Maux de tête, somnolence, fatigue au réveil, troubles de la mémoire sont les symptômes qui doivent alerter d'une possible apnée du sommeil. ©Burst

L’apnée du sommeil touche 1 à 2 millions de personnes chaque nuit, en France bien qu’un tiers des malades ignorent en être atteint. Si le confinement a changé les habitudes de sommeil de la plupart des Français, les apnéiques du sommeil n’ont pas été épargnés. Coup de loupe sur ce trouble qui fait de plus en plus de bruit avec le Dr Bertrand de la Gisclais, médecin du sommeil.

Chaque nuit, à des degrés divers, 2 à 5% de la population est victime de l’apnée du sommeil. Des milliers de cas sont diagnostiqués chaque année. Mais un tiers des personnes atteintes pourraient l’ignorer, selon les statistiques établies par la Société Française de Recherche et de Médecine du Sommeil (SFRMS). Les explications du Dr Bertrand de la Gisclais, médecin du sommeil, responsable du centre du sommeil Annecy-Argonay et membre de la Société Française de Recherche et de Médecine du sommeil (SFRMS).

Apnéique: quand le souffle manque durant la nuit

L’apnée du sommeil, un syndrome sournois

Il s’agit d’une interruption involontaire de la respiration de plus de 10 secondes pendant la nuit, dans le cadre de ronflements. «Le voile du palais qui se relâche pendant la nuit, se colle au fond de la gorge et bloque l’arrivée de l’air. Le cerveau provoque alors le réveil de la personne afin que les voies respiratoires soient dégagées », explique le Dr. Bertrand de la Giclais, médecin du sommeil responsable du centre du sommeil Annecy-Argonay et membre de la Société Française de Recherche et de Médecine du sommeil (SFRMS).

Quels en sont les niveaux de gravité?

Il existe différents niveaux de sévérité selon le nombre par heures :

  • moins de 5 apnées / heure : non pathologique
  • entre 5 et 15 apnées / heure : léger ne nécessitant une surveillance médicale
  • entre 15 et 30 apnées / heure : modéré nécessitant un traitement médical
  • plus de 30 apnées / heure : sévère nécessitant un traitement médical adapté

80% des apnéiques sont en surpoids

Quel est le profil des victimes d’apnées du sommeil ?

Ce syndrome touche le plus souvent les patients âgés de plus de 50 ans en raison de la perte de tonicité du voile du palais. La majorité des personnes atteintes sont en surcharge pondérale. Leurs anatomies sont propices aux ronflements (l’espace entre le voile du palais et la gorge étant restreint). On recense aussi 2 à 4 fois plus d’hommes touchés que les femmes avant 60 ans.

Comment s’en rendre compte ?

Sensations de fatigue dès le réveil, somnolence, maux de tête, troubles de la mémoire… Si vous êtes sujets aux ronflements, restez attentifs à ces symptômes. Plus le syndrome de l’apnée du sommeil est sévère, moins les réveils nocturnes se ressentent tant ils sont automatiques et habituels. Le malade peut facilement ne pas s’en souvenir.

« Les apnéiques ont tendance à se lever plusieurs fois pendant la nuit pour uriner. Les fonctions rénales sont moins actives durant un sommeil profond. Si celui-ci est moins présent, les reins vont moins se mettre au repos », ajoute le Dr. de la Giclais

Apnée du sommeil : problèmes cardiaques, accidents de la route…

Vivre avec l’apnée du sommeil

Les répercussions de l’apnée du sommeil sur la santé sont principalement cardiovasculaires (troubles cardiaques, hypertension, accidents vasculaires cérébraux). Le sommeil étant non-réparateur, l’organisme du patient s’affaiblit. Son système immunitaire s’amenuise le rendant également plus vulnérable aux autres pathologies.

« Les conséquences au niveau de la vie du malade sont également à prendre en compte. Le symptôme de fatigue entraîne une concentration et un dynamisme moindres dans la vie professionnelle. La somnolence possible est aussi dangereuse au volant d’une voiture », explique le Dr. de la Giclais. La SFRMS recense ainsi deux fois plus de risques d’accidents du travail. Et cinq fois plus de risques d’accidents de la circulation.

Apnée du sommeil : quels sont les traitements ?

La première thérapie est la perte de poids, afin de dégager l’espace entre le voile du palais et la gorge et faciliter la respiration.  « Pour une apnée du sommeil légère à modérée, la pratique d’une activité physique régulière peut permettre d’améliorer la tonicité des muscles et ainsi celle du voile du palais », ajoute le médecin.

On prescrit souvent le port d’une orthèse d’avancée mandibulaire aux apnéiques légers à modérés (et n’ayant pas de fragilité dentaire) L’efficacité de cette technique n’est cependant pas totale et ne peut être recommandé en cas d’apnées du sommeil sévères.

Quel recours, dès lors, existe-t-il pour les apnéiques sévères?

On propose aux patients souffrant d’apnées sévères un traitement par ventilation, grâce à un appareil électronique à pression positive continue (PPC).

Actuellement, 800 000 apnéiques disposent de ce traitement dont l’efficacité est de 100 %.  « Contrairement aux idées reçues, le PPC est insonorisé et ne fait aucun bruit », précise le Dr. de la Giclais.

Intrusifs, ces traitements mécaniques nécessitent la pose d’appareillages pendant le sommeil. Ils sont parfois mal supportés par les patients.  Une opération chirurgicale est parfois proposée aux apnéiques en cas d’amygdales de taille importante ou de cloisons nasales déviées.  Une opération plus lourde consiste en l’avancement mandibulaire (avancée du menton) afin que le voile du palais soit tiré vers l’avant.

Apnée du sommeil et confinement 

L’Alliance Apnée du sommeil et le centre de Sommeil du CHU de Grenoble ont mené une étude sur l’impact du confinement lié à la pandémie de Covid-19, sur les personnes atteintes d’apnée du sommeil. Du 27 avril au 17 mai 2020, 14 000 personnes apnéiques ont ainsi été interrogées sur leur vécu.

Les témoignages ont démontré que malgré un contexte inédit et la perte des habitudes sociales et professionnelles, presque la totalité des patients (96%) soignés par ventilation ont continuer à prendre leur traitement. Pourtant, près de 70% d’entre eux ont admis que le confinement a eu des conséquences importantes sur leurs horaires de sommeil. Le coucher et le réveil se faisait souvent plus tard qu’à l’accoutumée.

Si les thérapies ont été correctement respectées, la majorité des sondés (85%) déplorent toutefois une insuffisance d’informations et de conseils concernant une possible adaptation de leurs traitements durant cette période de crise sanitaire.

 

À SAVOIR

« Les dispositifs en vente libre de moulages en silicone à placer dans les narines, ne sont pas efficaces contre l’apnée du sommeil. Ce syndrome est à prendre au sérieux ! Dans les cas modérés à sévères, la prise en charge médicale est essentielle voire vitale pour les patients », prévient le Dr. de la Giclais, médecin du sommeil à Annecy.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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