Il va désormais falloir s’y habituer, le moustique tigre a repris ses quartiers d’été en Auvergne-Rhône-Alpes. À tel point que l’ARS a placé la région sous surveillance renforcée, depuis le 1er mai dernier. L’insecte, capable de se reproduire rapidement et de s’adapter à différents environnements, est en effet susceptible de véhiculer de redoutables maladies (dengue, chikungunya, virus Zika). Comment le reconnaître ? Quels sont les facteurs qui favorisent sa prolifération ? Est-il dangereux ? Réponses avec Valérie Formisyn, ingénieure en santé environnementale à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 9 mai 2023.
Originaire d’Asie, le moustique tigre peut transmettre des maladies telles que la dengue, le chikungunya ou le Zika. Sa propagation est rapide, y compris en France. Le pays sera en effet totalement colonisé à l’horizon 2030, à raison de 3 ou 4 nouveaux départements touchés chaque année. En attendant, il renforce sa présence dans chaque territoire. Et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes où il est chaque année un peu plus présent. C’est ce qu’a rappelé Valérie Formisyn, ingénieure en santé environnementale à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, lors de l’émission Votre Santé du mardi 9 mai 2023 sur BFM Lyon. L’occasion de faire le point sur la situation actuelle de la prolifération du moustique tigre dans la région. Mais aussi sur les maladies véhiculées, les risques pour la santé et les moyens de s’en protéger.
Le moustique tigre en expansion : les facteurs de sa prolifération
Quelle est la différence entre le moustique tigre et le moustique classique ?
Le moustique tigre, qui se rencontre couramment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, est plus petit que le moustique ordinaire. Il est reconnaissable grâce à sa petite taille et ses rayures noires et blanches. De plus, il est rapide lorsqu’il pique et il a une tendance à piquer plusieurs fois une même personne pour se nourrir de sang. Pour finir, ce moustique a une préférence pour les piqûres diurnes en extérieur, bien qu’il puisse parfois suivre à l’intérieur.
Pourquoi prolifère-t-il si rapidement en France ?
Le moustique tigre s’est introduit en France en 2004, dans le sud-est du pays. Depuis, il a rapidement étendu son territoire et a colonisé soixante-et-onze départements de la France métropolitaine. Il se déplace sur une distance limitée d’environ 150 mètres. Mais les moyens de transports, notamment nos voitures, ont contribué à sa dissémination à travers le pays.
Depuis son apparition, il s’est propagé vers le nord, grâce aux transports, donc. On peut observer son expansion le long de l’axe sud-nord. Dans la région, on le retrouve en particulier le long du Rhône, de la Saône et les vallées alpines. Les zones les plus touchées sont celles qui sont densément peuplées, comme les grandes agglomérations.
Quels sont les facteurs favorisant la prolifération du moustique tigre ?
Le moustique tigre peut s’installer facilement s’il trouve des endroits propices à sa reproduction, appelés gîtes larvaires. Ces gîtes larvaires sont des petits récipients que l’on trouve un peu partout, dans nos jardins notamment, qui collectent et conservent de l’eau pendant un certain temps. Les exemples courants sont les coupelles, les piscines abandonnées, les bâches, et tout ce qui concerne le stockage d’eau de pluie. Par conséquent, la présence de nombreux gîtes larvaires dans une zone est très favorable à la reproduction du moustique tigre. Ce qui peut donc entraîner son installation dans cette zone.
Le moustique tigre : un vecteur de maladies
Pourquoi ce moustique est-il dangereux ?
Il s’agit d’un moustique invasif qui peut transmettre la dengue, le chikungunya et le virus Zika lorsqu’il est contaminé. C’est pourquoi il fait l’objet d’une surveillance particulière. Ces maladies circulent principalement en zone intertropicale et sont souvent ramenées par des voyageurs qui se font piquer dans ces zones.
Lorsqu’un moustique tigre de notre région pique un voyageur malade, il peut alors se contaminer et transmettre la maladie. Il est donc important pour les voyageurs de se protéger des piqûres en voyage et au retour. En cas d’apparition de symptômes type grippaux après un voyage en zone intertropicale, il faut consulter rapidement un médecin en indiquant leur provenance pour faciliter le diagnostic.
Doit-on paniquer immédiatement lorsqu’on se fait piquer par un moustique tigre ?
Il est important de pouvoir identifier si on a été piqué par un moustique tigre. Malgré tout, la plupart des moustiques de notre région ne sont pas porteurs de maladies et donc ne peuvent pas les transmettre. Cependant, il est important de rester vigilant quant aux symptômes qui peuvent survenir après une piqûre, tels que la fièvre, de la fatigue ou d’autres symptômes grippaux. Si ces symptômes apparaissent et que l’on a été piqué par un moustique local, cela peut-être un signe d’une infection autochtone, c’est-à-dire contractée localement plutôt que lors d’un voyage dans une zone à risque. Dans ce cas, il est important de consulter un médecin rapidement pour obtenir un diagnostic et un traitement appropriés.
Comment se protéger ?
Quelles sont les mesures de prévention ?
Il est important de supprimer toutes les sources d’eau stagnante et tous les petits récipients chez soi. Cette mesure de prévention permet de limiter l’installation du moustique tigre, de retarder son implantation et de réduire la densité de moustiques si l’on en a déjà dans son environnement.
Il existe plusieurs moyens de se protéger contre les piqûres de moustique tigre. Il est recommandé d’utiliser des produits de protection cutanée en suivant les recommandations d’utilisation. Ces recommandations sont disponibles dans le bulletin annuel de Santé Publique France. Des produits dispersibles dans l’air, tels que les serpentins ou les prises peuvent également être utilisés.
Le port de vêtements longs, amples et de couleur claire est conseillé, car le moustique tigre est attiré par les couleurs sombres. Enfin, la pose de moustiquaires sur les fenêtres est utile car le moustique tigre est actif pendant la journée. Pour les lits des enfants et des bébés, il est recommandé d’utiliser des moustiquaires, car ils dorment souvent pendant la journée.
Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 9 mai 2023 sur Ma Santé TV.
À SAVOIR :
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les cas autochtones sont rares. En 2019, deux cas de dengue ont été enregistrés. Toutefois, cette tendance est en train de changer, car l’année dernière, au cours de la saison 2022, 65 cas de dengue autochtones ont été enregistrés dans neuf foyers différents en PACA, en Occitanie et en Corse. Ces cas ont été causés par la contamination de moustiques autochtones, ce qui montre la multiplication de ces situations à mesure que la présence du moustique tigre se multiplie sur le territoire.
