Des tests antigéniques entourés d'argent, car après l'arrêt de mon remboursement, ils coûteront cher.
C’est dans un communiqué du 15 janvier 2025 que le gouvernement a annoncé vouloir modifier les conditions de remboursement des tests antigéniques du Covid-19. © Adobe Stock

La fin annoncée du remboursement des tests antigéniques pour le Covid-19, les fameux TROD, fait débat. Cette décision, perçue comme un pas en arrière par les pharmaciens et les professionnels de santé, suscite de nombreuses inquiétudes, aussi bien économiques que sanitaires. Pourquoi ce changement est-il si problématique ? Décryptage.

Depuis leur mise en place en 2020, les tests antigéniques Covid, ou tests rapides d’orientation diagnostic (TROD) ont été des outils essentiels pour détecter rapidement le virus et limiter sa propagation. Cependant, avec la fin progressive des mesures sanitaires exceptionnelles, l’Assurance Maladie prévoit de ne plus rembourser ces tests à partir du printemps 2025.

Une décision qui pourrait coûter cher aux officines. Selon une estimation de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), leur arrêt représenterait une perte d’environ 75 millions d’euros pour le réseau des pharmacies.

Pour Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, cette mesure va à l’encontre des objectifs de prévention. « On nous demande de promouvoir la prévention, mais en supprimant ces tests, on envoie un message contradictoire », déplore-t-il.

Au-delà de l’impact financier, c’est surtout la dimension sanitaire de cette décision qui inquiète les experts. Les tests antigéniques ne sont pas seulement utilisés pour le Covid-19. Grâce à des versions dites triplex, ils permettent aussi de détecter d’autres virus respiratoires comme la grippe ou le VRS (virus respiratoire syncytial).

Ces TROD sont particulièrement utiles pour :

  • Suivre les épidémies : ils aident à surveiller la circulation des virus en temps réel, un rôle qui était auparavant assuré par le système SI-DEP durant la pandémie.
  • Orienter les patients : en cas de test positif, les pharmaciens peuvent conseiller les bons gestes à adopter pour limiter la transmission.
  • Lutter contre l’antibiorésistance : comme l’explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ces tests évitent de prescrire des antibiotiques inutiles, notamment pour des angines virales.

Pour tenter de faire changer d’avis le gouvernement, les syndicats de pharmaciens se mobilisent. L’USPO a récemment adressé un courrier au Premier ministre pour demander que la prise en charge des tests antigéniques Covid soit inscrite dans le droit commun.

De son côté, la FSPF a lancé une enquête nationale auprès des pharmaciens. Objectif : recueillir des témoignages sur l’utilité des tests dans leur exercice quotidien et démontrer leur importance pour la santé publique.

Les premiers efforts ont déjà porté leurs fruits : face à la pression des syndicats, le ministère de la Santé a accepté de prolonger temporairement le remboursement des tests durant l’épidémie de grippe, jusqu’au printemps.

Cette situation met en lumière un problème plus large : le manque de vision à long terme en matière de prévention. Les professionnels de santé rappellent que les tests antigéniques sont bien plus qu’un simple outil de dépistage. Ils sont une arme pour prévenir les épidémies, mieux orienter les patients et protéger les populations fragiles.

« Supprimer leur prise en charge, c’est affaiblir notre capacité à surveiller et à agir rapidement face aux virus », alerte Philippe Besset.

Si la fin du remboursement des tests peut sembler anecdotique, elle soulève une question cruciale : quelle place accordons-nous à la prévention dans notre système de santé ? Dans un contexte où de nouvelles épidémies pourraient émerger, la décision de dérembourser ces tests semble aller à contre-courant des priorités sanitaires.

Les syndicats espèrent que leurs efforts convaincront les autorités de réintégrer la prise en charge des tests antigéniques Covid dans le droit commun. Affaire à suivre.

À SAVOIR 

Les tests antigéniques permettent d’identifier rapidement les infections et de réduire les chaînes de transmission virale. Ils complètent les tests RT-PCR, reconnus comme la méthode de référence pour la détection de la Covid-19.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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