les signes d’alerte, comment les détecter et que faire ? Éléments de réponse avec le concours de Frédéric Bourgogne, naturopathe à Die dans la Drôme.

Les yeux d’un enfant ne sont pas seulement un outil pour voir le monde : ils sont au cœur de son développement. Ils lui permettent de jouer, de lire, d’apprendre et d’interagir. Pourtant, de nombreux troubles visuels comme la myopie, l’astigmatisme ou le strabisme restent sous-diagnostiqués. Un enfant ne sait pas toujours qu’il voit mal, et il revient aux parents de détecter ces problèmes.

Avec l’explosion des écrans et un mode de vie plus sédentaire, les troubles visuels chez les jeunes sont en constante augmentation. Mais pas de panique : une détection précoce et une prise en charge adaptée peuvent changer la donne. 

La myopie

La myopie est le trouble visuel le plus répandu chez les enfants. Elle se caractérise par une vision floue de loin. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le nombre de cas de myopie augmente rapidement, et 50 % de la population mondiale pourrait être myope d’ici 2050. En cause ? 

  • Une prédisposition génétique (si l’un des parents est myope, le risque pour l’enfant est plus important).
  • Un temps insuffisant passé à l’extérieur : la lumière naturelle joue un rôle protecteur pour les yeux.
  • L’exposition prolongée aux écrans ou une lecture prolongée sans pauses.

L’hypermétropie

Contrairement à la myopie, l’hypermétropie est un trouble qui rend floue la vision de près. Ce défaut est assez courant chez les jeunes enfants et peut parfois s’améliorer avec la croissance. Alors si votre enfant a des difficultés à lire, à écrire ou présente une fatigue visuelle avec des maux de tête relativement fréquents, il souffre peut d’hypermétropie. 

L’astigmatisme

L’astigmatisme se manifeste par une vision floue, quelle que soit la distance. Il est dû à une irrégularité de la cornée ou du cristallin. Ce trouble peut être associé à d’autres défauts comme la myopie ou l’hypermétropie.

Le strabisme

Le strabisme se traduit par un défaut d’alignement des yeux : l’un des deux yeux peut « dévier ». Ce trouble peut apparaître dès les premiers mois ou pendant l’enfance. S’il n’est pas corrigé, il peut entraîner une perte de vision sur l’œil concerné (amblyopie).

Chez les tout-petits (0-3 ans)

Chez un bébé, il est souvent difficile de détecter un problème de vision. Néanmoins, certains indices peuvent vous mettre la puce à l’oreille. 

  • Il ne suit pas les objets du regard.
  • Il louche ou a un œil qui « dévie ».
  • Il semble désintéressé par son environnement visuel.
  • Il ne réagit pas aux mouvements ou aux couleurs vives.

Si ces signes persistent, il est recommandé de consulter un pédiatre, qui pourra vous orienter vers un ophtalmologiste pédiatrique.

Chez les enfants en âge scolaire (3-10 ans)

C’est souvent à l’école que les troubles visuels deviennent plus évidents. Votre enfant peut d’ailleurs être sujet à des punitions à cause de l’incompréhension des enseignants. 

  • Votre enfant plisse les yeux pour lire le tableau ou se rapproche trop de son cahier.
  • Il évite les activités qui nécessitent une concentration visuelle, comme le dessin ou la lecture.
  • Il se plaint de maux de tête ou de fatigue visuelle.
  • Il a du mal à se concentrer en classe.

Selon une enquête de l’Observatoire de la Vue réalisée en 2024, 48 % des parents déclarent que leurs enfants présentent au moins un problème de vision, mais seulement 30 % consultent régulièrement un ophtalmologiste.

L’impact des écrans sur la vision de vos enfants

Les écrans sont souvent pointés du doigt comme l’un des facteurs aggravants des troubles visuels. Selon Santé publique France, les enfants de 3 à 6 ans passent en moyenne 2 heures par jour devant un écran, bien au-delà des recommandations. Il est prouvé que le temps passé sur les écrans, surtout pour les plus jeunes en plein développement, comporte de nombreux risques pour la santé visuelle. 

Alors, limitez l’usage des écrans à 1 heure par jour maximum pour les 3-6 ans. Privilégiez des pauses régulières, toutes les 20 minutes. Aussi, évitez les écrans à tout prix le soir, surtout avant le coucher !

En France, il est conseillé de réaliser un premier bilan visuel avant l’âge de 4 ans. Ce dépistage peut être effectué lors d’une visite médicale obligatoire ou par un ophtalmologiste et comprendre plusieurs étapes.

  • Un examen visuel général pour vérifier l’acuité visuelle.
  • Une recherche de troubles spécifiques comme le strabisme ou l’astigmatisme.
  • Une évaluation des muscles oculaires pour détecter d’éventuels déséquilibres.

Grâce à la collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes, les délais de rendez-vous ont été réduits dans certaines régions. Cependant, dans les zones rurales, il faut encore compter en moyenne 3 mois d’attente.

Pour préserver la santé visuelle des enfants, quelques gestes simples peuvent faire la différence. Encouragez-les à passer au moins deux heures par jour à l’extérieur : la lumière naturelle stimule la rétine et réduit le risque de myopie. 

Veillez également à une bonne posture lorsqu’ils lisent ou écrivent, avec un éclairage adapté. Ni trop fort, ni trop faible. Enfin, apprenez-leur à faire des pauses visuelles régulières, notamment après des activités exigeantes pour les yeux, comme les devoirs ou le dessin. 

À SAVOIR

Dans le monde, plus de 450 millions d’enfants souffrent de troubles de la vue nécessitant un traitement, et 90 millions d’entre eux vivent avec une forme de déficience visuelle.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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