L'autisme se définit par la difficulté d’interactions sociales et de communication.
La prise en charge de l'autisme est d'autant plus efficace lorsqu'elle débute dès le plus jeune âge. ©Freepik

700 000 personnes en France sont concernées par les troubles du spectre de l’autisme. L’autisme se manifeste généralement pendant la petite enfance et se définit par la difficulté d’interactions sociales et de communication. Les causes de l’autisme sont inconnues, d’où la nécessité de détecter les symptômes dès le plus jeune âge. C’est ce qu’explique Sandrine Sonié, psychiatre au centre des ressources autisme Auvergne Rhône Alpes, sur le plateau de l’émission Votre Santé le mardi 28 mars 2023.

Les premiers signes d’alerte de l’autisme sont visibles dès le plus jeune âge, généralement dès l’âge de 18 mois. Si ce trouble peut générer difficultés et handicap, communication et interactions sociales peuvent progressivement s’améliorer par le biais d’accompagnements spécifiques.

Sandrine Sonié est psychiatre au centre des ressources autisme Auvergne Rhône Alpes. Lors de l’émission Votre Santé du 28 mars 2023 sur BFM TV Lyon, elle est revenue sur les différentes formes de l’autisme et, surtout, a insisté sur l’importance d’une prise en charge précoce.

Autisme: symptômes

L’autisme est-il particulièrement répandu en France ?

L’autisme concerne plus de 1% de la population. Des études récentes montrent que la tendance augmente vers les 2%, soit 700 000 personnes en France, enfants et adultes confondus. Alors oui, l’autisme concerne énormément de monde en France.

Comment reconnaît-on l’autisme ?

L’autisme regroupe un certain nombre de comportement. On les regroupe en général en deux grandes catégories. La première concerne les troubles de la communication et de l’interaction sociale. La personne va être gênée pour interagir et aller vers l’autre, avoir des intérêts restreints, une difficulté au changement, comportements et gestes répétitifs. La deuxième catégorie concerne les particularités sensorielles qui peuvent toucher tous les sens : l’hypersensibilité au bruit, attention au mouvement…

L’autisme est “un trouble qui évolue toute la vie”

Il existe plusieurs types d’autisme avec des sigles associés : TSA, TED, pouvez-vous les différencier ?

Toutes ces terminologies sont devenues complexes parce qu’elles ont évolué avec le temps. Le trouble envahissant du développement, ou TED, est l’ancienne terminologie. Actuellement, on parle de trouble du spectre de l’autisme qui traduit cette grande variabilité des troubles. Il peut y avoir des personnes non verbales avec un trouble de développement intellectuel associé, ou d’autres qui vont avoir un comportement qui paraît très adapté et pourtant avoir de grandes difficultés d’échange. C’est un trouble qui évolue tout au long de la vie et se traduit par de grandes difficultés générant parfois un handicap dans la vie de tous les jours, professionnel, social et familial.

À quel âge apparaissent ces premiers troubles ?

On a des signes d’alerte qui vont concerner l’enfant tout petit. Les premiers signes sont visibles autour de 12-18 mois. Un enfant qui n’a pas ou peu d’interaction social, n’a pas de gestes communicatifs, l’absence de mots ou une régression dans le comportement sont signes d’alerte. Ces petits signes en soit ne font pas le diagnostic mais vont alerter le professionnel. Il n’y a pas de test biologiques ou d’imagerie. On a des échelles de dépistage auquel on forme actuellement les médecins généralistes, pédiatres, afin de repérer, faire l’inventaire de ces signes et référer à un professionnel qui saura faire un diagnostic dès 18 mois ou 2 ans. Quand il y a des signes d’alerte, notamment l’inquiétude des parents, il faut référer à un professionnel spécialisé autour du diagnostic précoce.

Existe-t-il une dégradation ou amélioration des troubles ?

Avec de l’aide et interventions appropriées les personnes autistes vont évoluer dans la majorité des cas. Malheureusement il arrive qu’il y ait des troubles associés, notamment mentaux : dépressions, troubles anxieux qui viennent impacter en plus de l’autisme le fonctionnement des personnes. Mais en général celles-ci évoluent et continuent à apprendre toute leur vie. On se focalise sur les interventions précoces parce qu’on veut profiter des capacités du cerveau à apprendre pour améliorer le fonctionnement et l’adaptation. Mais même les adultes peuvent continuer à apprendre et s’améliorer. Pour une personne autiste il faut garder de l’espoir lorsque l’on a des difficultés parce que l’on peut continuer à progresser dans les interactions sociales.

“On est loin de tout savoir sur ce trouble”

Y a -t-il un caractère héréditaire ou génétique dans ces troubles psychiques ?

On ne comprend pas encore les causes de l’autisme mais on est loin de tout savoir. On a vraiment un impact fort de la génétique sur ces troubles. Génétique ne veut pas dire héréditaire. On n’a pas un modèle unique de transmission de la maladie, on sait qu’il y a des familles à risque et qu’on a plus de risques quand on a eu un enfant autiste d’avoir un deuxième enfant autiste. Mais on ne connait pas encore le modèle de transmission ni même les gènes impliqués. On a environ 200 gènes candidats qui pourraient être reliés à l’autisme mais ça ne veut pas dire que c’est héréditaire. C’est au moment où se forme le bébé, l’embryogénèse, que les mutations apparaissent.

À ce propos, une étude va être menée concernant les mamans enceintes qui ont déjà eu un enfant autiste. L’objectif est de comprendre comment se développent les enfants de manière précoce, connaître les facteurs de risque à la fois génétique et d’expositions environnementaux qui pourraient déclencher l’autisme. On va donc suivre ces bébés qui malheureusement sont à risque chez des mamans qui sont enceintes.

Y a-t-il des traitements pour limiter l’impact de ces troubles ?

On ne parle pas de traitements parce qu’on ne va pas guérir l’autisme. On parlera plutôt d’interventions qui vont permettre à la personne de fonctionner au mieux et de limiter le handicap. Limiter le handicap en lui apprenant des comportement sociaux plus adaptés et de communication. Ça vient aussi de l’environnement qui va proposer des aménagements afin de rendre les choses possibles avec l’autisme.

Où en est la recherche dans ce domaine des troubles psychiques comme l’autisme ?

La recherche explose, on a multiplié par dix le nombre de publications concernant les troubles du spectre de l’autisme. Il y a beaucoup de progrès. Ça va concerner à la fois les neurosciences, l’impact social et l’amélioration de la qualité de vie. La recherche participative avec des personnes autistes participent à l’élaboration des protocoles depuis le début et tout au long de leur réalisation.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 28 mars 2023 sur Ma Santé TV.

À SAVOIR

la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme a lieu chaque année le 2 avril. Proclamée en 2007 par l’Organisation des Nations Unies, cette journée vise à sensibiliser autour du handicap qu’est l’autisme et favoriser l’inclusion des personnes atteintes.

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