Souvent mal compris, parfois stigmatisés, les troubles bipolaires touchent environ 1,6 % de la population française, selon l’INSERM. Cette pathologie psychique, marquée par des phases extrêmes d’exaltation et de dépression, bouleverse le quotidien. Pourtant, il est possible de vivre pleinement avec, à condition d’être bien accompagné.
Le trouble bipolaire est une maladie mentale chronique caractérisée par des variations anormales et intenses de l’humeur. Ces variations prennent la forme de deux phases principales : la phase dépressive, marquée par une grande tristesse, une perte d’intérêt, une fatigue intense ; et la phase maniaque (ou hypomaniaque), durant laquelle la personne peut se sentir euphorique, suractive, parfois désinhibée ou impulsive.
Ces épisodes peuvent durer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, et entraîner de vraies difficultés dans le quotidien. En l’absence de diagnostic ou de traitement adapté, les conséquences peuvent être lourdes : isolement social, perte d’emploi, hospitalisations fréquentes.
Dix ans pour comprendre : l’errance silencieuse des troubles bipolaires
Un diagnostic souvent tardif
Selon la Haute Autorité de santé, il faut en moyenne près de 10 ans entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic définitif. Cette errance diagnostique s’explique par la diversité des manifestations, la confusion possible avec d’autres pathologies (comme la dépression unipolaire) et un manque de formation des professionnels de santé aux troubles de l’humeur.
Un diagnostic précoce est pourtant essentiel. Il permet de limiter les rechutes, de réduire les hospitalisations et de prévenir les complications, notamment les risques suicidaires, qui restent très élevés chez les personnes atteintes.
Une prise en charge pluridisciplinaire
Le traitement du trouble bipolaire repose sur une approche globale. Il associe :
- Un traitement médicamenteux, généralement basé sur des thymorégulateurs (comme le lithium), des antipsychotiques atypiques ou, selon les cas, des antidépresseurs.
- Un suivi psychothérapeutique, souvent de type psychoéducation, thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ou thérapie interpersonnelle, visant à mieux comprendre la maladie, anticiper les rechutes et renforcer les capacités d’adaptation.
- Des règles d’hygiène de vie, incluant régularité du sommeil, limitation des excitants, gestion du stress et surveillance des rythmes biologiques.
La coordination entre psychiatre, médecin généraliste et psychologue est essentielle pour un suivi efficace.
Briser les clichés et affiner les diagnostics : la double mission des centres experts
Le rôle central des centres experts
En France, la Fondation FondaMental a mis en place un réseau de centres experts bipolaires. Ces structures proposent une évaluation approfondie, fondée sur des protocoles standardisés, et une orientation vers des soins adaptés. Ils représentent aujourd’hui une ressource précieuse pour les patients en errance diagnostique ou en échec thérapeutique.
Ces centres participent également à la recherche clinique, avec des avancées prometteuses sur les liens entre inflammation, génétique et troubles de l’humeur.
Mieux sensibiliser pour mieux accompagner
Malgré des progrès notables, les troubles bipolaires restent encore mal connus du grand public. Ils sont souvent associés à des représentations erronées : instabilité émotionnelle, dangerosité, génie artistique… Ces clichés alimentent la stigmatisation et freinent l’accès aux soins.
Sensibiliser la société à ces réalités, former les professionnels, et intégrer plus largement la santé mentale dans les politiques publiques sont autant de leviers pour améliorer la prise en charge.
Une pathologie lourde, mais pas une fatalité
Le trouble bipolaire est une maladie sérieuse, mais non insurmontable. Grâce aux traitements disponibles, à un suivi rigoureux et à un accompagnement personnalisé, de nombreuses personnes parviennent à stabiliser leur humeur et à mener une vie équilibrée. La clé réside dans la continuité des soins, la prévention des rechutes, et un regard bienveillant, débarrassé des tabous.
À SAVOIR
Selon l’Inserm, les personnes atteintes de troubles bipolaires ont une espérance de vie réduite d’environ 10 ans, principalement en raison des risques de conduites suicidaires et de comorbidités somatiques telles que les maladies cardiovasculaires.