Plusieurs études récentes révèlent la nocivité plus que probable de la cigarette électronique, considérée comme moins dangereuse que la cigarette traditionnelle. À tort ? En effet, des chercheurs américains et britanniques ont distinctement démontré l’impact à long terme du vapotage sur la santé. Explications.
La cigarette électronique est aujourd’hui un objet du quotidien pour des millions de personnes à travers le monde. En France, on estime à environ 3 millions le nombre de vapoteurs réguliers.
Si elle est souvent présentée comme une solution pour réduire les risques liés au tabac, de plus en plus d’études scientifiques viennent remettre en question son innocuité. Récemment, des chercheurs britanniques et américains ont mis en évidence des effets alarmants du vapotage sur la santé.
Quels sont les dangers réels de la cigarette électronique ? Comment ces nouvelles découvertes changent-elles notre perception du vapotage ?
Le vapotage et ses impacts sur la santé
Un risque avéré pour les poumons
L’étude menée par l’Université de Manchester (Grande-Bretagne) met en lumière des effets néfastes sur les voies respiratoires. Contrairement à l’idée reçue, la vapeur inhalée par les vapoteurs n’est pas inoffensive. Elle contient des particules ultrafines et des substances chimiques capables de provoquer une inflammation chronique des poumons.
Les chercheurs ont observé une augmentation des marqueurs inflammatoires chez les vapoteurs réguliers, un phénomène similaire à ce que l’on retrouve chez les fumeurs de tabac. Parmi les composants en cause, on retrouve le diacétyle, présent dans certains arômes, qui est connu pour provoquer des maladies pulmonaires graves telles que la bronchiolite oblitérante. Cette maladie rare mais sérieuse endommage irréversiblement les bronchioles, entraînant une réduction de la capacité respiratoire.
Une menace pour le système cardiovasculaire
L’Université de Rochester, à New York (États-Unis) pointe quant à elle les effets du vapotage sur le système cardiovasculaire. Leurs conclusions, publiées dans la revue Scientific Reports, sont sans appel : l’inhalation des substances présentes dans les e-liquides entraîne une augmentation de la pression artérielle et une rigidification des artères.
Ces effets peuvent à terme favoriser l’apparition de maladies cardiovasculaires telles que l’hypertension, les infarctus ou les accidents vasculaires cérébraux. De plus, certaines études ont démontré que les nanoparticules présentes dans la vapeur de cigarette électronique pénètrent dans le système sanguin, provoquant un stress oxydatif qui endommage les cellules des vaisseaux sanguins.
Un potentiel cancérigène ?
Bien que les e-liquides ne contiennent pas les milliers de substances toxiques présentes dans la fumée de tabac, certains de leurs composants inquiètent les scientifiques. L’étude de Rochester indique que les cellules exposées à la vapeur des cigarettes électroniques subissent des dommages à l’ADN, un phénomène précurseur de mutations génétiques et, potentiellement, du cancer.
Parmi les substances pointées du doigt, on retrouve le formaldéhyde et l’acétaldéhyde, deux composés connus pour leur effet carcinogène. Ces découvertes suscitent de vives inquiétudes quant à l’utilisation prolongée de la cigarette électronique et ses conséquences à long terme sur la santé.
La perception erronée du vapotage comme alternative sûre
Un effet passerelle vers le tabac ?
De nombreuses campagnes de santé publique présentent la cigarette électronique comme un outil de réduction des risques pour les fumeurs.
Cependant, plusieurs études ont démontré que les jeunes vapoteurs sont plus enclins à se tourner vers la cigarette classique par la suite. L’addiction à la nicotine, facilitée par les arômes attractifs des e-liquides, joue un rôle crucial dans ce phénomène.
Une réglementation encore insuffisante
Malgré les risques mis en avant par la communauté scientifique, la réglementation entourant les cigarettes électroniques reste moins stricte que celle du tabac.
En France, la vente de ces produits est interdite aux mineurs, mais leur accessibilité en ligne et le manque de contrôle sur la composition des e-liquides posent encore problème.
À SAVOIR
La cigarette électronique a été inventée en 2003 par Hon Lik, un pharmacien chinois, dans le but de proposer une alternative au tabac après la mort de son père due au tabagisme. Son dispositif utilisait un système de vaporisation de nicotine par ultrasons, remplacé plus tard par une résistance chauffante. Le concept s’est rapidement répandu à l’international, notamment en Europe et aux États-Unis, devenant un outil populaire de sevrage tabagique.