L'usine Arkema, à Pierre-Bénite, l'une des usines émettrices de substances perfluorées (PFAS), ou polluants éternels.
L'usine Arkema, à Pierre-Bénite, est pointée comme l'une des principales usines émettrices de substances perfluorées (PFAS), ou polluants éternels. Photo FMI

Révélée en 2022, la présence de “polluants éternels” au sud de l’agglomération lyonnaise constitue un défi environnemental majeur. Aujourd’hui, c’est la qualité de l’eau dans quatre communes de la Métropole de Lyon qui inquiète les autorités. Des mesures drastiques ont été initiées pour contrer cette menace et garantir la qualité de l’eau. Explications.

Plusieurs communes du sud de l’agglomération lyonnaise font les frais d’une pollution aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées). Révélée en 2022, la présence de ces “polluants éternels” dans des œufs concernait notamment les communes de Pierre-Bénite, Oullins, Saint-Genis-Laval, Irigny ou encore les 2ème, 7ème et 8ème arrondissements de Lyon.

Désormais, c’est la présence de ces « polluants éternels » dans l’eau potable qui inquiète les autorités. Un arrêt a été adopté en décembre 2022 fixant la limite autorisée à 0,10 μg (microgrammes) par litre d’eau potable. Si la presque totalité des eaux de Lyon, y compris les communes concernées en 2022, sont aujourd’hui conforme à cet arrêt, quatre communes affichent aujourd’hui des valeurs inquiétantes: Givors, Solaize, Grigny et Marcy-L’Etoile.

Au total, ce sont 37 000 habitants qui sont donc susceptibles d’ingurgiter quotidiennement ces “polluants éternels”.

Pour rappel, les PFAS, ou substances per- et polyfluorées, sont une famille de composés chimiques contenant des liaisons carbone-fluor. Ces composés sont largement utilisés dans divers produits de consommation en raison de leurs propriétés hydrofuges, résistantes aux graisses et anti-adhésives. On les retrouve dans des produits tels que les revêtements antiadhésifs, les emballages alimentaires, les textiles imperméables, les mousses extinctrices et bien d’autres.

Cependant, les PFAS suscitent des préoccupations en raison de leur persistance dans l’environnement et de leurs effets potentiels sur la santé humaine. Certains PFAS, comme le PFOS et le PFOA, sont classés comme des perturbateurs endocriniens et ont été associés à divers problèmes de santé. La contamination de l’eau potable par les PFAS est donc particulièrement préoccupante.

Dès l’été 2022, la Métropole de Lyon a intensifié les contrôles mensuels des PFAS, effectuant 350 analyses en 2023. Bien que 97% de l’eau distribuée reste conforme dans l’agglomération lyonnaise, des taux dépassant la norme ont donc été détectés dans les quatre communes, touchant environ 37 000 usagers et nécessitant des actions immédiates.

En décembre 2023, après dix-huit mois d’études approfondies, Eau publique du Grand Lyon et le Syndicat Rhône-Sud ont présenté un plan d’action ambitieux. L’objectif est de restaurer la conformité de l’eau polluée par les PFAS d’ici 2026.

Ce plan ambitieux prévoit des interconnexions de réseaux d’eau potable et une nouvelle filière de traitement des PFAS à l’usine de production de Ternay en deux temps : 

  • La conformité en 2024 sur l’Ouest lyonnais dont la commune de Marcy-l’Etoile avec une interconnexion permettant l’apport d’eau venant de la Métropole et des nappes du Garon.
  • La conformité en 2026 sur le reste des communes impactées (Grigny, Solaize, Givors). Dans cette perspective, d’importants travaux en 2024 et 2025 sur l’usine de Rhône-Sud à Ternay seront menés pour modifier les installations de traitement par le Syndicat Rhône-Sud.

Selon Anne Grosperrin, vice-présidente en charge du cycle de l’eau à la Métropole de Lyon, “d’ici 2026, la qualité de l’eau devrait retrouver des taux conformes à la norme”. Et de préciser que les industriels perpétuant leurs rejets polluants devront participer financièrement à la réparation des dégâts environnementaux et sanitaires provoqués.

À SAVOIR

Les PFAS sont extrêmement résistants à la décomposition naturelle. Certains d’entre eux peuvent persister dans l’environnement pendant des décennies, voire des siècles. Cela signifie que même si l’utilisation de certains PFAS a été restreinte ou interdite, leurs résidus continuent de contaminer l’eau, le sol et la chaîne alimentaire.

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