Une femme qui teste le nouveau vaccin sans piqure.
Vacciner sans piqûre en massant la peau. Cette crème pourrait bientôt soulager les phobiques des aiguilles ! © Adobe Stock

Et si demain, se faire vacciner n’impliquait plus la redoutée piqûre ? Une équipe française, en collaboration avec des chercheurs britanniques, explore une alternative surprenante : appliquer le vaccin sur la peau, simplement par massage. Une découverte prometteuse !.

C’est peut-être une révolution en matière de vaccination. Dans une étude publiée en septembre 2025 dans Cell Reports, des scientifiques de l’Inserm, de l’Institut Curie et du King’s College London ont montré qu’un massage léger, comparable à l’application d’une crème, peut rendre la peau temporairement perméable aux grosses molécules, grâce à l’ouverture transitoire des follicules pileux.

Chez la souris, cette simple stimulation mécanique a permis au vaccin contre la grippe (H1N1) appliqué sur la peau de déclencher une réponse immunitaire adaptative comparable à celle d’une injection intra-musculaire classique.

Vaccin sans piqûre : comment ça marche ?

La peau n’est pas seulement une barrière physique : c’est aussi un organe immunitaire. Lors d’un massage de 20 minutes, les chercheurs ont constaté :

  • une augmentation transitoire de la perméabilité cutanée,
  • l’ouverture des follicules pileux, permettant aux macromolécules de pénétrer,
  • l’activation du système immunitaire chez les souris, déclenchant une réponse protectrice.

Chez l’humain, les expériences menées sur des volontaires ont confirmé que la peau devenait plus perméable après massage. Mais attention : aucune efficacité vaccinale n’a encore été démontrée chez l’homme.

Vaccins sans piqûres : une révolution attendue

La perspective de vacciner sans aiguille suscite un réel intérêt. La peur des aiguilles touche en effet une part non négligeable de la population : jusqu’à 10 % des adultes et plus de 20 % des enfants présentent une peur marquée ou une phobie des injections, selon une méta-analyse publiée dans Journal of Advanced Nursing (2022). Cette appréhension peut freiner la vaccination.

D’autres pistes de vaccination sans piqûre sont déjà à l’étude. Les patchs à micro-aiguilles, testés en Afrique et en Asie, ont montré des résultats prometteurs : un essai clinique en Gambie (2024) a prouvé qu’un patch pouvait induire une protection contre la rougeole et la rubéole, avec une efficacité comparable à l’injection.

L’approche par massage aurait l’avantage d’être encore plus simple : pas de seringue, pas de patch sophistiqué, juste une stimulation mécanique de la peau.

Élodie Segura, directrice de recherche Inserm et co-autrice de l’étude, insiste : « Des tests chez l’humain doivent être réalisés pour confirmer ces résultats observés chez la souris. Il existe des différences bien connues entre les peaux de nos deux espèces. »

Autres points de vigilance :

  • le massage pourrait aussi faciliter la pénétration de polluants ou allergènes, avec un risque de réactions inflammatoires ou allergiques indésirables,
  • il reste à identifier les cellules cutanées impliquées et les molécules du microbiote responsables de l’activation immunitaire,
  • aucune donnée n’existe encore sur la durée et la robustesse de la protection induite chez l’humain.

Bref, si les premières expérimentations sont prometteuses, il reste encore beaucoup de travail pour les scientifiques avant de développer cette technologie de vaccination innovante à grande échelle.

Cela étant, si cette technique franchit les étapes cliniques, elle pourrait :

  • rendre la vaccination plus acceptable, en particulier chez les enfants et les personnes phobiques,
  • faciliter les campagnes de vaccination dans des zones à faible accès médical,
  • réduire les coûts logistiques liés aux aiguilles et déchets biomédicaux.

À SAVOIR

D’autres technologies sont en cours d’expérimentation En France pour simplifier l’acte vaccinal. Ainsi, le CEA-Leti (Grenoble) travaille activement sur des dispositifs de microaiguilles pour délivrer des médicaments ou vaccins de façon moins invasive. Leur démonstrateur “micro-aiguilles actives” permet d’atteindre les couches profondes de l’épiderme sans les effets douloureux associés aux aiguilles traditionnelles.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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