Vous avez du mal à vous lever le matin ? Et ça venait d’un décalage avec votre horloge biologique ? Encore peu connue, cette fameuse horloge est pourtant au cœur de notre équilibre. Suivre son rythme circadien est bien plus qu’une tendance santé : c’est un vrai levier pour mieux dormir, mieux manger, et prévenir certaines maladies. On vous explique.
On ne s’en rend pas forcément compte, mais notre corps vit au rythme d’un cycle bien précis de 24 heures. Ce rythme circadien (du latin circa diem, “environ un jour”) agit comme une horloge biologique interne. Il régule nos phases d’éveil et de sommeil, mais aussi la température corporelle, la digestion, la production d’hormones, l’appétit… Bref, il pilote quasiment tout.
À la manœuvre ? Une petite structure nichée dans notre cerveau, au niveau de l’hypothalamus. Elle s’appelle le noyau suprachiasmatique et fonctionne comme une tour de contrôle. Elle reçoit notamment les signaux lumineux de notre environnement (via la rétine), qui l’aident à synchroniser toutes nos fonctions biologiques.
Ce rythme est si puissant que même en l’absence de montre, de téléphone ou de réveil, notre corps saurait plus ou moins quelle heure il est.
Rythme circadien : un subtil équilibre entre hormones et lumière
Au cours de la journée, notre corps sécrète différentes hormones qui suivent des cycles précis.
- La mélatonine, surnommée “hormone du sommeil”, est produite dès que la lumière baisse, en début de soirée. Elle atteint son pic entre 3 h et 4 h du matin.
- Le cortisol, “hormone du réveil”, prend le relais à l’aube. Elle nous aide à nous sentir plus alerte.
- La ghréline, qui stimule la faim, est libérée à des horaires réguliers (en moyenne vers 8 h, 13 h et 18 h).
- La leptine, hormone de la satiété, monte en flèche en soirée.
- L’insuline et l’adiponectine régulent notre métabolisme : l’une stocke l’énergie, l’autre la dépense.
Ce que ça signifie concrètement : notre corps est programmé pour manger le jour et se reposer la nuit. Perturber ce cycle, c’est comme forcer un orchestre à jouer sans chef : ça finit en cacophonie.
Pourquoi on vit souvent en décalage… et à quel prix ?
Avec nos emplois du temps à rallonge, nos écrans jusqu’à minuit et nos dîners tardifs, on finit souvent par vivre à contretemps. Et ça, notre corps n’aime pas du tout.
Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, près de 20 % des Européens travaillent la nuit ou en horaires décalés. Or, le travail de nuit est associé à :
- une baisse de la production de mélatonine ;
- des troubles du sommeil ;
- un risque de maladies cardiovasculaires, d’obésité et de diabète de type 2.
Même les comportements du quotidien peuvent dérégler notre horloge :
- Manger après 21 h favorise le stockage des graisses (surtout si c’est du sucré ou du gras).
- Sauter le petit-déj’, alors qu’on est en pleine production de cortisol, déséquilibre le métabolisme.
- Faire la grasse mat’ le week-end crée un “jetlag social” (un vrai terme scientifique !), qui dérègle notre rythme hebdomadaire.
Adopter un rythme plus naturel : facile et bénéfique
Pas besoin de tout chambouler pour remettre son horloge à l’heure. Il vous suffit de vous réorganiser.
- Mangez à des heures fixes (et pas trop tard) : essayez de prendre vos repas entre 8 h et 20 h, en évitant les grignotages du soir. C’est à ces heures-là que notre corps sait le mieux gérer l’énergie.
- Éteignez les écrans le soir : la lumière bleue bloque la production de mélatonine. Préférez un livre papier ou une lumière douce avant le coucher.
- Dormez régulièrement : fixez une heure de coucher et de lever, même le week-end. Votre corps adore la routine.
- Respectez les saisons : en hiver, on dort un peu plus. En été, on profite de la lumière. C’est naturel, et bon pour la santé.
Retrouver un bon rythme circadien, c’est remettre un peu d’ordre dans notre quotidien. Ce n’est pas une question de mode, mais de physiologie. Plusieurs études, comme celles publiées dans The Lancet ou Sleep Medicine Reviews, confirment que respecter son horloge biologique réduit les risques de diabète, de maladies cardio-vasculaires et d’obésité.
À SAVOIR
Des chercheurs de l’Université de Stanford ont démontré que nos capacités cognitives varient au cours de la journée en fonction de notre rythme circadien. Nous sommes plus concentrés et performants le matin, entre 9 h et 11 h, période où le cortisol (hormone de vigilance) est naturellement élevé. En revanche, les performances chutent après le déjeuner, notamment entre 14 h et 16 h, lors d’une baisse naturelle de vigilance.