Chaque jour, plus d’un million de personnes dans le monde contractent une IST. Ces chiffres impressionnants s’expliquent en partie par la persistance d’idĂ©es reçues qui empĂªchent une prĂ©vention efficace. Faisons le point sur ces croyances bien ancrĂ©es.
Pas de symptĂ´mes ? Pas d’infection
C’est sans doute la croyance la plus dangereuse. Près de 70 % des femmes et 50 % des hommes infectĂ©s par la chlamydia ne ressentent strictement rien. Pourtant, sans traitement, cette infection peut rendre stĂ©rile ou provoquer des complications graves.
La gonorrhĂ©e, les papillomavirus, le VIH… beaucoup d’infections peuvent rester silencieuses pendant des mois, voire des annĂ©es. RĂ©sultat : on transmet une IST Ă ses partenaires sans mĂªme le savoir. D’oĂ¹ l’importance du dĂ©pistage rĂ©gulier, qui reste le seul moyen fiable de dĂ©tecter une contamination invisible.
Le sexe oral ne présente aucun risque
Faux. La fellation, le cunnilingus et l’anulingus exposent bel et bien Ă plusieurs IST. Les chlamydiae, la gonorrhĂ©e, l’herpès gĂ©nital et le papillomavirus se transmettent lors de rapports oraux. Ce dernier peut mĂªme passer par de simples caresses.
La muqueuse buccale n’offre pas la protection qu’on lui prĂªte. Le sperme, les sĂ©crĂ©tions vaginales et le contact direct avec les muqueuses gĂ©nitales permettent la transmission. Pour se protĂ©ger, le prĂ©servatif ou la digue dentaire restent nĂ©cessaires, y compris pour ces pratiques.
On attrape des IST sur les sièges de toilettes
VoilĂ un mythe tenace qui refuse de disparaĂ®tre. Aucun cas documentĂ© de transmission d’IST via une cuvette de toilettes n’existe pourtant. Les bactĂ©ries et virus responsables des IST ont besoin d’un environnement chaud et humide, comme les tissus humains, pour survivre.
En dehors du corps, ces agents pathogènes perdent rapidement leur pouvoir infectieux. Pour qu’une contamination se produise, il faudrait que vos muqueuses touchent directement la cuvette. Peu probable, non ? MĂªme chose pour les piscines et les jacuzzis : le chlore neutralise les agents infectieux.
Se retirer avant l’Ă©jaculation suffit Ă se protĂ©ger
Cette mĂ©thode ne protège de rien du tout. Le sperme n’est qu’un vecteur parmi d’autres. Une caresse, une pĂ©nĂ©tration mĂªme brève, un rapport oral peuvent suffire Ă transmettre une infection. Les virus et bactĂ©ries se trouvent dans diffĂ©rentes sĂ©crĂ©tions, dans le sang, sur les muqueuses et mĂªme sur la peau.
Le liquide prĂ©-sĂ©minal contient dĂ©jĂ des agents infectieux chez une personne contaminĂ©e. Seul le prĂ©servatif crĂ©e une barrière physique efficace. Les autres contraceptifs comme la pilule, l’implant ou le stĂ©rilet protègent uniquement d’une grossesse, jamais des infections.
Peu de partenaires égale faible risque
Le nombre de partenaires ne change rien Ă l’affaire. On peut attraper une IST dès le premier rapport si son partenaire est porteur d’une infection. Et comme beaucoup d’IST sont asymptomatiques, ce dernier l’ignore peut-Ăªtre lui-mĂªme.
Personne ne connaĂ®t vraiment l’historique sexuel complet de ses relations, ni celui de leurs anciens partenaires. La chaĂ®ne de transmission s’Ă©tend bien au-delĂ de ce qu’on imagine. D’oĂ¹ l’intĂ©rĂªt d’aborder sereinement la question du dĂ©pistage avec chaque nouveau partenaire et de se faire tester rĂ©gulièrement.
La pilule protège des IST
Beaucoup confondent encore contraception et protection contre les infections. La pilule, l’implant, le patch, l’anneau vaginal ou le stĂ©rilet empĂªchent efficacement les grossesses. Mais ils ne crĂ©ent aucune barrière contre les agents infectieux.
Ces dispositifs agissent sur le cycle hormonal ou l’environnement utĂ©rin. Ils n’ont aucun effet sur les bactĂ©ries, virus ou parasites qui se transmettent lors des rapports. Seuls les prĂ©servatifs masculin et fĂ©minin offrent cette double protection. Si vous utilisez une autre contraception, le prĂ©servatif reste indispensable avec un nouveau partenaire.
Une prise de sang dépiste tout
Une simple analyse sanguine ne suffit pas. Elle détecte bien le VIH, les hépatites B et C ou la syphilis. Mais les chlamydiae et le gonocoque nécessitent des prélèvements locaux : urinaires, buccaux ou anaux selon vos pratiques sexuelles.
Si vous avez des rapports oraux ou anaux, demandez des prélèvements sur ces sites spécifiques. Une infection peut se loger dans la gorge ou le rectum sans toucher les organes génitaux. Un dépistage complet adapté à vos pratiques garantit une détection exhaustive.
Protéger sa santé sexuelle
Face Ă ces idĂ©es reçues, trois rĂ©flexes simples s’imposent. D’abord, utiliser systĂ©matiquement le prĂ©servatif lors de tout rapport sexuel reste la protection la plus fiable. Ensuite, se faire dĂ©pister rĂ©gulièrement permet de dĂ©tecter les infections silencieuses avant qu’elles ne causent des dĂ©gĂ¢ts.
La vaccination contre les papillomavirus et les hĂ©patites offre aussi une protection prĂ©cieuse. Ces vaccins prĂ©viennent des infections aux consĂ©quences graves, comme le cancer du col de l’utĂ©rus.
Enfin, parler ouvertement de santé sexuelle avec ses partenaires devrait aller de soi. Aborder le sujet du dépistage et des protections utilisées crée une relation de confiance et protège tout le monde.
Les chiffres rĂ©cents montrent une augmentation inquiĂ©tante des IST en France. En 2024, le taux d’incidence atteint 101 cas pour 100 000 habitants pour la chlamydia, 48 pour la gonorrhĂ©e et 18 pour la syphilis. Ces donnĂ©es rappellent l’urgence d’amĂ©liorer l’information.
Heureusement, la plupart des IST bactĂ©riennes se soignent avec des antibiotiques. Pour les infections virales incurables comme l’herpès ou le VIH, les traitements antiviraux contrĂ´lent l’Ă©volution de la maladie et rĂ©duisent fortement les risques de transmission.
Se protĂ©ger, se dĂ©pister et s’informer auprès de sources fiables : ces trois gestes simples permettent de vivre une sexualitĂ© Ă©panouie sans compromettre sa santĂ© ni celle de ses partenaires.
Ă€ SAVOIR
Cet article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par l’un de nos partenaires santĂ©.








