L'application d'un tampon peut favoriser la prolifération de toxines dans le vagin © Freepik

Face à la recrudescence des cas de choc toxique lié aux règles, les Hospices Civils de Lyon lancent une collecte nationale de tampons. Objectif: mieux comprendre une maladie grave, parfois mortelle, mais encore mal connue.

A Lyon, le Centre National de Références des Staphylocoques des Hospices Civils vient de lancer une campagne d’information et une collecte nationale pour faire avancer la recherche sur le choc toxique lié aux règles. “Il s’agit d’un syndrome aigu, potentiellement mortel, qui peut toucher certaines femmes utilisant des dispositifs vaginaux pendant leurs règles“, explique le professeur Gérard Lina, à la tête du laboratoire de bactériologie et des mycobactéries au CH Lyon-Sud.
En d’autres termes, le syndrome du choc toxique (SCT) est une maladie aiguë grave pouvant survenir au cours des règles lors de l’utilisation de dispositifs vaginaux (tampons, coupes menstruelles) chez des patientes souvent jeunes (entre 13 et 36 ans avec un pic vers 17-18 ans), en bonne santé et développant des toxines liées au staphylocoque doré. Chez les rares personnes qui n’ont pas développé de défenses immunitaires contre cette toxine, un choc toxique peut se produire et engendrer de sérieuses complications puisque dans 80% des cas, les patientes terminent en soins intensifs.

Changer de tampon fréquemment

Choc toxique lié aux règles: une augmentation inquiétante
La hausse inquiétante des SCT depuis quinze ans ©HCL

Parmi les séquelles, des défaillances d’organes, des dysfonctionnements des reins et du foie, mais aussi parfois des amputations de doigts de la main ou du pied. Il y a quelques années, un jeune mannequin californien avait même fait l’actualité après avoir été amputé d’une jambe, à la suite d’un SCT.
La toxine n’est pas présente dans le tampon“, insiste le professeur Lina. “Lors des règles, le fluide menstruel va être au contact du staphylocoque dans le vagin. Si la jeune femme a mis un tampon, le fluide va rester bloqué et les règles vont devenir un milieu de culture pour les bactéries. Plus la protection périodique est portée longtemps, plus le risque de développement du staphylocoque augmente“.
Par ailleurs, le praticien lyonnais s’interroge sur la composition chimique de certains tampons, susceptible de déclencher le mécanisme du choc toxique. “Si vous stressez les bactéries avec des agents anti-infectieux, il est probable que cela puisse entraîner la naissance de toxines. Une étude effectuée dans les années 80 montre d’ailleurs bien que la composition du produit peut avoir un impact“, note le professeur, précisant que la composition mais aussi la structure du tampon sont sujets à interrogations.

Comprendre l’origine du choc toxique

Alors qu’il avait disparu en France, le choc toxique lié aux règles a fait sa réapparition depuis la fin du XXe siècle et l’augmentation du nombre de cas (5 cas en 2004, 22 cas en 2014, 17 cas en 2016) inquiète la communauté scientifique qui tente aujourd’hui de mieux comprendre le mécanisme du SCT. Dans cette optique, le CNRS a donc lancé une importante collecte de tampons hygiéniques à destination de toutes les femmes en âge d’avoir leurs règles. Pour participer à la collecte, ces dernières peuvent recevoir un kit de prélèvement en adressant à Gérard Lina (gerard.lina@univ-lyon1.fr). Un appel qui a été entendu puisqu’en l’espace de quelques heures, plus de 2500 volontaires ont déjà annoncé leur souhait de participer à cette étude scientifique de grande ampleur.

A SAVOIR

Plusieurs symptômes doivent alerter les femmes porteuses d’un tampon durant la période des règles: fièvre soudaine (38,9 degrés ou plus), vomissements, sensation de malaise avec céphalée, diarrhée, éruption cutanée sur tout le corps ressemblant à un gros coup de soleil. Si ces symptômes apparaissent, il faut enlever le dispositif vaginal et consulter en urgence votre médecin. Dans tous les cas, il est recommandé de bien se laver les mains avant l’application de la protection périodique et de ne pas porter un tampon plus de quatre heures.

 

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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