Avoir un bébé après quarante ans, est-ce vraiment risqué ? Les grossesses tardives se multiplient, dopées par l’évolution des modes de vie et les progrès de la PMA, Procréation Médicalement Assistée. Avec à la clé une foule de questions. Réponses à vos questions avec Pierre-Antoine Migeon, sage-femme échographiste à Lyon.
La fameuse “grossesse sur le tard” interpelle, lorsqu’une femme tombe enceinte à une période de sa vie durant laquelle sa fécondité a fortement chuté, surtout s’il s’agit d’une première grossesse. La fréquence des cas de grossesse tardive est en hausse constante, grâce entre autres aux progrès de la procréation médicalement assistée (PMA), mais aussi à nos nouveaux modes de vie. Les doutes quant aux risques potentiels, pour la mère comme pour l’enfant, subsistent pourtant. Eléments de réponse.
Grossesse tardive, faut-il consulter avant de mettre en route un bébé ?
Oui. C’est en effet fortement conseillé à titre préventif, pour faire le point sur son état de santé et faire la chasse aux facteurs de risque, tels que le diabète ou encore à l’hypertension.
Est-il plus difficile d’être enceinte après 40 ans ?
La fécondité diminuant au fil des années, l’ovulation, très souvent, ne se fait plus ou se fait mal. La probabilité de conception chez une femme, qui est de 25% par cycle à 25 ans, se réduit à 12 % à 35 ans et tombe à 6 % à 40 ans.
Faut-il prévoir une surveillance différente ?
La majorité des grossesses tardives se déroulent tout à fait classiquement lorsqu’elles sont bien suivies. Le premier trimestre reste un cap important à passer en raison des fausses couches spontanées : 20% après 40 ans contre environ 10% à 25 ans.
Le risque de trisomie est-il plus élevé ?
Le risque plus connu, mais pas le plus fréquent, est de mettre au monde un bébé atteint de trisomie 21 : 1 sur 100 à 40 ans (contre 1 sur 2000 à 25 ans). L’amniocentèse, au résultat fiable à 100 %, n’est plus obligatoire du fait des risques de fausse couche. Combiné à l’âge, la mesure de la clarté nucale et des marqueurs sériques conditionneront sa prescription après l’échographie du premier trimestre.
La Haute Autorité de Santé préconise de réaliser le test ADN aux femmes dont le niveau de risque estimé est compris entre 1 sur 1 000 et 1 sur 51 après avoir effectué la prise de sang et l’échographie du premier trimestre de grossesse. En revanche, elle maintient sa recommandation de proposer d’emblée aux femmes dont le risque est supérieur ou égal à 1 sur 50, “la réalisation d’un caryotype fœtal, mais en intégrant la possibilité pour celles qui souhaiteraient de réaliser dans un premier temps un test ADN”.
Quels sont les autres risques les plus fréquents ?
Le diabète gestationnel, avec un bébé qui grandit et grossit trop. Un régime alimentaire excluant les sucres rapides est alors prescrit, sous contrôles réguliers. L’hypertension peut aussi entraîner une pré-éclampsie, caractérisée par la présence d’albumine dans les urines et d’œdème. Ces pathologies peuvent conduire à un accouchement prématuré.
Comment faire accepter sa grossesse ?
La fratrie s’agrandit alors que les aînés ne s’y attendent pas forcément. L’entourage s’inquiète, les amis ont leur avis sur la question, la famille se divise et les préjugés peuvent vous mener la vie dure au quotidien… Heureusement, les temps changent et le plus important concerne votre décision et le bien-être du bébé.
Quels sont les avantages d’une grossesse tardive ?
Après 40 ans, on est plus mûr, réfléchi, on sait ce qu’on veut : la sagesse et l’autodérision permettent de mieux gérer sa grossesse et ses épreuves. On peut même considérer qu’être enceinte après 35 ans présente un privilège esthétique : moins de vergetures, voire pas du tout grâce à une peau plus mature !
Faut-il particulièrement se ménager?
Oui. La fatigue est le ‘’privilège de l’âge’’. Il est essentiel après 40 ans de bien s’écouter et de se reposer. Les futures mères prennent souvent cela du bon côté, elles sont fréquemment plus motivées et plus sages, surtout pour affronter les réactions de leur entourage.
A SAVOIR
Le dépistage prénatal non invasif consiste à une simple prise de sang pendant la grossesse et permet de dépister la trisomie 21 dans l’ADN du bébé. Cette pratique non invasive et efficace à plus de 99% sera désormais remboursée par l’Assurance maladie selon un arrêté paru au Journal officiel du 27 décembre 2018. Le DPNI coûte 390 euros (contre 1 000 à 1 300 euros pour une amniocentèse), et n’était jusqu’alors pas remboursé par l’Assurance maladie. Le risque pour le foetus d’être porteur de l’anomalie chromosomique est toujours calculé lors du premier trimestre en fonction des résultats de plusieurs examens : la mesure de l’épaisseur de la clarté nucale, le dosage des marqueurs sériques (protéines du sang), l’âge de la femme enceinte.