Depuis quelques semaines, un phénomène appelé “Paracétamol Challenge” fait la une des médias. Ce défi, qui aurait émergé sur le réseau social Tik Tok, consisterait à ingérer des doses excessives de paracétamol. Bien que l’existence réelle de ce challenge soit controversée, les autorités sanitaires alertent sur les dangers bien réels d’un surdosage. Pourquoi ce défi inquiète-t-il autant ? Quels sont les risques pour la santé ? Le point.
Le paracétamol fait partie des médicaments les plus utilisés en France. Que ce soit pour soulager un mal de tête, faire baisser la fièvre ou calmer des douleurs, il est présent dans presque toutes les armoires à pharmacie. Mais derrière son apparente innocuité se cache un risque majeur. En cas de surdosage, ce médicament peut causer des lésions graves du foie, parfois irréversibles.
Récemment, l’inquiétude a grandi autour d’un phénomène appelé “Paracétamol Challenge”. Selon plusieurs médias, ce défi encouragerait des ados à consommer de fortes doses de paracétamol pour relever un défi. Une pratique qui pourrait avoir des conséquences dramatiques. Alors, d’où vient ce défi et pourquoi représente-t-il un réel danger ?
Le Paracétamol Challenge : un défi né sur les réseaux sociaux ?
Une rumeur amplifiée par les médias
L’alerte a été lancée début 2025 par le Centre Antipoison de Belgique, qui a signalé une augmentation des cas d’intoxications volontaires chez les adolescents. Ce phénomène a été rapidement relayé par de nombreux médias en Europe et en France, alimentant l’idée d’un défi viral sur les réseaux sociaux.
Cependant, une enquête menée par TikTok et relayée par BFMTV a révélé qu’aucune vidéo promouvant ce défi n’avait été identifiée sur la plateforme. Cette absence de preuves soulève des doutes quant à l’existence réelle du challenge. Il pourrait s’agir d’un phénomène amplifié par les médias, qui a créé un effet d’emballement et de panique.
Des comportements à risque malgré tout
Même si le “Paracétamol Challenge” en tant que tel n’est peut-être qu’une rumeur, le problème des intoxications volontaires chez les jeunes reste bien réel. Selon Santé Publique France, le surdosage médicamenteux est l’une des principales causes d’hospitalisation chez les adolescents. Le paracétamol, en raison de son accessibilité et de son faible coût, est souvent utilisé lors de tentatives d’automédication ou d’intoxications volontaires.
Cette situation souligne la nécessité d’une vigilance de la part des parents, des professionnels de santé et des plateformes en ligne pour prévenir ces comportements dangereux.
Pourquoi le surdosage de paracétamol est-il si dangereux ?
Des effets toxiques sur le foie
Le paracétamol agit en bloquant certaines substances chimiques responsables de la douleur et de la fièvre. Cependant, lorsqu’il est consommé en trop grande quantité, le foie ne parvient plus à l’éliminer correctement. Cela entraîne la production d’une substance toxique qui peut détruire les cellules hépatiques.
Un surdosage peut passer inaperçu au début, car les symptômes ne sont pas toujours immédiats. Les signes d’intoxication apparaissent généralement dans les 24 premières heures.
- Nausées et vomissements
- Douleurs abdominales
- Perte d’appétit
- Sueurs abondantes
Sans traitement rapide, l’intoxication peut évoluer vers une insuffisance hépatique aiguë, nécessitant une greffe du foie pour sauver la vie du patient. En France, le surdosage de paracétamol est la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Les doses à ne pas dépasser
Pour éviter tout risque, les autorités de santé appel à respecter scrupuleument les doses maximales recommandées :
- Pour un adulte : 4 grammes par jour, répartis en prises de 500 mg à 1 gramme, avec un minimum de 4 heures entre chaque prise.
- Pour un enfant : la dose dépend du poids et figure sur la notice du médicament ou l’ordonnance du médecin.
Même un léger dépassement de ces doses, s’il est répété, peut avoir des effets toxiques. Alors, lisez attentivement la notice et ne combinez pas plusieurs médicaments contenant du paracétamol, comme le Doliprane®, l’Efferalgan® ou le Dafalgan®.
Comment prévenir les intoxications accidentelles ou volontaires ?
Pour les parents : sensibiliser et sécuriser
- Dialogue et prévention : parler ouvertement avec ses enfants des dangers du paracétamol et des défis en ligne peut prévenir des comportements à risque. Il faut leur expliquer que, même si ce médicament est en vente libre, il peut être dangereux en cas de mauvaise utilisation.
- Conservation sécurisée : conservez le paracétamol et les autres médicaments hors de portée des enfants et des adolescents, dans une armoire fermée à clé si possible.
- Surveillance de l’utilisation : si votre enfant doit prendre du paracétamol, assurez-vous qu’il respecte les doses prescrites et le temps minimum entre chaque prise.
Pour les professionnels de santé : renforcer la vigilance
- Pharmaciens : la vente de paracétamol aux mineurs n’est pas autorisée, sauf exceptions prévues par la loi. Lorsqu’ils délivrent ce médicament à des adultes, les pharmaciens doivent rappeler les doses maximales et les risques du surdosage.
- Médecins : lors des consultations, les professionnels de santé peuvent jouer un rôle clé en sensibilisant les parents et les jeunes aux risques liés à l’automédication et en expliquant l’importance de respecter les posologies.
Que faire en cas de surdosage ?
Si vous soupçonnez un surdosage de paracétamol, contactez immédiatement un centre antipoison ou les services d’urgence :
- 15 (SAMU)
- 18 (Pompiers)
- 112 (Numéro d’urgence européen)
Même en l’absence de symptômes, une prise en charge médicale rapide peut prévenir les complications graves.
Le rôle des réseaux sociaux et de la prévention numérique
Des plateformes sous surveillance
Face à la montée des défis dangereux en ligne, les réseaux sociaux comme TikTok, Instagram ou Snapchat ont renforcé leurs dispositifs de modération.
TikTok, par exemple, utilise des algorithmes pour détecter et supprimer les contenus incitant à des comportements risqués.
Éduquer pour prévenir
Au-delà de la censure, l’éducation aux médias joue un rôle crucial. Apprendre aux jeunes à décrypter les contenus en ligne et à ne pas céder à la pression des défis viraux est essentiel. Des campagnes de sensibilisation menées dans les écoles peuvent les aider à prendre conscience des risques et à développer un esprit critique face aux tendances numériques.
Alors, même si le “Paracétamol Challenge” semble davantage relever d’une rumeur médiatique que d’un phénomène viral avéré, il a le mérite de rappeler les dangers bien réels du surdosage de paracétamol. Ce médicament, pourtant courant, peut avoir des conséquences dramatiques en cas de mauvaise utilisation.
À SAVOIR
Cette histoire rappelle étrangement l’emballement médiatique survenu en 2015. À l’époque, des médias américains et britanniques alertaient déjà sur un “paracétamol challenge” qui inciterait les adolescents à ingérer de fortes doses de ce médicament, les exposant à un risque de surdose potentiellement mortel. Ce défi aurait circulé sur les réseaux sociaux de l’époque, notamment Facebook et Twitter. Pourtant, après vérification, le site américain de fact-checking Snopes n’avait trouvé aucune preuve de l’existence de ce défi.