
Acupuncture, régimes sans gluten, musicothérapie, compléments alimentaires… Près d’un enfant autiste sur deux aurait déjà recours à des médecines dites alternatives ou complémentaires. Pourtant, une vaste revue d’études internationales publiée en 2025 conclut qu’aucune de ces pratiques n’a fait la preuve de son efficacité. Alors, pourquoi séduisent-elles autant les familles ? Et surtout, que disent les chercheurs et les autorités de santé françaises ?
L’autisme, ou plus largement les troubles du spectre de l’autisme (TSA), concerne environ 700 000 personnes en France, soit près de 1 % de la population, selon l’Inserm. Ce chiffre donne la mesure d’un enjeu de santé publique considérable, pour lequel les prises en charge sont multiples, parfois lourdes, et souvent sources d’espoir comme de frustration.
Dans ce contexte, les médecines alternatives et complémentaires (MAC), acupuncture, naturopathie, homéopathie, compléments alimentaires, équithérapie, etc, apparaissent comme des solutions “douces” et “naturelles”.
Pourquoi envisager des MAC pour l’autisme ?
Un recours massif… mais rarement encadré
Selon une étude européenne publiée dans le Journal of Autism and Developmental Disorders, 47 % des familles d’enfants autistes ont utilisé au moins une médecine alternative au cours des six derniers mois. Les plus répandues sont les régimes alimentaires spécifiques, les compléments vitaminiques et minéraux, mais aussi les thérapies basées sur la musique ou la relaxation.
En France, les associations de familles confirment cette tendance : face à l’absence de traitement curatif, beaucoup de parents testent des approches parallèles, souvent en parallèle des interventions éducatives ou comportementales.
Les preuves scientifiques : un constat sévère
En septembre 2025, une revue “parapluie” (qui compile toutes les méta-analyses existantes) a été publiée dans la revue Nature Human Behaviour. Ses conclusions sont sans appel :
- aucune médecine alternative ou complémentaire n’a montré d’efficacité robuste pour améliorer les symptômes de l’autisme ;
- les études sont souvent de faible qualité méthodologique, avec de petits échantillons ;
- et surtout, la sécurité de ces pratiques reste très peu étudiée, alors que certains traitements peuvent être risqués.
Quand la quête de solutions vire au danger
Si certaines pratiques sont simplement inefficaces, d’autres sont franchement dangereuses.
- La chélation des métaux lourds, encore proposée par certains praticiens, est considérée comme une pratique à haut risque. Elle repose sur l’idée erronée que l’autisme serait lié à une intoxication aux métaux lourds. Résultat : des effets secondaires graves (insuffisance rénale, troubles cardiaques) et même un décès rapporté aux États-Unis en 2005.
- Le protocole Chronimed, une antibiothérapie de longue durée testée en France, a suscité de vives polémiques, notamment pour son caractère hors cadre légal et ses effets secondaires non contrôlés.
- Les régimes stricts (sans gluten, sans caséine) n’ont pas non plus démontré leur efficacité et peuvent générer des carences nutritionnelles, surtout chez l’enfant.
Alors, vers quoi se tourner ?
Des pistes “douces” mais encore fragiles
Certaines approches, souvent qualifiées de “douces”, attirent davantage l’attention des chercheurs :
- L’équithérapie (thérapie avec le cheval) a montré dans plusieurs études une amélioration de la communication et de la régulation émotionnelle chez certains enfants autistes. Mais les échantillons restent trop petits pour conclure.
- La musicothérapie, largement pratiquée, fait l’objet de recherches, mais la méta-analyse Cochrane conclut à des résultats encore trop hétérogènes pour en faire une recommandation officielle.
Ces pratiques pourraient compléter un suivi global, mais jamais remplacer les interventions éducatives et psychosociales, qui restent les seules validées scientifiquement.
Le cadre français : ce que dit la HAS
En France, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié plusieurs recommandations claires :
- privilégier les interventions éducatives, développementales et comportementales, comme l’ABA (Applied Behaviour Analysis) ou le programme TEACCH ;
- éviter les thérapies dites “biomédicales” (vitamines, chélation, hyperbare, etc.) en l’absence de preuves ;
- informer les familles du risque de dérive sectaire ou financière lié à certaines pratiques non reconnues
Alors, prudence face à toutes ces médecines alternatives. Car, si elles séduisent par leur “naturelle”, aucune ne s’est révélée réellement efficace pour traiter l’autisme, et certaines peuvent même mettre en danger.
À SAVOIR
Selon l’Inserm, le diagnostic d’autisme en France s’établit en moyenne à 6 ans, alors que les premiers signes peuvent être repérés dès l’âge de 18 à 24 mois.







