Une femme qui a peur.
La peur ne serait plus une émotion insurmontable : reste toutefois à apprendre à maîtriser le mécanisme qui permet de l'atténuer. © Adobe Stock

Notre cerveau est programmé pour réagir à la peur, mais il sait aussi l’apprivoiser. Des chercheurs britanniques ont découvert un mécanisme clé qui nous permet de surmonter nos angoisses et de différencier un vrai danger d’une simple inquiétude. Une avancée qui pourrait révolutionner la prise en charge des phobies et des troubles anxieux. Explications.

La peur est une émotion universelle et vitale. Elle nous protège du danger, nous pousse à fuir face à une menace et nous maintient en vie. Mais parfois, cette peur devient envahissante, irrationnelle, voire handicapante. Alors, comment notre cerveau apprend-il à surmonter sa peur ? 

Des chercheurs britanniques viennent de mettre en lumière un mécanisme fascinant qui explique comment nous apprenons à calmer notre instinct face à une situation non dangereuse. Une découverte qui pourrait ouvrir de nouvelles pistes pour traiter les troubles anxieux.

Une étude sur des souris révèle le rôle du cerveau dans la gestion de la peur

Pour mieux comprendre comment notre cerveau gère la peur, une équipe de l’University College de Londres a mené une expérience sur des souris. L’objectif était d’observer leur réaction face à un stimulus visuel menaçant. Une ombre passant au-dessus d’elles qui imite un prédateur en chasse.

Au début, les souris réagissaient instinctivement en se figeant ou en se cachant. Mais au fil du temps, en l’absence de réel danger, elles ont appris à ne plus avoir peur. Cette capacité d’adaptation repose sur une zone spécifique du cerveau : le noyau géniculé ventrolatéral (vLGN).

Le rôle du vLGN : un frein à la peur excessive

Le vLGN agit comme un filtre qui permet au cerveau de distinguer une vraie menace d’un faux danger. Lorsque nous sommes exposés plusieurs fois à un stimulus non menaçant, cette zone inhibe la réponse de peur automatique. En d’autres termes, elle nous aide à relativiser et à ne pas réagir de façon excessive à certaines situations.

Cette découverte est capitale car elle met en évidence un circuit cérébral qui pourrait être ciblé pour aider les personnes souffrant de troubles anxieux, comme le stress post-traumatique ou les phobies.

L’exposition progressive : un entraînement pour le cerveau

Si notre cerveau a la capacité naturelle de désactiver la peur face à une situation non menaçante, nous pouvons exploiter ce mécanisme pour mieux gérer nos angoisses. L’étude menée sur les souris montre que plus on est exposé à un stimulus anxiogène sans conséquence négative, plus la peur s’atténue. Ce principe est utilisé en thérapie d’exposition, une approche éprouvée pour traiter les phobies et l’anxiété.

L’idée est d’affronter progressivement ce qui nous fait peur, par étapes, pour aider notre cerveau à comprendre que la situation n’est pas dangereuse.

La respiration et la relaxation : calmer le système nerveux

Lorsqu’on a peur, notre corps réagit immédiatement : notre cœur s’emballe, notre respiration s’accélère, et notre corps se met en tension. Cette réaction est déclenchée par le système nerveux sympathique, qui active la réponse “fight or flight” ou  “combat ou fuite”. Mais nous avons la capacité de rééquilibrer cette réponse grâce au système nerveux parasympathique, qui favorise l’apaisement.

Testez la respiration en cohérence cardiaque : inspirez 5 secondes, expirez 5 secondes, et répétez pendant 5 minutes. Une méthode scientifiquement prouvée pour réduire l’anxiété.

Recadrer ses pensées : apprendre à relativiser

Notre cerveau a tendance à exagérer le danger. Une simple situation anodine peut être interprétée comme une menace extrême. C’est ce qu’on appelle les distorsions cognitives, des biais de pensée qui amplifient la peur et l’anxiété. Et c’est là qu’intervient la thérapie cognitive et comportementale (TCC), une approche qui aide à modifier nos pensées irrationnelles.

Au lieu de penser “Je vais échouer et tout le monde va se moquer de moi”, essayez de vous dire “Je vais faire de mon mieux, et même si je me trompe, ce n’est pas si grave”.

Les recherches sur le vLGN ouvrent des perspectives prometteuses. Mieux comprendre comment notre cerveau désactive la peur pourrait permettre de développer des thérapies et même des médicaments ciblés pour traiter l’anxiété, les phobies ou le stress post-traumatique.

La peur n’est pas notre ennemie. Elle est là pour nous protéger, mais il est essentiel d’apprendre à la contrôler lorsqu’elle devient excessive. 

À SAVOIR 

Bien dormir aide le cerveau à mieux gérer la peur. Pendant le sommeil paradoxal, il trie les souvenirs et atténue les émotions négatives. À l’inverse, un manque de sommeil renforce l’anxiété. En plus des techniques d’exposition et de relaxation, un bon repos est essentiel pour surmonter ses peurs !

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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