
Chaque jour, des milliers de Français vivent dans l’angoisse d’une envie pressante. Face aux tabous, l’Association Française d’Urologie (AFU) brise le silence sur un mal invisible mais dévastateur : l’hyperactivité vésicale. On vous explique.
C’est une pathologie qui ne fait pas de bruit. Et pourtant, elle explose les chiffres. En France, 15 % de la population, soit environ 10 millions de personnes, souffrent d’hyperactivité vésicale. Hommes, femmes, jeunes actifs ou retraités : personne n’est à l’abri de cette urgence permanente, souvent imprévisible, à uriner.
« Une vessie hyperactive, c’est aussi fréquent que la migraine, mais plus handicapant que le diabète », affirme sans détour le Pr Véronique Phé, urologue à l’hôpital Tenon (AP-HP) et vice-présidente de l’AFU. Et pourtant, cette affection reste largement méconnue, tue par ceux qui en souffrent, tant elle touche à l’intime.
Une gêne quotidienne qui isole
Les symptômes sont sans appel : urgences impérieuses (urgenturie), mictions répétées de jour comme de nuit (pollakiurie), fuites urinaires. Leur impact est profond, souvent sous-estimé : anxiété, repli social, troubles du sommeil, altération de l’estime de soi. Une souffrance invisible, mais bien réelle.
Lors de la Semaine de la Continence 2025, en mars, les urologues ont choisi de mettre l’accent sur l’hyperactivité vésicale. Leur message est clair : “Envies urgentes ? Envies fréquentes ? Ne laissez plus votre vessie diriger votre journée. Parlez-en à votre médecin.”
Des traitements adaptés, pour chaque cas
Comme le rappelle le Pr Phé, “nous disposons aujourd’hui d’un éventail complet de traitements efficaces”. Tout commence par une bonne hygiène de vie : limiter les boissons irritantes comme le café ou le thé, réduire la consommation d’eau le soir, alléger les repas riches en eau. Une perte de poids peut également faire la différence.
Vient ensuite la rééducation périnéale, pierre angulaire du traitement, souvent menée avec un kinésithérapeute spécialisé. Objectif : réapprendre à contrôler sa vessie, à différer les besoins pressants.
Puis, selon les cas :
- Des médicaments, comme les anticholinergiques (efficaces mais aux effets secondaires possibles) ou les bêta-3 agonistes (moins d’effets indésirables mais non remboursés) ;
- La neuromodulation tibiale, technique simple et non invasive par électrostimulation à la cheville, efficace dans 70 % des cas et remboursée ;
- Le “pacemaker vésical”, ou neuromodulation sacrée, réservé aux cas les plus sévères : un dispositif implanté qui rétablit la communication entre cerveau et vessie. Une solution innovante, réversible, et prise en charge par la Sécurité sociale.
Une pathologie universelle et pourtant taboue
L’incontinence urinaire dans son ensemble, qu’elle soit d’effort, par urgenturie ou mixte, concerne un Français sur quatre. Un tiers des femmes de plus de 70 ans et près de 8 % des hommes de plus de 65 ans sont touchés, selon les données de Santé publique France.
Et pourtant, le silence domine. Honte, gêne, tabou : trop peu de patients consultent, alors que des solutions existent. C’est toute l’ambition de cette semaine de sensibilisation portée par l’AFU, qui réunit plus de 1 300 urologues en France.
Alors, un mot d’ordre : parler. Car oui, il est possible de reprendre le contrôle de sa vie… et de sa vessie.
À SAVOIR
Si elle est surtout connue chez l’adulte, cette pathologie touche également certains enfants, notamment ceux qui présentent une énurésie (pipi au lit) ou des troubles de la miction en journée.







