Discrets, les reins sont toutefois indispensables à la vie. Si un défaut de fonctionnement évolue insidieusement, les conséquences peuvent s’avérer dramatiques. En France, la maladie rénale touche ainsi une personne sur dix parfois sans le savoir. Dépistage, personnes à risques, traitements… Le Dr Anne Jovilot, néphrologue à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon était l’invité de l’émission Votre Santé, pour donner les clés de la prévention des malades rénales.
Les maladies rénales touchent de plus en plus de personnes en France. Les symptômes étant souvent insidieux, les dépistages se font souvent trop tardivement pour de nombreux patients. En 2020, 91 875 personnes étaient en insuffisance rénale chronique terminale, en France. Quels symptômes doivent alerter ? Comment traite-t-on les pathologies des reins ? Comment éviter la dialyse, voire la greffe ? Les réponses avec le Dr Anne Jovilot, néphrologue à l’hôpital Edouard Herriot à Lyon, invitée de l’émission Votre Santé du 31 mars, sur BFM Lyon présenté par Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé.
Problèmes de reins : des symptômes silencieux
Quels symptômes doivent alerter dans le cas d’une maladie rénale ?
Il s’agit d’une maladie silencieuse. Les reins n’ayant pas de terminaison nerveuse, il n’y a donc pas de douleur qui pourrait alerter les patients. Le diagnostic se fait souvent à travers les dépistages que réalisent les médecins de manière systématique lorsqu’ils sont face à des patients à risque de maladies rénales. Cela peut également se faire au cours de dépistages par le médecin du travail à travers des analyses d’urines ou de prise de tension artérielle. Le diagnostic le plus fréquent se fait donc par hasard. Dans de rares cas, les patients peuvent avoir des signes évocateurs tels qu’une tension élevée ou des jambes gonflées. Mais cela reste marginal.
Quelles sont les personnes les plus à risque de développer une maladie rénale ?
Les plus à risques sont les personnes souffrant d’hypertension artérielle, de maladies cardiovasculaires, diabétiques ou obèses. Ainsi, une tension artérielle mal contrôlée ou un diabète dont le suivi n’est pas adaptés peuvent être des facteurs déclencheurs ou aggravants des maladies rénales.
Les maladies rénales ont-elles un caractère héréditaire ?
Il existe quelques maladies rénales d’origine génétique mais celles-ci sont bien identifiées. D’une manière générale, les pathologies des reins ne sont pas héréditaires.
À partir de quel âge faut-il se faire dépister quand on est une personne à risque ?
Les maladies rénales touchent à la fois les hommes et les femmes, de toutes les tranches d’âge. Les facteurs de risques tels que l’hypertension ou le diabète concernent toutefois majoritairement les personnes âgées de plus de 50 ans. En général, les médecins généralistes surveillent donc leurs patients à ce moment-là. La surveillance se fait une fois par an à travers une prise de sang. L’objectif est de mesurer le taux de créatinine. C’est le marqueur de la fonction des reins. Elle peut également se faire par une bandelette ou une analyse urinaire de l’absence d’albumine.
Traitements : “le but est de protéger le capital rénal sain”
Comment traite-t-on une maladie rénale dépistée suffisamment précocement ?
Il existe toute une néfroprotection dont le but est de protéger le capital rénal sain. Cela va passer par le traitement de la tension artérielle pour qu’elle soit en dessous de 13 sur 8. Mais aussi par le fait d’équilibrer le diabète et de mettre en place un régime maîtrisé d’apport en sel. Cela va également passer par le fait de pratiquer une activité physique régulière. Il sera aussi important d’éviter le tabac ainsi que les médicaments toxiques pour les reins tels que les anti-inflammatoires.
Quelle quantité d’eau boire par jour pour retarder les maladies rénales ?
Il est conseillé de boire 1 litre et demi d’eau par jour tout compris. C’est-à-dire en comptant le café, le thé et autres boissons de la journée. Il faut toutefois éviter les eaux riches en sel, telles que la Badoit, Vichy etc. Celles que l’on peut conseiller sont le Perrier et San Pelegrino.
Quelles sont les conséquences d’un dépistage tardif ?
Le risque principal est d’arriver à une insuffisance rénale, c’est à dire des fonctions des reins. Si cette insuffisance évolue, le risque ultime est d’arriver à la nécessité d’une suppléance rénale telle qu’une dialyse ou une greffe.
À SAVOIR
Toutes les 30 minutes, les reins filtrent l’intégralité du sang présent dans l’organisme en le débarrassant des « déchets » à éliminer. Ils permettent également de réguler la pression artérielle ainsi que la production de globules rouges dans l’organisme.