L’ibuprofène fait partie des médicaments les plus utilisés en France pour soulager la douleur et faire baisser la fièvre. Pourtant, son usage en cas d’infection bactérienne pourrait avoir des conséquences graves, voire mortelles. Des études et des alertes de professionnels de santé mettent en lumière les dangers de cet anti-inflammatoire lorsqu’il est pris sans précaution. Alors, pourquoi l’ibuprofène peut-il aggraver certaines infections ? Quels sont les bons réflexes à adopter ? Décryptage.
L’ibuprofène appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). On le retrouve dans des médicaments très courants comme Nurofen, Advil ou Spedifen. Il est souvent utilisé pour soulager les douleurs, les maux de tête, les règles douloureuses ou encore les états grippaux.
Mais attention : en cas d’infection bactérienne, il pourrait aggraver la situation. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) met régulièrement en garde contre son usage inapproprié, notamment en automédication.
Un lien établi entre ibuprofène et infections graves
L’alerte ne date pas d’hier. Depuis plusieurs années, des études et des cas cliniques ont montré une augmentation du risque d’infections bactériennes sévères chez des patients traités avec de l’ibuprofène. Entre janvier 2019 et juin 2023, 162 cas graves ont été recensés en France, avec 9 décès liés à des infections bactériennes aggravées par la prise de cet anti-inflammatoire selon l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
Les infections les plus fréquemment observées concernent :
- Les infections ORL (angines, otites, sinusites)
- Les infections pulmonaires (pneumonies, pleurésies)
- Les infections de la peau (dermohypodermites, fasciites nécrosantes, une infection bactérienne rare mais extrêmement grave)
Certaines bactéries, comme le streptocoque du groupe A, semblent particulièrement favorisées par la prise d’ibuprofène, ce qui pourrait expliquer ces complications.
Pourquoi l’ibuprofène peut-il aggraver une infection ?
Il masque les symptômes et retarde le diagnostic
Les médecins avancent deux mécanismes principaux qui expliquent cet effet délétère. L’ibuprofène a un effet antipyrétique, c’est-à-dire qu’il fait baisser la fièvre. Or, la fièvre est un signal important pour le corps : elle permet de détecter une infection et d’alerter sur sa gravité.
En prenant de l’ibuprofène, on peut donc cacher des symptômes inquiétants, retarder la consultation médicale et aggraver la maladie.
Il affaiblit la réponse immunitaire et favorise certaines bactéries
L’ibuprofène agit en bloquant la production de certaines molécules impliquées dans l’inflammation. Or, cette inflammation est une réponse naturelle du corps pour combattre les infections. En réduisant cette réaction, l’ibuprofène peut permettre aux bactéries de proliférer plus facilement et d’envahir l’organisme.
Certaines études suggèrent également que l’ibuprofène pourrait modifier la réponse du système immunitaire face aux bactéries, réduisant ainsi l’efficacité des défenses naturelles.
Quels sont les bons réflexes ?
Privilégier le paracétamol
En cas de fièvre ou de douleur, le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan) est recommandé en première intention. Il ne présente pas les mêmes risques d’aggravation des infections que l’ibuprofène.
On a tendance à prendre de l’ibuprofène dès qu’on a mal à la tête ou de la fièvre, sans se poser de questions. Mais en cas d’infection suspectée (angine, otite, bronchite, etc.), mieux vaut consulter un médecin avant de prendre un anti-inflammatoire.
Surveiller les symptômes et consulter rapidement
Si les symptômes persistent plus de 48 heures, s’aggravent ou s’accompagnent de signes inquiétants (fièvre élevée, douleurs intenses, difficultés respiratoires, rougeurs cutanées importantes), il est urgent de consulter un professionnel de santé.
Mais en règle générale, l’ibuprofène est un médicament efficace et bien toléré dans de nombreuses situations. Néanmoins, son utilisation en cas d’infection bactérienne doit être encadrée. Alors le bon réflexe est de toujours privilégier le paracétamol en première intention et demander l’avis d’un professionnel de santé avant de prendre de l’ibuprofène en cas de fièvre ou d’infection.
À SAVOIR
Bien que l’utilisation du doliprane soit préférée à l’ibuprofène, il ne faut pas en abuser. Une consommation excessive de paracétamol peut avoir des conséquences graves voire mortelles.