Des questions se posent autour de l’utilité des Oméga-3
Les oméga-3 ont bonne presse, mais sont-ils vraiment utiles ? ©Pixabay

Oméga-3, produits enrichis en phytostérols… Les complémentaires alimentaires sont-ils vraiment bénéfiques pour la santé, et en particulier pour protéger du cholestérol et des risques cardio-vasculaires. Les réponses du Pr Philippe Moulin, chef de service endocrinologie et diabétologie au sein de l’hôpital Louis Pradel, à Lyon.

On parle beaucoup des Oméga-3 qui seraient formidables pour la santé : leur action est-elle vraiment importante sur le cholestérol ?

Les Oméga-3 ne font pas baisser le LDL cholestérol (mauvais cholestérol).  Les derniers essais cliniques avec des compléments ont été systématiquement négatifs en protection cardiovasculaire depuis les 4 dernières années, et cest pour cela quils ont été déremboursés. Mais ils pourraient être néanmoins bénéfiques quand ils sont apportés par une alimentation naturelle et peuvent avoir un impact via dautres mécanismes, et notamment en inhibant les plaquettes. On ne peut donc que conseiller den consommer régulièrement dans des produits naturels comme certains poissons gras (saumon, hareng, maquereau, thon…) ou blancs (sole, raie, merlan…), l’huile de foie de morue, les noix, les pistaches, les amandes, le soja, les épinards crus…

Mauvais cholestérol, statine et phytostérols

Que penser des produits enrichis en phytostérols, censés réduire le mauvais cholestérol ?

Cette question nest pas simple. Les produits enrichis en phytostérols comme la margarine, le yaourt, sont l’objet d’un débat actuellement. Ils sont autorisés depuis les années 90. Ce que lon sait, cest que lorsque lon consomme 2 grammes par jour de phytostérols, cela baisse de 10% le cholestérol LDL. Le problème est que lindustrie agroalimentaire na jamais voulu dépenser dargent pour faire des essais cliniques montrant que ça fonctionnait en prévention cardiovasculaire. Il faudrait traiter au moins 30 000 personnes pendant 5 ansQuand ce genre dessai est réalisé pour un médicament, le retour sur investissement est intéressant, mais cela ne lest pas pour un industriel qui vend son produit peu cher, et dont les concurrents vont profiter de l’étude. Du fait quil ny ait pas d’étude scientifique sur ces produits, lANSES ne les recommande pas, contrairement à dautres grandes institutions comme lAmerican heart association, et bien dautres société savantes. Après, on sait quune statine fait baisser de 30 à 40% le LDL cholestérol. Si lon regarde le rapport coût/performance, la statine est paradoxalement plus intéressante.

Quid des médicaments ?

Quels effets secondaires peuvent avoir les traitements médicamenteux ?

Notons dabord que nous avons un recul colossal sur ces médicaments, car ils sont sur le marché depuis le début des années 90. On dispose donc 25 ans de recul. Ces médicaments sont parmi les plus prescrits au monde. Les événements graves menaçant la vie des gens sont exceptionnels : on dénombre environ 1 décès pour 5 à 10 millions dannées de traitement. En guise de comparaison, les médicaments anticoagulants sont 1000 fois plus dangereux. 

Lorsque le cholestérol est génétique, à partir de quel âge traite-t-on les enfants dépistés ?

Pour les formes les plus graves d’hypercholestérolémie familiale hétérozygote, on les traite en accord avec les recommandations européennes à partir de l’âge de 8 ans. Pour les formes modérées, à partir de 12 à 16 ans, après la puberté.

Retrouvez la liste de  tous les endocrinologues et diabétologues de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

A savoir

 

On considère que la prise dun traitement est efficace si 80% des médicaments sont pris. La sécurité sociale a maintenant des outils de surveillance, et lon observe que les mauvais observants font plus de complications cardiovasculaires. Le traitement ne fonctionne que sil est suivi de façon chronique, le taux d’abandon en prévention primaire est très élevé depuis la polémique d’il y a trois ans qui portait sur les formes nutritionnelles et polygéniques, il est désolant de constater le nombre d’arrêt de traitement par confusion dans les formes mono géniques.

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Journaliste indépendante depuis 2013, Paulina Jonquières d'Oriola s'est longtemps spécialisée dans la rédaction d'articles santé : psycho, sexualité, santé animale... Une fine plume au service de l'info santé !

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