
Un coupe-faim “nouvelle génération” vient de faire ses débuts mondiaux en Chine. De quoi bouleverser la donne dans le traitement de l’obésité, à l’heure où le marché explose et les attentes aussi. Décryptage.
Fini les pilules miracles, les régimes yo-yo et les infusions minceur douteuses. Avec l’arrivée tonitruante de l’Ozempic et du Wegovy (analogues du GLP-1 initialement conçus pour le diabète mais détournés pour combattre l’excès de poids), le paysage de la perte de poids a radicalement changé.
La Chine, mastodonte démographique et nouvel eldorado pharmaceutique, vient de dégainer un nouveau médicament coupe-faim, présenté comme de nouvelle génération : le mazdutide. Et plutôt que d’attendre patiemment l’avis des agences occidentales, Pékin a donné son feu vert. Premier au monde. Rien que ça.
Perdre du poids par injection, l’avenir du régime ?
Ce nouveau médicament coupe-faim, c’est quoi au juste ?
Le mazdutide, développé par le géant américain Eli Lilly, a été licencié dès 2019 au laboratoire chinois Innovent Biologics, qui détient les droits exclusifs pour la Chine. Fabriqué localement, il se présente sous forme d’injection hebdomadaire.
Sa particularité ? Il ne se contente pas de copier l’effet du GLP-1. Il va plus loin avec un double mécanisme d’action :
- GLP-1 : il coupe l’appétit, ralentit la digestion et agit sur la satiété.
- Glucagon : il stimule la dégradation des graisses, notamment dans le foie.
Ce duo d’hormones, déjà utilisé dans certains traitements comme Mounjaro (tirzépatide), permettrait une perte de poids plus marquée, tout en s’attaquant à des complications métaboliques fréquentes chez les personnes obèses (comme la stéatose hépatique).
Et son efficacité ?
Lors d’un essai clinique mené en Chine sur 600 patients souffrant de surpoids ou d’obésité, les résultats ont de quoi faire pâlir les concurrents occidentaux :
- –14,8 % de poids corporel en 48 semaines,
- –11 cm de tour de taille,
- 50,6 % des patients ont perdu plus de 15 % de leur poids,
- Chez les personnes atteintes de stéatose hépatique (au moins 10 % de graisse dans le foie), la perte de graisse hépatique atteint 80,24 %. Oui, vous avez bien lu.
Le tout avec un profil de tolérance jugé bon : les effets secondaires sont proches de ceux des autres GLP-1 (nausées, fatigue, troubles digestifs…).
Pourquoi la Chine lance ce médicament en premier ?
Une urgence de santé publique
Il y a une logique économique… et sanitaire.
- La Chine compte près de 200 millions d’adultes obèses, soit plus d’un Chinois sur sept selon The Lancet.
- Le pays fait face à une explosion du diabète de type 2 et des maladies cardiovasculaires.
- L’obésité pèsera jusqu’à 22 % du budget santé chinois d’ici 2030 si rien n’est fait.
Un marché gigantesque
- La Chine est le plus gros marché pharmaceutique d’Asie.
- Le coût mensuel de l’Ozempic y est environ 10 fois inférieur à celui pratiqué aux États-Unis, ce qui facilite l’accès aux traitements.
Et les brevets des traitements GLP-1 expirent dès 2026, ce qui laisse le champ libre aux géants chinois pour lancer des versions génériques à bas prix.
Une réponse aux traitements occidentaux trop chers ?
En Europe, le Wegovy coûte plus de 300 € par mois. En France, son remboursement est réservé aux patients diabétiques, et encore. Les prescriptions sont rares, les listes d’attente longues, et certains vont jusqu’à commander sur le marché parallèle.
La Chine, elle, propose une alternative locale, plus abordable, avec un système de santé réactif, et une industrie pharma bien décidée à ne pas rester dans l’ombre des Big Pharma occidentales.
Est-ce sans risque ?
Le mazdutide, comme les autres médicaments coupe-faim de nouvelle génération, n’est pas une baguette magique. Il nécessite un cadre médical strict et un accompagnement pluridisciplinaire.
Il est réservé aux patients avec comorbidités (diabète, hypertension, stéatose, etc.) et non encore autorisé pour une simple perte de poids esthétique.
Effets secondaires possibles :
- Nausées, diarrhées, constipation, fatigue,
- Risque d’hypoglycémie chez les diabétiques,
- Contre-indiqué chez les femmes enceintes ou certains patients à risque (cancer du pancréas, thyroïde…).
Vers un tsunami mondial des coupe-faim ?
Le marché des médicaments anti-obésité est en pleine explosion :
- 1,5 milliard d’euros en 2023,
- et une projection à plus de 80 milliards de dollars d’ici 2030 (source : cabinet Clarivate, cité par Les Échos).
Les géants de la pharma (Novo Nordisk, Eli Lilly, Sanofi) s’y livrent une guerre féroce, rejoints par les laboratoires chinois qui combinent efficacité et accessibilité. Ce nouveau médicament coupe-faim chinois pourrait bien bousculer l’ordre établi. Et, au passage, accélérer la démocratisation mondiale de ce type de traitement, notamment dans les pays en développement où l’obésité devient aussi un enjeu majeur de santé publique .
À SAVOIR
Le mazdutide n’est pas un médicament “miracle”. Il doit être prescrit, suivi, et intégré dans un parcours de soin complet. Selon l’OMS et la HAS, les traitements pharmacologiques de l’obésité doivent toujours être accompagnés d’un soutien nutritionnel, psychologique et d’un suivi médical de long terme.







