Dinde, foie gras, saumons, chocolats… Les fêtes de fin d’année ont souvent rimé avec excès. Faut-il faire un régime ? Mais surtout, comment revenir à une alimentation équilibrée ? Les explications d’Anne Moreau, diététicienne et vice-présidente de l’Institut Nutrition, à Lyon, et invitée de l’émission « Votre Santé » ce jeudi 7 janvier sur BFM TV Lyon.
Chaque année, c’est la même chose. On cherche à éliminer les quelques kilos en trop, résultats de grands repas lors des fêtes de fin d’année. Doit-on faire un régime ? Y a-t-il des aliments à privilégier pour retrouver un équilibre alimentaire ?
Éléments de réponse avec Anne Moreau, diététicienne et vice-présidente de l’Institut Nutrition, à Lyon, invitée d’Elodie Poyade et Pascal Auclair dans l’émission Votre Santé (BFM Lyon).
L’équilibre alimentaire passe par les légumes !
Les fêtes de fin d’année sont terminées et, comme chaque année, il y a eu des excès. En janvier, comment fait-on pour éliminer ces kilos en trop ?
Anne Moreau : j’ai envie de rassurer tout le monde en disant que votre corps sait ce qu’il fait. Nous avons rarement envie, après un grand repas de fête, d’un steak/frites le lendemain. Naturellement, notre corps, qui a « subi » ces excès, va être attiré vers les légumes, vers une forme d’hydratation à travers des eaux pétillantes mélangées avec du bicarbonate ou avec un trait de citron. On va être attiré par ce qui nous fait du bien. C’est plutôt une bonne nouvelle. Il ne faut pas aller vers du « il faut » ou du « tu dois ». Il s’agit plutôt de bon sens.
Aller prendre l’air, aller se balader pour éliminer est aussi une bonne idée. Finalement, notre intuition va nous pousser naturellement à aller vers des aliments riches en eau et en micro-nutriments qui vont nous permettre de laver notre corps après les excès.
Pas d’excès inverses sous forme de régimes et cures détox
Êtes-vous pour ou contre les régimes et cures détox après les fêtes ?
Je vais essayer de ne pas faire une réponse suisse. Si cela correspond à ce qui semble être bon pour vous, je suis forcément pour. Néanmoins, je pense que cela peut-être violent pour le corps de passer d’un excès de gras, de sucres à subitement une diète sèche. Il faut plutôt accompagner les choses. En matière d’alimentation, les excès dans un sens comme dans l’autre ne sont pas recommandés. Je dirais donc avec parcimonie et bon sens.
Quels sont les aliments que l’on doit privilégier après ces excès pendant les fêtes?
Des fruits et des légumes essentiellement pour leurs teneurs en micro-nutriments. C’est une assiette qui est globalement plus végétale et moins animale. Dans les matières grasses, il faut plutôt privilégier les huiles de colza, les huiles d’olive par rapport à de la crème fraîche et du beurre. Dans la source de protéines, il faut plutôt s’orienter vers des protéines de type végétal comme les légumineuses (lentilles, haricots rouges, pois chiches…) par rapport à un steak, du bœuf, de la viande rouge. Pour les féculents, on va s’orienter vers des sources de féculents qui sont sous leur forme complète, c’est-à-dire le moins raffiné possible. Pendant cette période-là, comme sur toute l’année, je vous invite à manger des produits bruts, peu transformés et plus végétal.
“Plus une assiette est colorée, plus nous allons avoir des nutriments variés”
On évoque souvent la notion d’équilibre alimentaire. Comment trouver ou retrouver cet équilibre alimentaire ?
Pour moi, une alimentation équilibrée correspond à une alimentation variée. Pour être sûr que son assiette soit variée, nous pouvons nous servir du symbole des couleurs. Plus une assiette est colorée, plus nous allons avoir des nutriments variés. On peut retenir cette astuce-là. On peut manger un petit peu de tout en respectant ses sensations alimentaires, c’est-à-dire manger selon sa faim. Il y a des jours, des moments où nous avons plus ou moins envie de manger. Être connecté avec soi-même. Il faut essayer de mettre un maximum de couleurs, de variété et tout ira bien.
Y’a-t-il quelques astuces que l’on pourrait donner pour les personnes qui ne sont pas des as de la cuisine, mais qui veulent quand même manger équilibré ?
On a souvent cette croyance que cuisiner des légumes prend plus de temps que cuisiner des féculents. Moi, je consomme des féculents sous leur forme complète, par exemple des pâtes ou du riz complet. Cela prend relativement du temps. Alors qu’en réalité, faire une soupe à la cocotte-minute ne prend pas plus de temps. Il y a un petit frein psychologique qu’il faut réussir à lever. J’encourage à faire le premier pas, c’est-à-dire à acheter des légumes. Puis se dire de faire une soupe et vous allez voir que finalement ça ne prend pas beaucoup plus de temps. La motivation par l’exemple et la stratégie des petits pas.
Équilibre alimentaire : privilégier le flexitarisme
L’alimentation des Français évolue vers moins de viande, le véganisme… Peut-on se priver de certains aliments sans avoir de carences ?
Je pense que la plupart de ces modèles alimentaires sont alimentés par ce qui a du sens pour nous. C’est une façon d’exprimer ce que l’on pense être bon. Il existe à la fois des motivations d’ordre éthique, de santé et environnementale. À la croisée de tous ces chemins, nous avons plusieurs modèles alimentaires. Le modèle prégnant est celui que je recommande : les flexitariens. Il s’agit de travailler sur la fréquence de sa consommation de produits animaux mais de ne pas les éliminer totalement.
Il existe pleins de contre-exemples avec des sportifs végans qui vont très bien et qui font de superbes performances. Mais, en réalité, peut-être qu’ils sont très performants naturellement et que cela n’a rien à voir avec le fait qu’ils soient végans. Au cours de mes consultations, je récupère un certain nombre de personnes qui sont victimes de carences en fer, en vitamine B12. Ils ont supprimé toute une catégorie d’aliments sans les remplacer et sans bien rééquilibrer. Selon moi, pour ce type de régime, de convictions, il faut se faire accompagner afin d’être sûr de bien compenser les nutriments que l’on ne va plus manger à travers les produits d’origine animale notamment.
Les aliments à privilégier en ce début d’année
En ce début janvier, que faut-il avoir dans son frigo ?
Cuisiner, c’est vraiment la bonne idée. Lorsque l’on cuisine, on se reconnecte avec ce que la nature et la terre offrent. En ce moment, nous pouvons nous orienter vers les butternuts, les potimarrons, les courges, les pommes de terre, les poireaux, les choux. On peut constater que l’on revient sur ce système de couleur. Il y a des couleurs très différentes. On ne va pas trouver beaucoup de lycopène (pigment rouge antioxydantn NDLR) car il n’y a pas beaucoup de tomates en ce moment, en France. En revanche, nous allons trouver d’autres micro-nutriments dans ces légumes de saison, mais aussi avec des légumes oubliés comme le topinambour et la patate douce. Nous avons une belle variété de légumes en France que je vous invite à découvrir !
Pour voir l’émission Votre Santé du 7 janvier en replay sur BFM Lyon.
À SAVOIR
L’Institut Nutrition, situé à Lyon-Gerland, a été fondé en février 2020 sur les bases d’une association créée en 2017. Il s’agit de la fondation du groupe Restalliance, entreprise de restauration collective spécialisée dans les établissements de santé et Ehpad. La vocation de cette fondation est d’analyser les comportements alimentaires des publics âgés et fragilisés pour améliorer leur nutrition et, notamment, lutter ainsi contre le phénomène de dénutrition.