Une femme touchée par une mort subite à cause de sa prise d'antidépresseurs
Les antidépresseurs agissent sur la sérotonine et la noradrénaline, ce qui peut aussi perturber l’activité électrique du cœur et favoriser des troubles du rythme cardiaque. © Adobe Stock

Près d’un Français sur dix consomme des antidépresseurs, souvent sans mesurer les effets à long terme. Une récente vague d’études alerte sur un lien inquiétant entre ces médicaments et un risque accru de mort subite. Décryptage.

On les connaît bien : Prozac, Deroxat, Seroplex ou encore Effexor… Les antidépresseurs font partie du quotidien de millions de Français, et leur prescription a explosé ces dernières années. Entre 2010 et 2021, leur consommation a augmenté de 62 %, selon les données de l’Assurance maladie.

Ils sont utiles, parfois indispensables. Mais faut-il s’en méfier ? Depuis peu, une série d’études pointe du doigt leur impact potentiel sur le rythme cardiaque, et surtout, le risque de mort cardiaque subite

Une surmortalité cardiaque bien documentée

Selon une méta-analyse publiée dans le British Journal of Psychiatry, la prise prolongée d’antidépresseurs est associée à une augmentation du risque de mortalité toutes causes confondues de 33 %, et à une hausse de 14 % de la mortalité cardiovasculaire.

Plus récemment, lors du congrès EHRA 2025 (European Heart Rhythm Association), les experts ont alerté sur les effets pro-arythmiques de certains antidépresseurs, notamment les tricycliques et, dans une moindre mesure, les ISRS. Ces médicaments peuvent perturber l’activité électrique du cœur et favoriser des troubles du rythme, comme la tachycardie ventriculaire, qui peuvent, dans certains cas, conduire à une mort subite.

Ces risques concernent surtout les personnes souffrant de comorbidités cardiovasculaires, ou celles prenant plusieurs traitements en parallèle.

Quels médicaments sont concernés ?

Les antidépresseurs les plus souvent mis en cause sont :

  • Les tricycliques (comme l’Anafranil ou Laroxyl) : efficacité prouvée, mais de lourds effets secondaires.
  • Les ISRS (comme Seroplex, Prozac) : mieux tolérés mais pas sans risques.
  • Les IRSN (comme Effexor) : associés à une augmentation du risque de QT long, un trouble électrique cardiaque pouvant provoquer un arrêt cardiaque soudain.

Selon l’étude publiée par Melty.fr, la prise de certains antidépresseurs doublerait le risque de mort subite, particulièrement en cas de surdosage ou de consommation prolongée.

Une question de gestion des neurotransmetteurs

Les antidépresseurs modifient les taux de neurotransmetteurs comme la sérotonine ou la noradrénaline. Ces substances ont des effets sur le cerveau, mais aussi sur le cœur. En perturbant la transmission des signaux électriques, ces molécules peuvent induire :

  • Un allongement de l’intervalle QT à l’ECG (électrocardiogramme)
  • Des arythmies (battements irréguliers)
  • Une bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque)

Ces troubles peuvent, dans certains cas, provoquer une fibrillation ventriculaire, une arythmie fatale si elle n’est pas prise en charge immédiatement.

Qui est le plus à risque ?

Bien évidemment, ceux qui en prennent. Mais certaines populations sont particulièrement vulnérables aux effets secondaires des antidépresseurs.

  • Les personnes âgées (métabolisme plus lent, cœur fragile)
  • Celles souffrant déjà de problèmes cardiaques
  • Les patients polymédiqués (interactions médicamenteuses fréquentes)
  • Les personnes sujettes aux troubles du rythme cardiaque (même mineurs)

Toujours demander un bilan cardiaque avant de commencer un traitement antidépresseur, surtout si vous avez des antécédents familiaux.

Pas de panique. Il ne s’agit pas d’arrêter votre traitement du jour au lendemain. Le danger, c’est surtout de banaliser ces médicaments.

  • Ne jamais arrêter sans avis médical.
  • Parler à votre médecin des effets secondaires éventuels.
  • Demander un électrocardiogramme de contrôle régulier.
  • Éviter l’automédication ou les mélanges de psychotropes sans suivi.

Pour les formes modérées de dépression, ou en accompagnement d’un traitement médicamenteux, d’autres solutions existent :

Les antidépresseurs sauvent des vies. Mais comme tout médicament, ils comportent des effets secondaires, parfois graves. La mort subite médicamenteuse n’est pas une fiction, mais un risque rare qu’il faut connaître, pour mieux l’éviter.

Rester informé, poser les bonnes questions à son médecin, et surveiller sa santé cardiaque.

À SAVOIR 

Les antidépresseurs ont été découverts par accident, l’iproniazide en 1957 et imipramine en 1955. Autrefois réservés à la dépression sévère, les antidépresseurs sont aujourd’hui prescrits pour les troubles anxieux.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

1 COMMENTAIRE

  1. LoL, arrêtez de faire peur aux gens. Si les professionnels de santé ont prescrit ces médicaments, c’est que le patient ne risque absolument rien. Chacun son domaine, merci.

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