Cette année, la campagne de vaccination contre la grippe a démarré plus tôt que d’ordinaire et affiche déjà une distribution record de doses. Une stratégie assumée, après une saison passée particulièrement meurtrière, pour mieux protéger la population avant le pic hivernal.
L’hiver 2024-2025 a laissé des traces. Selon Santé publique France, l’épidémie de grippe a provoqué environ 17 600 décès toutes causes confondues en excès, contre une moyenne de l’ordre de 10 000 les années « normales ». Par ailleurs, on recense près de 30 000 hospitalisations après passage aux urgences pour grippe ou syndrome grippal. Il ne s’agissait pas d’une grippe « anodine ».
Le vent s’est donc levé pour que la vaccination antigrippale soit plus visible, plus accessible, et (espérons-le) plus efficace. Cette année, la campagne est officiellement ouverte depuis le 9 septembre 2025 à Mayotte et à partir du 14 octobre 2025 en métropole, aux Antilles et Guyane.
Et dès les premiers jours, la délivrance des doses a bondi. Selon les données de GERS Data, plus de 2,1 millions de doses ont été délivrées, soit une hausse de +36 % par rapport à la même période en 2024. Aussi, près de 19 millions de bons de prise en charge ont été envoyés et 14 millions de doses sécurisées pour cette campagne.
Vaccination contre la grippe : pourquoi ce renforcement ?
Mieux protéger contre les formes graves : l’enjeu majeur
Contrairement à l’image un peu banale qu’on lui associe parfois, la grippe n’est pas seulement une « grosse crève » qui cloue au lit quelques jours. Pour les personnes fragiles, elle peut provoquer des complications sévères :
- pneumonies,
- décompensations cardiaques,
- aggravation du diabète…
Selon Vaccination Info Service (Santé publique France), la vaccination antigrippale permettrait de prévenir environ 2 000 décès chaque année chez les personnes de 65 ans et plus.
Cette population, d’ailleurs, a payé un lourd tribut l’hiver dernier. La grippe a été particulièrement agressive chez les seniors, entraînant une hausse notable des hospitalisations et une surmortalité hivernale marquée.
Grippe : rattraper une couverture vaccinale encore trop basse
La couverture vaccinale reste insuffisante. Lors de la précédente saison, seulement 53,7 % des personnes de 65 ans et plus se sont fait vacciner, d’après les données de l’Assurance maladie. On pourrait croire que c’est correct… jusqu’à se rappeler que ce sont justement les seniors qui risquent le plus les complications.
Quant aux adultes de moins de 65 ans présentant des facteurs de risque, ils n’étaient qu’environ 25 % à avoir franchi le pas, selon l’Association Santé Respiratoire France.
Alors, la France entre chaque hiver avec une part importante de population fragile encore exposée. Et plus la grippe circule dans ces groupes, plus les hôpitaux sont mis sous tension, ce que l’on a clairement observé l’hiver dernier.
D’où la stratégie 2025-2026 : élargir, encourager, rappeler, et vacciner plus tôt, pour gagner du terrain avant l’arrivée du pic épidémique. Les autorités espèrent ainsi faire grimper ces taux qui, depuis plusieurs années, stagnent à un niveau trop bas pour constituer un rempart collectif efficace.
Des vaccins mieux ciblés, adaptés à chaque profil
La campagne actuelle bénéficie aussi d’un panel vaccinal plus varié et mieux pensé qu’il y a quelques années. Pour 2025-2026, pas moins de cinq vaccins antigrippaux sont disponibles en France :
- Vaxigrip®,
- Influvac®,
- Flucelvax®,
- Efluelda®,
- Fluad®.
Tous les vaccins ne se valent pas pour tous les publics. Le système immunitaire des personnes âgées, par exemple, réagit parfois moins bien aux vaccins classiques. C’est pourquoi les autorités sanitaires recommandent pour les 65 ans et plus des formulations “hautement dosées” ou “adjuvantées” comme Efluelda® ou Fluad®, qui renforcent la réponse immunitaire.
Cette recommandation, confirmée par l’Association Santé Respiratoire France, vise à garantir une meilleure protection là où elle est la plus nécessaire.
Épidémie de grippe : en quoi cette vaccination protège-t-elle ?
Le rôle de la vaccination antigrippale se décline en plusieurs bénéfices fondamentaux :
- Réduction du risque d’infection grave : même si le vaccin ne garantit pas à 100 % de ne pas attraper la grippe (efficacité variable selon les souches), il diminue significativement les complications, hospitalisations, et décès.
- Effet protecteur collectif : en vaccinant une large part de la population, on limite la circulation virale, ce qui protège aussi les personnes fragiles qui n’auraient pas une bonne réponse vaccinale.
- Accessibilité améliorée : la prise en charge à 100 % pour les personnes à risque (personnes âgées, comorbidités…) est confirmée.
- Cohabitation avec d’autres vaccins : cette année, on rappelle que la vaccination grippe peut être faite le même jour que celle contre la COVID‑19.
- Temps d’efficacité : il faut compter environ deux semaines après l’injection pour que l’immunité se mette en place. Vacciner tôt, c’est donc s’assurer d’être protégé avant le pic épidémique.
En bref, ce n’est pas simplement « pour ne pas avoir la grippe », c’est pour ne pas tomber grèvement malade et pour protéger les autres.
Campagne de vaccination : un regard vers l’avenir
La dynamique observée en ce début de campagne a de quoi donner le sourire aux autorités sanitaires, mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le véritable test sera de voir si cette avalanche de doses délivrées se traduit, dans les semaines qui viennent, par une vaccination massive et réellement protectrice. Car seule une forte couverture permettra d’éviter un nouvel hiver saturé en formes graves.
Reste aussi l’éternelle variable d’ajustement : le virus lui-même. Chaque année, il change légèrement de visage, et l’efficacité du vaccin dépend toujours de ce jeu d’anticipation entre les souches sélectionnées et celles qui finiront par circuler. C’est l’incertitude la plus scrutée par les épidémiologistes.
Et puis il y a ce dernier défi, plus subtil mais tout aussi crucial : l’adhésion du public. Les chiffres ne suffisent pas si la population ne voit pas dans la vaccination un acte de prévention essentiel, au-delà de la simple protection individuelle.
À SAVOIR
Le vaccin contre la grippe est pris en charge à 100 % uniquement pour les personnes à risque : les 65 ans et plus, les personnes atteintes de maladies chroniques, les femmes enceintes et les personnes souffrant d’obésité sévère (IMC ≥ 40). Pour ces publics, un bon de prise en charge est envoyé automatiquement par l’Assurance Maladie.








