Chaque année, 4000 patients décèdent d’une infection liée aux soins contractée dans l’établissement de santé dans lequel il est traité pour une autre cause. Ces IAS touchent en moyenne un patient hospitalisé sur vingt. Longtemps pointés du doigt, les hôpitaux sortent peu à peu du silence pour aider à prévenir ces pathologies. Explications.
On désigne désormais les ”ex-”maladies nosocomiales par le terme infections associées aux soins ou IAS. En effet, les maladies nosocomiales désignent uniquement les pathologies contractées au cours d’un séjour à l’hôpital. Or, ce fléau touche également les autres établissements de santé (centres médico-sociaux, cabinets de médecine de ville…). Les IAS définissent ainsi toutes les infections contractées dans un établissement de santé après la réalisation de soins médicaux.
Comment contracte t-on une infection liée aux soins?
Les IAS surviennent dans les 48 heures qui suivent un acte médical effectué dans un établissement de soin, et jusqu’après 30 jours en cas de chirurgie, voire un an en cas de pose de prothèse. Ces pathologies peuvent avoir une origine endogène ou exogène.
Les infections d’origine exogène sont dues à une source de contamination présente dans l’établissement de soins avec lequel le patient aurait pu être en contact. Elles peuvent ainsi venir d’autres patients ou visiteurs contaminés, des professionnels de santé contagieux (soignants, infirmiers, brancardiers, docteurs…) ou de l’environnement ambiant de l’établissement. Ils peuvent être transmis par voies aériennes et respiratoires ou par contact physique, le plus souvent manuportée.
À l’opposé, les pathologies d’origine endogène, les plus fréquentes, correspondent à une auto-infection. Les germes déjà présents dans l’organisme du patient peuvent provoquer des infections à des endroits différents. Elles sont favorisées par les actes chirurgicaux et autres dispositifs et opérations de soins tels que la pose de cathéter, de sonde urinaire ou encore d’endoscopes…
Infections associées aux soins : tous concernés !
« Personne n’est à l’abri d’une infection liée aux soins. Le risque zéro n’existe pas. Dès qu’il y a une intervention chirurgicale, il y a un danger qui peut être plus ou moins important selon le profil du patient » explique le Dr Christine Fuhrmann, médecin biologiste et présidente du comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) au Centre Léon Berard.
Les patients les plus susceptibles de développer une infection liée aux soins sont ceux ayant une immunité diminuée (cancer, leucémie, sida, prise de médicaments immunodépresseurs….). Ce type de patients étant légion dans les centres de cancérologie, les risques y sont plus nombreux.
La présence de pathologies chroniques (diabète, insuffisance rénale, cardiaque ou encore hépatique…) et l’état de santé général de la personne (obésité, dénutrition, antibiorésistance…) sont également des facteurs à prendre en compte, tout comme celui de l’âge. Les IAS touchent le plus souvent les seniors de plus de 75 ans ou les enfants de moins de 5 ans.
Quels sont les risques encourus ?
Selon l’infection contractée par le patient, les conséquences pour la santé peuvent être plus ou moins importantes. « C’est un événement mal vécu par les patients évidemment, mais également par les soignants, confie le Dr Christine Fuhrmann. Dans les cas les plus graves, il peut s’en suivre un sentiment de culpabilité difficile à surmonter pour le personnel soignant. » On estime par ailleurs que plus le nombre de soignants par patient est élevé, plus le taux des infections contractées est faible.
Les pathologies liées aux soins sont généralement causées par des micro-organismes (bactéries, virus, parasites et champignons). En fonction de leurs types et du profil du patient, les risques sont différents. Ils peuvent aller d’une simple prolongation d’hospitalisation à une ré-intervention chirurgicale ou encore d’une invalidité (temporaire voire permanente). Dans les cas les plus graves, la conséquence est le décès.
Maladies liées aux soins : les habitudes à prendre pour s’en prémunir
Réduire les risques de transmission des IAS et le nombre de victimes est un enjeu de santé publique. Pour atteindre cet objectif, les bons gestes doivent être adopter par tous (personnels soignants, visiteurs, patients…).
Les conseils pour prévenir les IAS :
- Assimiler les bonnes mesures d’hygiène : propreté des mains, utilisation de mouchoirs à usage unique, stérilisation du matériel médical etc.
- Se laver ou se désinfecter les mains le plus souvent possible. Dans la vie quotidienne (avant le repas, en sortant des toilettes et des lieux ou transports publics, après avoir toussé ou éternué…) et au sein d’ établissements de santé.
- Respecter les consignes pré-opératoires, notamment la qualité de la douche opératoire.
- Porter un masque de protection en cas de symptômes de rejets par voies respiratoires (grippe, toux, éternuements, rhinites…).
- Adopter un bon usage des antibiotiques pour limiter le risque de développer de l’antibiorésistance. Pour rappel, les antibiotiques ne sont efficaces que sur les bactéries et non sur les virus. Il faut ainsi éviter l’automédication: la prescription d’antibiotique est médicale et doit être suivie (dose et durée).
- Opter pour la vaccination (professionnels de santé, patients et leurs entourages) pour se protéger soi-même et les autres.
- Rester vigilant et communiquer autour de soi sur l’existence des infections associées aux soins et de leurs risques.
À SAVOIR
Les infections associées aux soins sont plus fréquentes dans les centres de lutte contre le cancer. Les patients y sont en effet plus fragiles. Conscient d’un risque infectieux élevé, le Centre Léon Bérard dispose d’une équipe d’hygiène spécialisée dans la lutte contre les IAS ainsi que deux instances d’experts dans la prévention et la lutte du risque infectieux (le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales [CLIN] et le Comité Anti-Infectieux [CAI] ).