La cinquiĂšme Ă©dition du mois sans tabac se dĂ©roule alors que la vague Ă©pidĂ©mique ne cesse de progresser. Objectif ? Accompagner les fumeurs dans leur sevrage. Mais comment parvenir Ă rompre cette spirale addictive ? Quels bĂ©nĂ©fices en cette situation de confinement ? Toutes les rĂ©ponses dans lâĂ©mission Votre SantĂ© avec le professeur SĂ©bastien Couraux, chef de service pneumologie Ă l’hĂŽpital Lyon Sud.
A Lyon comme dans toute la rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes, le “mois sans tabac” s’est ouvert le 1er novembre. Une opĂ©ration de sensibilisation rĂ©currente mais nĂ©cessaire.
Ainsi, en 2019, la France comptait trois fumeurs sur dix. Et bien que ce chiffre soit en baisse, le tabagisme continue de faire des victimes. Entre simple habitude devenue dĂ©pendance et pratique occasionnelle, la prĂ©valence du tabac reste Ă©levĂ©e. On dĂ©note jusquâĂ 13 % de mortalitĂ© due au tabagisme en 2015. Un chiffre qui, en cette pĂ©riode Ă©pidĂ©mique, risque de sâaccroĂźtre.
Si le tabagisme a augmentĂ© de 27 % durant le premier confinement, pas question de reproduire la mĂȘme mĂ©canique durant le reconfinement ! Bref, avec ce nouveau “mois sans tabac”, l’objectif est d’inflĂ©chir la courbe. Mais peut-on rĂ©ellement sâarrĂȘter de fumer en pleine pĂ©riode de confinement ? Les rĂ©ponses (et les conseils) de SĂ©bastien Couraux, chef de service pneumologie Ă l’HĂŽpital Lyon-Sud, interrogĂ© par Elodie Poyade et Pascal Auclair dans lâĂ©mission “Votre SantĂ©” sur BFM Lyon.
Le mois sans tabac : « une belle progression »

Elodie Poyade : Quel est le principe de ce “mois sans tabac” ?
SĂ©bastien Couraux : Il sâagit dâaider et dâaccompagner les personnes dĂ©sireuses dâarrĂȘter de fumer. Cet Ă©vĂšnement sanctuarise un mois par an les efforts de tous autour de la thĂ©matique du tabac. LancĂ© par SantĂ© Publique France en 2016, câest un des Ă©lĂ©ments importants qui contribue aujourdâhui au dĂ©clin de lâĂ©pidĂ©miologie de tabagisme. Que ce soit pour les professionnels, patients ou usagers, cette dĂ©marche porte ces fruits. Ăvidemment, on a le droit dâarrĂȘter de fumer en dehors de ce mois de novembre.
Pascal Auclair : Fume-t-on significativement moins en France depuis le début de ces campagnes de sensibilisation ?
Un dĂ©crochĂ© trĂšs net du tabagisme est apparu il y a deux ou trois ans. Ce qui constitue donc une trĂšs bonne nouvelle. Aujourdâhui, seul un adulte sur trois fume occasionnellement. Un adulte sur quatre se dĂ©clare fumeur rĂ©gulier. Il nây a pas si longtemps, ce dernier chiffre Ă©tait dâun adulte sur trois. Une belle progression. Pour autant, il ne faut pas sâarrĂȘter. En effet, le tabac reste le premier facteur de risque de mortalitĂ© Ă©vitable.
Tabagisme, « davantage de femmes sont touchées »
Le tabagisme impacte-t-il davantage certaines tranches de population ?
En effet, lâexemple du tabagisme fĂ©minin le montre. AprĂšs une trĂšs nette augmentation du taux de fumeuses dans les annĂ©es 60-70, on voit aujourdâhui que cette incidence devient problĂ©matique. Si auparavant, les femmes Ă©taient exemptĂ©es des pathologies du tabagisme, elles sont dĂ©sormais largement touchĂ©es. De mĂȘme, les jeunes reprĂ©sentent une tranche dâĂąge considĂ©rable dans le tabagisme. Enfin, il faut reconnaĂźtre que le tabagisme est un puissant marqueur social. Les catĂ©gories socio-professionnelles les moins aisĂ©s sont aussi celles qui fument le plus. Câest dâautant problĂ©matique que ce sont celles oĂč lâaccĂšs au soin est le plus prĂ©caire, lâapprĂ©hension la plus complexe.
Observez-vous cette progression des pathologies chez les fumeuses dans vos services ?
Absolument. Auparavant, le cancer du poumon Ă©tait peu frĂ©quent chez les femmes. DĂ©sormais, une paritĂ© totale entre lâhomme et la femme existe sur cette pathologie.
Cesser le tabac, synonyme de prise de poids ?Â

Prend-on toujours du poids lorsquâon arrĂȘte de fumer ?
Certes, le risque de prise pondĂ©rale persiste. Toutefois, il sâagit dâun risque maĂźtrisable. DĂšs lors que le plan de sevrage intĂšgre ce risque, on peut limiter cette prise pondĂ©rale. VoilĂ pourquoi les tabacologues sont lĂ ! Avec un minimum d’efforts, on rĂ©cupĂšre un ou deux kilos trĂšs facilement.
Quels conseils pouvez-vous donner pour arrĂȘter de fumer ?
PremiĂšrement, il nâexiste pas de bon moment pour arrĂȘter de fumer. DeuxiĂšmement, il faut le faire pour soi. En effet, trĂšs souvent, le fumeur entame souvent ce sevrage Ă la demande de son entourage. Sa femme, ses enfants… Or, lâoubli du sevrage sâimmisce dans lâentourage au bout dâune semaine ou deux. Ce qui est trĂšs dĂ©stabilisant en tant que fumeur encore dans lâeffort. Il faut donc continuer pour soi, en ĂȘtre convaincu soi-mĂȘme. Certes, il peut lâinitier pour autrui, mais il faut persĂ©vĂ©rer pour soi et sa santĂ©.
Que pensez-vous du débat autour de la cigarette électronique ?
Il nây a pas rĂ©ellement de dĂ©bat mais une nuance. La cigarette Ă©lectronique a clairement sa place dans un certain nombre de cas. Par exemple, pour un individu dâune cinquantaine dâannĂ©es ayant fumĂ© trĂšs longtemps et ayant connu des Ă©checs de sevrage. Tant avec les patchs quâavec le Champix. Pour lui, la cigarette Ă©lectronique sera une bonne solution pour stopper la cigarette. Ensuite, il faudra se dĂ©barrasser de cette dĂ©pendance Ă la cigarette Ă©lectronique. LĂ encore, le rĂŽle du tabacologue devient essentiel.
Toujours le bon moment pour arrĂȘter de fumer !Â
Au cours de cette pĂ©riode trĂšs anxiogĂšne, est-ce rĂ©ellement le bon moment pour arrĂȘter de fumer ?
Il nây a pas de bon moment pour arrĂȘter de fumer. Il nây en aura jamais. Quand on est fumeur, câest toujours le bon moment pour arrĂȘter de fumer. Sans quoi vous trouverez toujours une excuse. Certes, je concĂšde que cette pĂ©riode est anxiogĂšne. Pour autant, dans cette situation oĂč lâon est attentif Ă notre santĂ©, ne serait-ce pas le bon moment pour arrĂȘter de fumer ? Le confinement nous permet de restreindre les comportements Ă risque. Tel que le cafĂ© du matin au travail, le petit verre dâalcool le soir entre amis⊠DĂšs lors, ne pas sâexposer aux habitudes quotidiennes rend cette pĂ©riode propice au sevrage.
Un dernier message aux fumeurs ?
Câest toujours utile dâarrĂȘter de fumer. Absolument toujours utile. Vous en aurez forcĂ©ment un bĂ©nĂ©fice, quel que soit votre Ăąge, quel que soit votre Ă©tat de santĂ©. Bon courage. Le sevrage est une Ă©preuve trĂšs difficile… mais nous sommes prĂ©sents pour vous aider !
Pour voir l’Ă©mission Votre SantĂ© du 5 novembre en replay sur BFM Lyon.
Ă SAVOIR
ArrĂȘter de fumer durant 30 jours multiple les chances dâarrĂȘter dĂ©finitivement par cinq. Pour participer Ă ce sevrage, rendez-vous sur la plateforme numĂ©rique Tabac Info Service.








