Les règles sont un phénomène naturel normal qui survient chez une adolescente dès la puberté. Chaque cycle menstruel prépare le corps à une éventuelle grossesse. Un épisode qui se solde par une perte de sang s’il n’y a pas eu d’ovulation. Ce rendez-vous mensuel qui accompagne chaque femme jusqu’à la ménopause n’est pourtant pas dénué de mystères. Un cycle doit-il forcément être de 28 jours ? Existe-t-il un moyen de ne pas avoir ses règles tous les mois ? Le point avec Morgan Stockman, sage-femme à Lyon.
Dès l’apparition des premières règles, une adolescente est touchée par la question de prendre ou non un moyen de contraception. La France est l’un des pays où les femmes ont le plus recours à la pilule. Et ce, malgré la polémique autour des pilules de 3ème et 4ème générations. La pilule a-t-elle des effets positifs et/ou indésirables sur la santé ? Est-il possible de contrôler son cycle menstruel de manière naturelle ? Le point en 10 questions incontournables avec Morgan Stockman, sage-femme à Lyon.
Un cycle menstruel doit-il être de 28 jours ?
Non. Les cycles de 28 jours sont des cycles artificiels sous pilule contraceptive. Si une femme choisit de ne prendre aucun moyen contraceptif, il n’est pas dicté par la nature que ses cycles seront de 28 jours. Il peut y avoir des extrêmes mais la norme se situe entre 21 et 45 jours.
À l’époque, les femmes avaient d’ailleurs moins de menstruations qu’aujourd’hui. Une alimentation de qualité et une bonne santé permettent d’avoir des cycles corrects. Une femme souffrant d’amaigrissement ou pratiquant une activité sportive de manière intense peut voir ses cycles s’arrêter.
Est-on obligé d’avoir ses règles tous les mois ?
Non. Deux techniques permettent de stopper le cycle menstruel.
- Il est possible d’enchaîner les plaquettes de pilule oestroprogestative en supprimant l’arrêt de 7 jours entre deux plaquettes.
- Les contraceptions progestatives en continu telles que l’implant contraceptif, la pilule progestative ou le dispositif intra-utérin (anciennement appelé stérilet) permettent d’arrêter complètement les cycles.
La pilule a-t-elle des effets indésirables ?
Oui. La progestérone peut agir sur différents facteurs. Parmi les plus courants, certaines femmes peuvent constater une pilosité plus présente, une sécheresse vaginale et/ou l’apparition de troubles dépressifs. Il peut également y avoir une baisse de libido.
La pilule augmente la progestérone afin de mimer ce qui se passerait en cas de grossesse pour dire stop à l’ovulation. Elle trompe le cycle menstruel. Si on suit un cycle menstruel classique (sans prise de moyen contraceptif), on constate dans la plupart des cas un pic de libido un peu avant et après les règles et surtout au moment de l’ovulation. C’est à ce moment qu’il y a une possibilité de fécondation et donc de grossesse.
La pilule peut-elle avoir un effet positif sur la peau ?
Oui. L’œstrogène peut améliorer la qualité de la peau. Certaines pilules peuvent avoir un effet positif sur l’acné.
Existe-t-il un moyen naturel de contrôler son cycle ?
Oui. Il existe une méthode naturelle appelée « symptothermie » qui permet de reconnaître la période d’ovulation. En premier lieu, il y a le calcul des cycles. Puis l’étude des glaires au niveau du col (pertes vaginales). En effet, ces dernières sont plus filantes au 14ème jour du cycle afin de laisser passer les spermatozoïdes. En dehors de la phase d’ovulation, la voie se referme et les glaires cervicales deviennent plus collantes pour former une barrière.
La consistance de ces pertes va donc indiquer aux femmes le moment où elles sont fertiles. En outre, en deuxième partie de cycle on constate une élévation de la température corporelle. Il faudra prendre sa température chaque matin à la même heure pour identifier les jours les plus féconds. L’écart peut être d’un degré. Moins évident, des petites douleurs abdominales et des légères pertes de sang peuvent signaler l’ovulation.
Est-il normal d’avoir des règles douloureuses ?
Non. Si les douleurs sont insupportables et ne se calment pas sous anti-inflammatoires, il y a un risque d’endométriose.
Ces douleurs peuvent également être présentes à la digestion, à l’émission de selles ou lors d’un rapport sexuel (dyspareunie). La prévalence de l’endométriose est évaluée en moyenne à 10 % de la population féminine en âge de procréer.
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Est-ce que les règles sont des pertes de sang ?
Non. C’est un mélange de sang et de tissus qui proviennent de l’endomètre. Ces tissus s’épaississent pendant le cycle menstruel puis s’évacuent par le vagin. La consistance des règles va ainsi varier d’une femme à une autre. Chez certaines elles vont être plus fluides, chez d’autres plus consistantes. De manière générale, les règles sont souvent plus fluides au début puis plus consistantes et enfin plus fluides, voire noires à la fin.
Est-il dangereux de mettre des tampons et des serviettes ?
Non. Concernant les tampons, il faudra bien les changer régulièrement. Il est important de suivre les indications sur la boîte. En effet, la concentration de sang et de bactéries peut provoquer un syndrome de choc toxique qui peut être mortel (environ 20 cas/an en France). Il en est de même pour la cup menstruelle (coupe en silicone introduit dans la vagin pour recueillir le sang en période de règles).
Les serviettes hygiéniques avec des parfums de synthèse sont à éviter. En effet, elles peuvent créer des réponses allergiques au niveau de la vulve. Le mieux est de choisir une serviette neutre (sans parfum) ou de privilégier une culotte menstruelle.
Est-il normal d’avoir des douleurs à la pénétration ?
Parfois oui. Certaines femmes peuvent ressentir des douleurs à la pénétration à certains moments du cycle et pas à d’autres. Un examen clinique permettra de déterminer la cause.
A-t-on ses règles toute sa vie ?
Non. Une fille part avec un stock folliculaire dès sa naissance. Ce dernier va s’amenuiser petit à petit. Contrairement à un homme qui reste fertile tout au long de sa vie.
Pour en savoir plus, lisez notre guide anti-tabou sur les règles !
À SAVOIR
La pilule a été légalisée en 1967 par la loi Neuwirth. Elle est remboursée par la Sécurité sociale depuis 1974.