Une petite fille en proie à ses premiers troubles de l'apprentissage.
Si le diagnostic est souvent posé au CP, il est possible de détecter de premiers signes d'un éventuel trouble de l'apprentissage dès la maternelle, voire à la crèche. © Depositphotos/kdshutterman

Dyslexie, dysgraphie, TDAH… 5% des enfants développent des troubles de l’apprentissage, qui conditionnent leur scolarité et leur construction jusqu’à l’âge adulte. Et parce que leur détection précoce, première étape vers une prise en charge adaptée, favorisera toujours un meilleur épanouissement, il est essentiel de rester attentifs aux premiers signes. En attendant le diagnostic, ces observations doivent permettre aux parents de les distinguer de simples difficultés passagères, de développer une attention particulière et d’accompagner au mieux leur enfant dans le contrôle de ce trouble. Les explications de Marie Costa, coach parentale certifiée à Lyon (Rhône).

Vers quel âge les troubles de l’apprentissage peuvent être détectés ?

Il est possible de repérer certains signes durant la maternelle, mais c’est généralement à l’entrée au CP, voire en CE1 que le diagnostic pourra être poser. Avant l’âge scolaire, c’est compliqué, même si le passage en crèche peut soulever quelques questions. Un médecin, en tout cas, attendra pour se prononcer.

Pour quelles raisons ?

Parce qu’il est essentiel de faire la différence entre un simple retard pour acquérir la marche ou la parole, une difficulté passagère comme un bégaiement, et un véritable trouble de l’apprentissage. Chez certains enfants, les développements et acquisitions prennent plus de temps que pour d’autres, et il faut donc se garder d’émettre des jugements trop hâtifs.

Ces troubles de l’apprentissage sont-ils courants ?

Les troubles de l’apprentissage sont fréquents, et certains enfants en présentent plusieurs. C’est le cas des TDA/H (troubles du développement de l’apprentissage avec ou sans hyperactivité, souvent associé à un ou deux autres symptômes.

Quels sont les principaux troubles que l’on retrouve chez les petits ?

D’abord, toute la famille des ‘’dys’’, avec les troubles du langage oral (dyslexie, dysphasie…), les troubles du langage écrit (dysgraphie, dysorthographie), la dyscalculie… Les autres troubles ‘’classiques’’ sont le TDA/H qui concerne l’attention, ou encore les troubles des fonctions exécutives, qui caractérisent des difficultés à intégrer une consigne, une tendance à répéter les erreurs ou le fait de développer des comportements inappropriés…

Certains enfants sont-ils plus à risque ?

Un trouble de l’apprentissage est souvent génétique. S’il y a des cas dans l’entourage de l’enfant, et notamment s’ils en ont développé eux-mêmes dans leur enfance, les parents doivent se mettre en alerte. Ils seront plus à même de voir s’il y a un décalage avec les autres enfants.

Quels sont les signes qui ne trompent pas ?

Le premier signe, c’est le ‘’trop’’ : mon enfant est ‘’trop’’ rêveur, ‘’trop’’ distrait, ‘’trop’’ maladroit… Cela doit déjà mettre la puce à l’oreille. Le plus simple, ensuite, est de comparer l’enfant aux autres. Il faut être attentif aux remarques du personnel de la crèche ou de l’enseignant qui, lui, est à même de le comparer avec un groupe d’enfants du même âge.

Et si les enseignants n’ont pas déjà alerté l’attention des parents, le médecin scolaire, au moment de la visite médicale préalable à l’entrée en CP, pourra aussi détecter si un enfant entend mal, coordonne mal ses actions, bégaie… Tout cela servira de socle à la pose d’un diagnostic.

Comment réagir en cas de suspicion ?

Il faut d’abord tenter d’identifier les causes du trouble, qui peut être lié à un contexte (un problème familial, du harcèlement…), à des émotions (timidité, peur de rater, anxiété…), à une maladie ou un handicap (mauvaise audition ou vision, retard intellectuel…)

Une fois toutes les autres pistes écartées, on peut alors envisager que l’on est face à un véritable trouble de l’apprentissage et se tourner vers les bons spécialistes, qui mettront en place une prise en charge le plus souvent pluridisciplinaire.

Comment se traduira cette prise en charge ?

Le médecin généraliste vérifiera si tout est normal sur le plan physiologique. Ensuite, un rendez-vous avec le personnel éducatif (crèche ou école) permettra d’établir une comparaison avec les comportements à la maison.

Un psychologue scolaire pourra être sollicité pour une observation particulière en classe, voire de premiers tests psychomoteurs. Le recours à des spécialistes dépendra ensuite du trouble : orthophoniste, neuropédiatre, psychomotricien, ergothérapeute, orthoptiste, psychologue…

Comment les parents peuvent-ils aider leur enfant ?

En s’adaptant à ses spécificités, et ce même avant la confirmation d’un diagnostic. Si l’enfant semble maladroit, en lui proposant des couverts adaptés, une brosse à dents à ventouse, des baskets à scratchs… S’il a du mal à s’exprimer, en prenant le temps de l’écouter. S’il a des difficultés à lire, en lui faisant écouter des livres audios et en lisant avec lui. S’il manque d’attention, en lui proposant des pauses actives (jeux, sport…) et en mettant en place des routines…

Les parents ont un rôle majeur : ils doivent soutenir leur enfant même s’il ne réussit pas comme les autres, le pousser vers des activités qui mettront en valeur d’autres compétences…

À SAVOIR

Marie Costa est coach parental certifié à Lyon. Elle vient notamment de publier “Mon enfant ne veut plus aller à l’école”, aux éditions DBS (parution le 14 août 2024).

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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