femme souffrant d'orthorexie et qui n'a pas une alimentation variée donc elle souffre de carences
Entre 30 et 50 % des sportifs et adeptes du fitness montrent des comportements orthorexiques. © Freepik

Manger sainement est une priorité pour beaucoup, mais peut-on aller trop loin ? L’orthorexie est une obsession maladive pour la qualité des aliments, qui pousse certaines personnes à adopter des régimes de plus en plus stricts, au détriment de leur équilibre physique et psychologique. Zoom sur ce trouble préoccupant.

Manger sainement est une démarche encouragée par les recommandations nutritionnelles et perçue comme bénéfique pour la santé. Pourtant, lorsque cette quête du « bien manger » devient une obsession, elle peut avoir des conséquences néfastes sur le corps et l’esprit.

À l’ère des réseaux sociaux et des influenceurs prônant des régimes toujours plus stricts, la frontière entre équilibre et excès devient floue.

À quel moment la volonté de bien se nourrir bascule-t-elle dans l’extrême ? L’orthorexie, trouble alimentaire encore méconnu, transforme la recherche d’une alimentation saine en une véritable prison mentale, mettant en péril la santé physique et le bien-être psychologique.

De l’équilibre à l’excès : comprendre l’orthorexie

L’orthorexie est une obsession pathologique pour une alimentation saine et pure. Ce terme vient du grec ortho (correct) et orexis (appétit). Contrairement à l’anorexie, qui se concentre sur la quantité de nourriture, l’orthorexie cible la qualité des aliments. L’orthorexique élimine tout ce qu’il juge malsain.

Ce trouble commence souvent par une simple volonté de mieux manger. Il évolue vers des règles alimentaires de plus en plus strictes. De plus, la personne orthorexique consacre beaucoup de temps à sélectionner ses aliments. Par conséquent, elle évite les repas sociaux et ressent une forte culpabilité en cas d’écart.

Une obsession encouragée par la société

L’orthorexie s’inscrit dans un contexte où l’alimentation est omniprésente et source d’injonctions contradictoires.

  • L’influence des médias et des personnalités publiques : les tendances comme le clean eating, le véganisme strict ou les régimes sans gluten gagnent du terrain, souvent amplifiées par les influenceurs et les médias. L’idée qu’une alimentation parfaite permettrait d’éviter toutes les maladies pousse certaines personnes à des restrictions excessives.
  • Les réseaux sociaux exacerbent ce phénomène : on y trouve une glorification des aliments « purs » et une diabolisation de certains produits, créant un climat anxiogène où manger devient source de stress plutôt que de plaisir.
  • Le besoin de contrôle et de perfection : les personnes anxieuses et perfectionnistes sont particulièrement vulnérables. L’alimentation devient pour elles un moyen de maîtrise et de réassurance. Elles s’imposent des règles strictes pour éviter les incertitudes et finissent par vivre dans la peur constante de mal se nourrir.

Qui est concerné ? Les profils les plus à risque

L’orthorexie peut toucher tout le monde, mais certaines catégories sont plus exposées :

  • Les sportifs et adeptes du fitness : soucieux d’optimiser leurs performances, ils peuvent développer une approche extrême de la nutrition.
  • Les professionnels de la santé et de la nutrition : leur expertise sur les aliments peut les mener à adopter une vision trop stricte.
  • Les adeptes de régimes restrictifs : les végétariens, végétaliens ou adeptes du sans-gluten risquent d’exclure trop d’aliments et de basculer dans l’obsession.
  • Les personnes ayant un passé de troubles alimentaires : certaines réorientent leur obsession de la quantité vers la qualité des aliments.
  • Les consommateurs intensifs de contenus nutritionnels : face à des messages alarmistes et culpabilisants, ils développent une peur irrationnelle de certains aliments.

Ces facteurs combinés favorisent l’émergence de comportements orthorexiques, parfois difficiles à détecter avant qu’ils n’affectent la santé physique et mentale.

Carences, fatigue et dénutrition : quand le corps dit stop

Paradoxalement, cette quête de l’alimentation parfaite peut entraîner des carences nutritionnelles sévères :

L’enfermement mental : anxiété, isolement et perte de plaisir alimentaire

L’orthorexie est une source d’anxiété permanente. La peur de manger un aliment « mauvais » génère une forte culpabilité et un stress quotidien, pouvant conduire à :

Vie sociale et travail : quand tout tourne autour de l’alimentation

Les relations sociales et professionnelles peuvent se détériorer, car la personne orthorexique consacre une grande partie de son temps à la planification de ses repas et à la recherche d’aliments « parfaits ». Cela peut provoquer :

Reconnaître les signes

Quelques signes peuvent alerter sur la présence d’une orthorexie :

  • Une fixation excessive sur la composition des repas, avec un temps anormalement long consacré à la planification.
  • Une angoisse disproportionnée face aux écarts alimentaires.
  • Un repli social lié aux habitudes alimentaires restrictives.
  • Un sentiment de supériorité par rapport à ceux qui ne suivent pas le même mode alimentaire.

Retrouver le plaisir de manger sans culpabilité

Pour éviter de tomber dans l’extrême, il est essentiel de :

Les solutions pour se libérer

La prise en charge repose sur plusieurs approches :

L’orthorexie est un trouble insidieux qui peut, sous couvert de bonnes intentions, mener à des déséquilibres physiques, psychologiques et sociaux. Dans une société qui glorifie l’alimentation « parfaite », il est essentiel de préserver un rapport apaisé à la nourriture.

Manger sainement ne signifie pas s’imposer des restrictions extrêmes. L’essentiel est de trouver un équilibre, où la santé ne se mesure pas uniquement à ce que l’on met dans son assiette, mais aussi au plaisir et à la liberté que l’on garde face à l’alimentation.

À SAVOIR

Les personnes souffrant d’orthorexie passent en moyenne plus de 3 heures par jour à penser à leur alimentation, planifier leurs repas et vérifier la qualité des aliments consommés.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentComment la grossesse façonne les préférences alimentaires de votre bébé ?
Article suivantHyperactivité vésicale : mais pourquoi a-t-on aussi souvent envie de faire pipi ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici