Fiabilité, effets secondaires, procédé d’administration… Alors que la campagne de vaccination française peine à démarrer, de nombreuses interrogations circulent autour du vaccin développé par Pfizer-BioNTech. Premier vaccin validé en France, il présente pourtant une efficacité particulièrement élevée, tout comme celui développé par le laboratoire américain Moderna et qui vient d’obtenir le feu vert des autorités sanitaires. De quoi rassurer la partie importante de Français réfractaires au vaccin contre le Covid-19 ? Éléments de réponse.
Depuis le début de la campagne de vaccination, le 27 décembre, c’est le vaccin anti-Covid développé par Pfizer-BioNTech qui est utilisé en France. Il s’agit du premier vaccin à avoir reçu le feu vert de l’agence européenne du médicament. Un second, celui de l’Américain Moderna, a été validé ce vendredi 8 décembre par la Haute Autorité de Santé. Il pourra également être utilisé et contribuer ainsi à accélérer la campagne de vaccination.
Pour l’instant, le vaccin n’est administré qu’aux résidents en Ehpad et soignants de plus de 50 ans, pompiers et aides à domicile de plus de 50 ans, personnes handicapées et personnels à risque des établissements spécialisés, selon le protocole de priorisation établi à l’origine. Les séniors de plus de 75 ans vivant à domicile pourront être vaccinés à compter du 18 janvier.
En plus des 500 000 doses initialement provisionnées, le même quota doit être livré chaque semaine. Un million de personnes devraient être vaccinées d’ici fin février, selon les projections du gouvernement.
Mais qu’en est-il exactement de ce vaccin voué à nous sortir enfin de cette crise sanitaire sans précédent? De nombreuses réticences entourent son déploiement, notamment en France, qui fait part d’une étonnante opposition. 54% seulement des Français seraient ouverts au vaccin, selon un sondage Ipsos de novembre 2020. En cause ? Un procédé de conception inédit, la crainte d’essais cliniques bâclés et d’éventuels effets secondaires, principalement.
Cette inquiétude est-elle légitime ? Alors que tout va très vite dans la course aux vaccins, Ma Santé répond aux principales interrogations du moment.
Le vaccin est-il vraiment efficace ?
Le vaccin Pfizer-BioNTech “COMIRNATY”, le premier à arriver sur le marché le 8 décembre, présente une efficacité de 95%, selon la phase clinique établie auprès de 43 548 volontaires. Cette efficacité subsiste à 94,7% pour les plus de 65 ans.
Deux injections sont nécessaires. Elles doivent être espacées de 21 jours pour en garantir l’efficacité maximale. Certains pays comme le Royaume-Uni ou le Danemark avaient imaginé étendre ce délai, pour vacciner plus de monde face aux stocks limités. Mais ses concepteurs ont rapidement sonné l’alerte: un décalage trop important entre l’administration des deux doses nuirait en effet à sa fiabilité.
L’agence nationale du médicament s’est pourtant positionné et autorisé un allongement du délai: “Il peut être envisagé entre 21 et 42 jours au vu des circonstances actuelles spécifiques afin d’élargir la couverture vaccinale des personnes prioritaires“.
À l’échelle générale, son impact sur la circulation du virus deviendrait significative lorsque 55% au moins de la population aura été vaccinée.
Il est en revanche trop tôt pour savoir si le vaccin devra être administré chaque année, comme c’est le cas de celui contre la grippe saisonnière.
Comment le vaccin est-il administré?
La Haute Autorité de Santé a établi la marche à suivre en vue de la vaccination. Une visite de prévaccination est nécessaire. Elle permet notamment de recueillir le consentement de la personne vaccinée. La vaccination se fait par voie intramusculaire, et non en sous-cutané. Pas de peau pincée, donc, et avec une aiguille de bonne taille. Comme indiqué précédemment, deux injections sont nécessaires, quel que soit le vaccin, Pfizer ou Moderna.
Il faut également veiller à ne pas administrer le vaccin contre le Covid en même temps qu’un autre, comme celui contre la grippe.
Y a-t-il des effets secondaires possibles au vaccin contre le Covid ?
Selon les premières observations de l’Agence Nationale du Médicament, aucun effet “grave ou inattendu” n’avait été relevé au 31 décembre, 4 jours après le début de la vaccination.
Les effets du vaccins sont courants, mais classiques et bénins : une éventuelle douleur sur le lieu de l’injection, ainsi que des rougeurs ou gonflements cutanés. Autres réactions indésirables possibles, des maux de tête et de la fatigue. Ces symptômes peuvent apparaître un à deux jours après l’administration du vaccin. Ils disparaissent généralement en quelques jours.
Aucune réaction inquiétante au vaccin n’a pour l’instant été constatée. Au Royaume-Uni, deux patients vaccinés début décembre ont présenté des réactions allergiques graves. Mais il s’agissait de personnes ayant des antécédents allergiques, un paramètre désormais soigneusement pris en compte.
La présidente du comité vaccin anti-Covid, la virologue Marie-Paul Kieny, a indiqué qu’il faudrait environ six mois pour avoir un recul nécessaire sur les effets secondaires. Ce délai sera rapidement atteint et devrait apporter son lot de réponses.
Le vaccin à ARN Messager, c’est quoi ?
Ce procédé innovant est une première. Très schématiquement, il consiste à injecter une molécule biologique capable de donner aux cellules les informations nécessaires pour combattre le virus. Les vaccins classiques, eux, fonctionnent à travers l’administration d’une version inactive ou réduite du virus dans l’organisme.
Ce nouveau vaccin est facile à produire, mais doit être conservé à de très faibles températures, ce qui rend compliquée sa conservation et sa diffusion. Autre particularité, ce vaccin doit être administré en deux doses. Une seule, en effet, est insuffisante pour déclencher une réponse immunitaire complète et efficace.
Quelle différence avec le vaccin Moderna ?
Le principal concurrent du vaccin Pfizer-BioNTech est celui développé par l’Américain Moderna Therapeutics. Le procédé utilisé est le même, celui d’un vaccin à ARN Messager. Mais sa conservation serait plus simple (-20°C au lieu de -71°C pour le ”Pfizer”), ce qui accélérerait la vaccination. Sauf que si son efficacité est quasiment similaire pour la population générale (94,1%), elle diminue clairement en ce qui concerne les personnes âgées (86,4%). C’est la raison pour laquelle l’agence européenne du médicament a tardé à lui délivrer son accessit. Finalement accordé du fait de l’urgence sanitaire.
La France en avait d’ores et déjà précommandé 6,9 millions de doses. Les premières d’entre-elles sont livrées à compter de ce lundi 8 janvier dans les zones où la circulation du virus est la plus inquiétante. C’est le cas, en Auvergne-Rhône-Alpes, de l’Allier, où le couvre-feu a été avancé à 18h.
Où en sont les autres vaccins anti-Covid ?
Le Royaume-Uni, submergé par le virus variant, a autorisé le 30 décembre l’utilisation du vaccin anglais AstraZeneca-Oxford. L’Inde et l’Argentine aussi. Mais son efficacité réelle reste à démontrer officiellement. Facile à conserver et peu coûteux, ce vaccin est toutefois le fruit d’une heureuse erreur. Durant la phase clinique, des patients n’avaient pas reçu les doses convenues mais avaient présenté de meilleures réactions au virus. Le verdict de l’agence européenne du médicament est attendu fin janvier, voire en février.
En phase 3 (la dernière), deux autres candidats-vaccins (Janssen et CureVac) sont en bonne voie. La France, là aussi, a déjà précommandé plusieurs millions de doses respectives.
Parmi les autres vaccins en course, celui du laboratoire Sanofi ne devrait en revanche pas être disponible avant la fin de l’année.
À SAVOIR
Critiquée pour la lenteur de sa campagne de vaccination, la France n’est pas le seul pays dans ce cas. Avec 2,8 millions d’Américains vaccinés, les États-Unis sont également loin de leur objectif de 20 millions avant fin 2020. Si les retards américains s’expliquent par une production insuffisante de vaccins, un excès de précautions serait à l’origine de ceux de la France, entre recueil des consentements et maintien en observation des personnes fragiles après vaccination. D’autres pays sont allés bien plus vite, à l’image d’Israël, qui a déjà administré 12,59 doses pour 100 000 habitants (contre 0,0008 doses pour 100 000 habitants en France).
Une question me taraude : on a vu à la télévision le mode d’action du vaccin covid 19 sur une cellule (Eucaryote) disant qu’il n’y a aucune interaction entre l’ARNm et l’ADN.Je reconnais que dans une cellule eucaryote il n’y a en général pas d’interaction ( et encore que l’inverse est possible dans certaines circonstances ) vu que l’ADN est situé dans le noyau. Alors je me pose la question quant aux cellules procaryotes qui n’ont pas de noyau où l’ARNm est directement en contact avec l’ADN?