
Acheter ses médicaments sur Internet peut sembler pratique. Malheureusement, c’est souvent arnaque. En France, 96 % des pharmacies en ligne seraient illégales, selon l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRCAM). Derrière ces sites, un marché criminel ultra-lucratif et des risques sanitaires parfois dramatiques.
Commander ses médicaments en ligne, c’est tentant. Pas de file d’attente, pas de rendez-vous médical, et parfois des prix cassés. Mais derrière cette apparente facilité se cache une véritable bombe sanitaire. Selon l’Institut de Recherche Anti-Contrefaçon de Médicaments (IRACM), 96 % des pharmacies en ligne dans le monde sont illégales. En clair, sur 100 sites, seuls 4 respectent la réglementation ! Un chiffre vertigineux.
Et la France n’est pas épargnée. Au contraire, selon une étude de l’entreprise de cybersécurité Avast (août 2025), notre pays est devenu la première cible mondiale des cybercriminels spécialisés dans la vente de faux médicaments. Plus de 151 000 tentatives d’attaques PharmaFraud ont été bloquées en France rien que sur le mois de janvier 2025.
Pharmacies en ligne : une arnaque bien huilée
Derrière l’écran, un trafic ultra-lucratif
Pourquoi cette explosion ? La réponse tient en un mot : l’argent. Un comprimé falsifié peut se fabriquer pour quelques centimes et se revendre plusieurs dizaines d’euros. À l’échelle internationale, le calcul est vite fait. Le trafic de faux médicaments est beaucoup plus rentable que celui de l’héroïne, selon l’IRACM et l’OMS.
Ce n’est pas anecdotique : lors de l’opération Pangea XVII, coordonnée par Interpol entre décembre 2024 et mai 2025, les autorités de 90 pays ont saisi 50,4 millions de doses illicites, pour une valeur marchande estimée à 56 millions d’euros, et procédé à près de 800 arrestations.
Quand le médicament devient poison
Le vrai danger, ce n’est pas seulement l’arnaque financière. C’est le risque sanitaire. Les médicaments falsifiés présentent plusieurs profils :
- Sous-dosés, ils ne soignent pas et laissent la maladie progresser.
- Sur-dosés, ils provoquent des effets secondaires parfois graves (troubles cardiaques, insuffisance rénale, intoxication aiguë).
- Sans principe actif, ils sont tout simplement inefficaces.
- Contaminés, ils peuvent contenir des solvants, du plâtre, des métaux lourds ou des produits toxiques.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 50 % des médicaments vendus sur Internet sont falsifiés. Et ce n’est pas de la théorie. En 2022 et 2023, plus de 300 enfants sont morts en Gambie, en Ouzbékistan et en Indonésie après avoir consommé des sirops pédiatriques contrefaits, contaminés à l’éthylène glycol et au diéthylène glycol. Deux substances toxiques utilisées dans l’industrie chimique.
En France, que dit la loi ?
Depuis 2013, la vente de médicaments en ligne est encadrée par une réglementation stricte :
- Seules les pharmacies physiques françaises (officines) peuvent ouvrir un site Internet.
- Le site doit être autorisé par l’Agence Régionale de Santé (ARS).
- L’adresse de l’officine et le nom du pharmacien responsable doivent apparaître clairement.
- Et surtout : seuls les médicaments sans ordonnance (comme le paracétamol, certains anti-inflammatoires, pastilles pour la gorge…) peuvent être vendus en ligne.
Bref, tout site qui propose des antibiotiques, somnifères, anxiolytiques ou traitements lourds sans ordonnance est hors la loi. Pour vérifier la fiabilité d’un site, l’Ordre national des pharmaciens met à disposition une liste officielle des e-pharmacies autorisées.
Comment repérer un faux site de pharmacie ?
Les cybercriminels sont de plus en plus habiles. Mais certains indices peuvent mettre la puce à l’oreille :
- Le site vend des médicaments nécessitant normalement une prescription sans vous demander d’ordonnance.
- Les prix sont anormalement bas.
- L’absence de coordonnées claires : pas d’adresse en France, pas de numéro de téléphone, pas de nom de pharmacien.
- Le site n’affiche pas le logo officiel de l’Union européenne, une croix verte sur fond blanc avec le drapeau européen, obligatoire pour tout site légal.
En cas de doute, il vaut mieux ne pas commander. Dans tous les cas, la vigilance s’impose car il s’agit de votre santé et de celle de votre entourage..
À SAVOIR
Depuis 2011, un logo européen (croix verte + drapeau de l’UE) permet d’identifier les pharmacies en ligne autorisées. Un clic renvoie vers l’Ordre des pharmaciens. Pourtant, selon la Commission européenne (2022), moins d’un quart des Européens le connaissent, alors qu’il reste le seul moyen fiable de vérifier un site légal !







