Aujourd’hui, les scientifiques sont formels : la perte auditive n’est pas anodine. Selon une nouvelle étude américaine, elle pourrait même, dans certains cas, ouvrir la voie à des troubles cognitifs graves comme la démence. Autrement dit, ce que vous n’entendez pas pourrait finir par peser lourd sur votre mémoire. On vous explique.
Pendant longtemps, on a traité la baisse d’audition comme un désagrément du quotidien, à classer dans la même case que les lunettes de lecture. Mais les recherches récentes changent la donne. Une nouvelle étude, dirigée par des chercheurs de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore, États-Unis), avance que jusqu’à 32 % des cas de démence pourraient être liés à une perte auditive totale.
D’abord parce que ne pas bien entendre, c’est forcer le cerveau à travailler davantage pour décoder les sons. Ce surmenage peut à terme affaiblir d’autres fonctions cognitives, comme la mémoire ou l’attention. Ensuite, la surdité isole. Moins de discussions, moins de stimulations, plus de solitude. Or, l’isolement social est un facteur de risque majeur de démence.
L’hérédité : la perte auditive est-elle dans vos gènes… et la démence avec ?
Des oreilles de famille : la surdité héréditaire, c’est quoi au juste ?
Certaines personnes naissent avec une prédisposition à entendre moins bien. C’est ce qu’on appelle la surdité héréditaire. Selon Amplifon, elle représente environ 50 à 60 % des cas de surdité chez les enfants. Mais elle peut aussi se manifester plus tard, à l’âge adulte, sous forme de presbyacousie (la baisse de l’ouïe liée à l’âge).
En cause, des mutations génétiques, notamment du gène GJB2, souvent pointé du doigt dans les pertes auditives non syndromiques.
Et la démence dans tout ça, est-elle aussi héréditaire ?
La démence, elle, a une dimension génétique plus nuancée. Oui, il existe des formes héréditaires, comme la maladie d’Alzheimer familiale (plutôt rare, elle ne représente qu’un pourcent des malades selon France Alzheimer), liée à des mutations spécifiques. Mais dans la majorité des cas, la démence est le fruit d’une combinaison de facteurs : environnement, hygiène de vie, et… audition.
Autrement dit, même si vos parents n’ont jamais porté de prothèses auditives ni souffert de troubles cognitifs, cela ne vous met pas à l’abri. Et inversement, si vous avez une perte auditive héréditaire, ce n’est pas une condamnation, mais plutôt une invitation à redoubler de vigilance.
Protéger son audition et… son cerveau !
Il n’est jamais trop tôt, ni trop tard, pour prendre soin de ses oreilles. Alors, avec ou sans doutes, n’hésitez pas à consulter.
- Faire tester son audition régulièrement, surtout après 55 ans.
- Porter des appareils auditifs en cas de besoin : ils améliorent non seulement la qualité de vie, mais réduisent aussi le risque de démence.
- Préserver un bon environnement sonore : éviter les expositions prolongées au bruit fort, porter des bouchons dans les concerts ou les environnements bruyants.
- Rester socialement actif : plus vous discutez, plus vous stimulez vos neurones !
À SAVOIR
Selon l’Inserm, l’activité physique régulière améliore la circulation sanguine, y compris dans l’oreille interne et le cerveau. Ainsi, vous avez une meilleure oxygénation des cellules, moins de risques de perte auditive et un cerveau plus résistant au déclin cognitif.