l’infertilité peut-elle s’expliquer par notre environnement ?
Les perturbateurs endocriniens présent dans les polluants qui nous entourent seraient responsables d'infertilité. © Freepik

Pesticides, plastiques, produits chimiques… Les polluants qui abondent autour de nous seraient ils responsables de la hausse de l’infertilité dans notre société ? Les recommandations pratiques du Dr Véronique Bied Damon, gynécologue à Lyon, pour limiter l’impact des polluants sur la fertilité.

En France, un couple sur six en moyenne consulte pour un problème de fertilité. On observe en effet chez la femme une hausse importante des troubles liés à l’ovulation, notamment l’insuffisance ovarienne précoce ou encore l’endométriose. Du côté des hommes, cette tendance de l’infertilité se manifeste par une baisse régulière et significative du nombre de spermatozoïdes. Ils sont passés en moyenne selon les normes de l’organisation mondiale de la santé (OMS) de 40 millions par millilitre à seulement 15 millions, en 40 ans.

Cette augmentation de l’infertilité pourrait être directement liée à des causes environnementales. Une exposition et donc une absorption croissante de polluants dont le nombre ne cesse d’augmenter (plus de 100 000 molécules). Les explications du Dr Véronique Bied Damon, gynécologue spécialisée en médecine reproductive au sein du centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) de l’hôpital privé de Natecia, à Lyon.

Comment expliquer l’augmentation de l’infertilité ?

Les causes d’infertilité sont nombreuses et concernent autant les femmes que les hommes. Cette croissance plus ou moins récente des troubles liés à la procréation ne s’explique pas par des facteurs génétiques, biologiques ou anatomiques seuls. Elle semble essentiellement liée à des changements environnementaux. En cause, l’utilisation massive de certains polluants qui agissent par toxicité directe sur notre corps tels que les métaux lourds (mercure, plomb…). Mais aussi et surtout, celle de produits chimiques qui se comportent comme des perturbateurs endocriniens.

Ces perturbateurs endocriniens engendrent un dérèglement hormonal qui entraine une baisse de la fertilité chez la femme à travers des troubles de l’ovulation et du cycle ovulatoire, de l’endométriose et l’augmentation du risque de fausses couches. Chez l’homme, ce dérèglement est responsable d’une baisse du nombre de spermatozoïdes et de leur mobilité.

Quels sont les polluants responsables de l’infertilité ?

Les perturbateurs endocriniens, responsables de l’infertilité sont omniprésents dans l’environnement qui nous entoure. Ils sont de différents ordres et leur mélange produit un effet cocktail qui amplifie leur impact. Ils peuvent contaminer notre organisme via trois portes d’entrée (la bouche, le nez et la peau).

La première porte d’entrée est la bouche soit la voie alimentaire.

Les perturbateurs endocriniens se nichent dans les fruits et légumes contenant des pesticides, les produits industriels via les additifs alimentaires et autres produits chimiques. Ils peuvent également être présents dans la viande du fait de la présence d’antibiotiques et de dioxines. Les emballages des aliments, notamment ceux en plastiques ,sont également porteurs de nombreux polluants.

La seconde voie de contamination est la voie cutanée.

Les fameux parabens et autres produits de synthèse sont présents en grande quantité dans les produits cosmétiques (crèmes, gels douches, déodorants, dentifrices, teintures…) et même ceux pour les bébés ! Ils pénètrent ainsi l’organisme à travers la peau. On les retrouve également sur les vêtements neufs (retardateurs de flamme bromée).

Enfin, le troisième axe de contamination des perturbateurs endocriniens, et non des moindres, concerne les voies respiratoires.

S’il est bien connu que le tabac contient une grande quantité de produits toxiques, ces derniers se cachent aussi dans les produits ménagers, les insecticides, les peintures ou encore les parfums et bougies d’intérieur. Toutes ces substances nocives pénètrent notre organisme via notre nez.  

Quelles sont les conséquences à long terme des perturbateurs endocriniens sur la santé ?

Les conséquences pour l’organisme d’une exposition aux polluants sont nombreuses et sont actuellement en cours d’évaluation. Parmi elles, se trouve le risque d’infertilité mais également celui de développer certaines pathologies dites environnementales (neurodégénératives, inflammatoires, respiratoires, auto-immunes, cancers hormonodépendants…).

Des recherches sont actuellement en cours pour déterminer avec précision les réels effets des perturbateurs endocriniens sur la santé et notamment sur celle du foetus, à l’intérieur du ventre de sa mère. L’exposition aux produits chimiques, même in utero,  pourrait être à l’origine de différentes maladies pouvant se manifester dès la naissance et jusqu’à l’âge adulte. C’est ce que l’on appelle l’empreinte épigénetique sous l’influence de l’environnement. Il s’agit de la modification de l’expression des gènes de l’embryon pendant la vie intra utérine, responsables de fragilité ou de problèmes de santé pouvant se déclarer plus tard.

Comment limiter son exposition aux polluants et protéger sa fertilité ?

Il est important d’insister sur le fait que se protéger soi-même c’est préserver son capital procréatif mais également protéger la santé de ses futurs enfants. Cela est particulièrement vrai chez la femme enceinte. Les perturbateurs endocriniens sont présents tout autour de nous mais il est toutefois possible de limiter notre exposition en adoptant de bonnes habitudes. Les recommandations simples et pratiques suivantes (voir également dans la vidéo ci-dessous), sont ainsi délivrées aux couples souhaitant concevoir ainsi qu’aux femmes pendant leurs grossesses.

– Éviter le tabac , le cannabis et l’alcool.

– Limiter l’usage des insecticides, de spay d’intérieur, de parfums, de bougies et de vernis souvent concentrés en produits chimiques volatiles.

– Faire attention aux étiquettes des produits cosmétiques et ménagers : privilégier les compositions naturelles ou les faire soi-même ou avec éco-labels. Pas de teintures des cheveux pendant la grossesse.

– Aérer régulièrement son intérieur (10 minutes par jour minimum). L’air intérieur est en effet plus pollué que celui de l’extérieur.

– Consommer le plus possible des produits naturels et sans pesticides. Attention également aux aliments riches en graisses animales (porteuses de plusieurs polluants liposolubles comme les dioxines).

– Limiter la consommation de fruits de mers et de poissons gras (thon, saumon) riches en métaux lourds (mercure, plombs) et PCB

– Laver toujours ses vêtements neufs avant de les porter pour limiter le contact avec les colorants et produits chimiques

– Évitez de boire des boissons chaudes dans des gobelets en plastique et de consommer des produits liquides en canettes.

– Ne jamais mettre des emballages plastiques dans le four à micro-ondes : des substances toxiques peuvent être libérées.

– Limiter le temps d’exposition aux ondes électromagnétiques. Évitez de garder les téléphones et ordinateurs portables à proximité des appareils génitaux.

Ces principes de précautions peuvent être adoptés dès le plus jeune âge pour permettre ainsi la prévention des risques d’infertilité.

À SAVOIR

Le centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) de l’hôpital privé de Natecia organise des ateliers de prévention pour les couples rencontrant des problèmes de fertilité et les femmes enceintes. Ces séances sont gratuites et ouvertes à tous. des conseils pratiques de la vie quotidienne y sont délivrés pour préserver sa fertilité des perturbateurs endocriniens et protéger le futur bébé. (Plus d’informations sur leur site internet : www.natecia.fr .) 

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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