Les Hospices Civils de Lyon franchissent un nouveau pas vers la médecine de demain en inaugurant, ce vendredi 7 février, une plate-forme de bioproduction de thérapies géniques et cellulaires au coeur de l’Hôpital Édouard-Herriot, à Lyon. Ces traitements révolutionnaires destinés aux maladies touchant au système immunitaire, jusqu’ici conditionnés à une fabrication à l’étranger, participent au positionnement de la France comme leader en biothérapies innovantes. Reste un écueil, et non des moindres, le coût majeur de ces traitements du futur…
Il ne s’agit pas de science-fiction, mais d’une technologie éprouvée depuis plusieurs années par les équipes des Hospices Civils de Lyon. Cette médecine miracle a un nom : les thérapies géniques et cellulaires, qui consistent à prélever des cellules malades sur le patient, à les traiter ou à les modifier génétiquement avant de les réinjecter pour qu’elles fonctionnent convenablement, voire qu’elles remplacent les cellules endommagées.
Depuis 2017, les HCL ont développé une expertise pionnière dans l’usage de ces biothérapies, notamment pour le traitement de cancers jusqu’ici considérés comme incurables, comme le cancer du sang.
Et le champ d’application de ces thérapeutiques du futur est immense : elles pourraient en effet améliorer sensiblement le traitement de nombreuses pathologies liées à un dysfonctionnement du système immunitaire et, selon le Pr Sébastien Viel, chercheur et pharmacien aux HCL, “espérer changer la donne pour les patients en impasse thérapeutique” pour lymphomes, VIH, hépatite virale, syndrome du “bébé-bulle”, polyarthrite, lupus et même rejet de greffes…
Une production de thérapies géniques et cellulaires autonome
Mais cette médecine du futur reste complexe. La France accuse un certain retard en la matière et le circuit de production de ces biothérapies passait jusqu’ici forcément par l’étranger (États-Unis ou Angleterre). Avec à la clé des délais et, surtout, des surcoûts très limitants.
L’État a fait de l’autonomie en matière de biothérapies géniques et cellulaires l’un des principaux enjeux de son plan Innovation Santé 2030, financé par un investissement de 800 millions d’euros destinés à faire du pays l’un des leaders mondiaux en production de biothérapies innovantes.
À Lyon, les Hospices Civils de Lyon participent clairement à ce défi, fort de leur savoir-faire, mais également du déploiement d’équipements de pointe. Les HCL ont en effet inauguré le 7 février 2025 leur propre plate-forme de production de biothérapies au sein de l’hôpital Édouard-Herriot.
Cette unité se compose de trois salles dites “blanches” (strictement isolées pour contrer les contaminations externes), permettant la fabrication et la conservation de cellules et de tissus, et dotées d’un automate ultra-moderne capable d’effectuer la modification génétique des cellules concernées.
Biothérapies innovantes et maladies incurables : “nous visons la guérison définitive”
À titre d’exemple, la production intra-muros de CAR-T cells, thérapie cellulaire utilisée pour le traitement de cancers du sang, permettrait d’assurer des délais plus courts, ce qui n’est pas neutre lorsque le facteur-temps est primordial dans l’évolution de l’état d’un patient, une efficacité renforcée et un coût largement moindre (70 000€ environ par patient, contre 270 000€ actuellement via la production à l’étranger).
Autre perspective probante, entre autres, celle des traitements des maladies génétiques de l’enfant, tel le lupus, lié au dysfonctionnement d’un gène bien spécifique : “Ces enfants qui souffrent de pathologies qu’on ne sait pas guérir aujourd’hui sont forcés de prendre, à vie, des traitements qui ont des effets secondaires très lourds”, témoigne ainsi le Pr Alexandre Belot, rhumatologue pédiatre à l’HFME de Lyon. “En parvenant à modifier l’anomalie génétique en cause dans leurs cellules, c’est véritablement la guérison définitive de ces enfants que nous visons !”
Ces exemples révèlent à quel point cette avancée lyonnaise marque une étape fondamentale dans les traitements de demain. L’appareil a été installé courant novembre. Mais en attendant de mesurer de tels progrès porteurs d’espoirs, il doit d’abord obtenir l’agrément des autorités sanitaires.
Des demandes de financement sont en cours et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) doit également déterminer quels essais cliniques pourront être réalisés. Les premières applications concrètes de la nouvelle technologie sont attendues “début 2027”, selon le Pr Viel.
À SAVOIR
La plate-forme d’immunothérapies innovantes des Hospices Civils de Lyon a été baptisée ARTEMIS, pour Application et Recherche en Tissus, cEllules et Médicaments InnovantS). Cette unité ultra-moderne a été développée avec le soutien de la Fondation HCL, qui a financé les travaux à hauteur de 506 000€.
