Des scientifiques qui surveillent la propagation de la grippe aviaire.
Les scientifiques sont de plus en plus préoccupés par la possibilité d'une transmission de la grippe aviaire de l'animal à l'humain. © Adobe Stock

Née de la fusion de trois écoles, dont la toute première école vétérinaire du monde, VetAgro Sup Lyon s’est imposée comme une référence dans la formation vétérinaire et agronomique en France. Ce campus unique, basé à Marcy-l’Étoile, fête cette année ses 15 ans d’existence. L’occasion de revenir sur le rôle majeur joué par l’établissement dans l’enseignement et la recherche en santé animale, mais aussi dans la prévention des maladies infectieuses comme la grippe aviaire avec Mireille Bossy, sa directrice générale de VetAgro Sup, invitée de l’émission Votre Santé du mardi 11 février 2025. 

Depuis quinze ans, VetAgro Sup, installé à Marcy l’Étoile (Rhône), forme les vétérinaires de demain avec une approche pluridisciplinaire. Cette école, issue de la fusion de trois établissements, ne se contente pas d’enseigner la médecine animale. Elle forme aussi des ingénieurs agronomes et des inspecteurs en santé publique vétérinaire, qui assurent la sécurité alimentaire et la prévention des maladies animales.

Avec une demande toujours plus forte pour intégrer les formations, VetAgro Sup a dû s’adapter : développement des infrastructures hospitalières, intégration des nouvelles technologies et création de spécialisations vétérinaires. L’école contribue également à la surveillance sanitaire, notamment face à la grippe aviaire.

Comment VetAgro Sup prépare-t-elle les vétérinaires de demain ? Quels sont les défis de la profession et les évolutions de la formation ? Éléments de réponse avec Mireille Bossy, la directrice générale du campus, sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 11 février 2025

Quelles sont les formations dispensées chez VetAgro Sup ?

Nous célébrons les 15 ans de la fusion de trois écoles. L’École nationale vétérinaire de Lyon, la première école vétérinaire au monde fondée au XVIIIe siècle, a fusionné avec une école d’ingénieurs agronomes située sur le campus de Clermont-Ferrand. Plus tard, une troisième école, rattachée au ministère de l’Agriculture, a rejoint l’ensemble. 

Cette dernière forme les inspecteurs de la santé publique vétérinaire, des agents de l’État qui travaillent aux côtés des préfets pour assurer la sécurité de la chaîne alimentaire, de l’abattoir à l’assiette, en passant par la surveillance des maladies infectieuses dans les élevages.

Être vétérinaire, est-ce encore un métier qui attire les jeunes ?

Oui. Ce métier intéresse toujours autant les jeunes. Chaque année, plusieurs milliers de candidats postulent pour intégrer les quatre écoles vétérinaires publiques françaises, qui accueilleront chacune 180 étudiants, y compris celle de Lyon. 

Une cinquième école privée a également ouvert ses portes il y a trois ans.

Allez-vous développer de nouvelles structures hospitalières pour former les jeunes ?

Oui. Le campus de Marcy-l’Étoile, qui forme des vétérinaires, accueille un nombre croissant d’étudiants. Pour les préparer à la pratique clinique, il faut les former aux gestes techniques, ce qui nécessite des hôpitaux adaptés.

Le site dispose de trois hôpitaux : un pour les animaux de compagnie, un pour les équins (chevaux) et un pour les animaux de rente (vaches, moutons, cochons). Ces structures reçoivent du public, des éleveurs et des propriétaires d’animaux domestiques. Cela permet aux étudiants de perfectionner leurs compétences, comme dans un centre hospitalier universitaire humain.

Avec l’augmentation du nombre d’étudiants, il est indispensable d’attirer davantage de clients et d’adapter la taille de nos hôpitaux en conséquence. De plus, le besoin en technologies avancées grandit, ce qui nous pousse à repenser constamment notre pédagogie et nos outils.

Est-il possible de choisir une spécialité ?

Bien sûr. Comme les études de médecine humaine, notre école forme des vétérinaires généralistes. Une fois diplômés, les étudiants peuvent choisir de se spécialiser. 

C’est au travers d’un collège européen, d’une reconnaissance européenne, que l’on forme les mêmes spécialités qu’un humain, des cardiologues, des dermatologues, des nutritionnistes, des chirurgiens, des médecins internes…  

Est-ce que la grippe aviaire est un sujet qui vous inquiète et qui vous concerne ?

La grippe aviaire est un enjeu majeur de l’approche One Health. Cette notion de One Health est une thématique qui est largement déployée et qui est l’ADN de VetAgro Sup. La grippe aviaire illustre parfaitement l’approche transversale et pluridisciplinaire de VetAgro Sup, un campus à la fois vétérinaire et agronomique, où des chercheurs spécialisés travaillent sur cette problématique.

La maladie, connue sous le nom d’influenza aviaire hautement pathogène, a provoqué ces dernières années de nombreux foyers en élevage, entraînant l’abattage de plusieurs millions de canards et de volailles. Jusqu’en 2022-2023, la France a recensé 1 400 foyers en une seule année. Ce qui a conduit au déploiement d’une campagne de vaccination pour empêcher la transmission du virus à l’homme. 62 millions de canards ont ainsi été vaccinés l’an dernier.

Aujourd’hui, on surveille donc la transmission de l’animal à l’homme. Pour l’instant, il n’existe pas de contamination d’homme à homme, mais cette possibilité inquiète fortement. Il faut donc surveiller de près l’évolution de la situation. 

Cette possible transmission de virus de l’animal à l’homme n’est-elle pas similaire à la pandémie de Covid-19 ? 

Oui. Ce risque de passage de l’animal à l’homme nous rappelle des mauvais souvenirs du Covid-19. On craint que l’influenza aviaire ne soit la future pandémie

C’est pour cela qu’aujourd’hui, grâce à l’expérience du Covid, médecins et vétérinaires savent mieux partager leurs informations et leurs moyens de lutte. Ils sont désormais mieux préparés et déploient d’importants dispositifs : tests, dépistages, sensibilisation, stocks de vaccins et d’antiviraux. L’objectif principal reste la prévention, notamment grâce à un dépistage massif, pour éviter qu’une nouvelle pandémie ne se déclenche.

Retrouvez ici le replay de l’émission Votre Santé du 11 février 2025

À SAVOIR

La toute première école vétérinaire au monde a vu le jour à Lyon en 1761, sous l’impulsion de Claude Bourgelat (1712-1779), écuyer en chef de Louis XV et expert en médecine des chevaux, à une époque où les épidémies faisaient des ravages dans les élevages, mettant en péril l’agriculture et l’économie.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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