Et si tout se jouait dès les tout premiers instants ? Une étude japonaise relance le débat : selon la saison à laquelle vous avez été conçu, votre silhouette adulte pourrait être influencée, tout comme certains marqueurs de votre santé. Une affaire de météo, de lumière… et de mois d’amour ?
Le lien entre notre santé adulte et les toutes premières étapes de notre existence, voire de notre conception, n’en finit plus d’intriguer les chercheurs. La dernière étude en date vient du Ministère japonais de la Santé, relayée par l’agence Jiji Press et largement reprise dans la presse européenne.
L’équipe de chercheurs japonais a analysé les données de près de 570 000 enfants nés entre 2006 et 2008. Une cohorte massive, suivie jusqu’à l’âge de 13 ans, pour comprendre s’il existait une corrélation entre le mois de conception et l’indice de masse corporelle (IMC) à l’adolescence. Le résultat ? Plutôt surprenant.
“Les enfants conçus en été présentaient en moyenne un IMC plus élevé que ceux conçus en hiver”, affirme le rapport.
Des chiffres qui pèsent lourd
Selon les résultats publiés, les enfants conçus entre juin et août ont un risque plus important d’avoir un surpoids à l’âge de 13 ans que ceux conçus entre décembre et février.
- En moyenne, les bébés d’été ont un IMC supérieur de 0,05 à 0,10 point à celui des bébés d’hiver.
- La proportion d’enfants en surpoids était également plus élevée de 2 à 3 % dans le groupe “conception estivale”.
Ces écarts peuvent sembler minimes à l’échelle individuelle, mais ils deviennent significatifs à l’échelle d’une population entière, soulignent les auteurs.
Pourquoi la saison de conception influe-t-elle sur notre poids ?
La température ambiante au moment de la grossesse précoce
Les scientifiques avancent plusieurs hypothèses biologiques et environnementales. Durant les premiers mois de grossesse, le corps de la mère est soumis à des conditions environnementales très variables selon la saison : chaleur, humidité, lumière solaire. Ces facteurs peuvent influencer le développement du fœtus, notamment le métabolisme de base et la formation des tissus adipeux.
L’exposition à la lumière naturelle
Moins de lumière en hiver = moins de vitamine D, diront certains. Mais cette fois-ci, ce serait l’exposition plus importante à la lumière en été qui favoriserait une prise de poids à long terme, en agissant sur l’horloge biologique du fœtus.
L’alimentation de la mère selon les saisons
Une autre piste évoquée : les habitudes alimentaires des futures mères changent avec les saisons, influençant ainsi le milieu intra-utérin et potentiellement la programmation métabolique de l’enfant.
Une tendance observée ailleurs dans le monde ?
La France n’est pas en reste sur le sujet. Des recherches menées au Royaume-Uni (Nature Communications, 2015) et en Suède (Journal of Epidemiology & Community Health, 2012) ont déjà mis en évidence une corrélation entre la saison de naissance et des marqueurs de santé à l’âge adulte, comme la taille, l’IMC ou le risque de maladies métaboliques, suggérant un impact durable de l’environnement prénatal saisonnier sur la santé.
Mais attention à ne pas tout simplifier : la génétique, l’environnement familial, l’activité physique et l’alimentation jouent un rôle bien plus décisif sur notre santé que la simple météo du mois de juillet 1992.
Une curiosité plus qu’un destin figé
Faut-il pour autant calculer la conception de son enfant en fonction du calendrier ? Évidemment, non.
“Ces données sont surtout utiles pour la recherche en santé publique”, explique le professeur Junji Takahashi, auteur principal de l’étude. “Elles ne doivent pas inquiéter inutilement les parents ni faire culpabiliser les enfants d’été !”
En clair : la saison de conception pourrait jouer un rôle, mais elle ne fait pas tout. Notre poids, notre santé, notre bien-être sont le résultat de milliers de facteurs, dont beaucoup sont modifiables tout au long de la vie.
À SAVOIR
Une étude de l’Université de Cambridge, publiée en 2015 dans Nature Communications, a montré que les bébés nés en été – donc conçus en hiver – étaient en moyenne plus grands, plus lourds à la naissance et avaient un rythme de sommeil plus régulier à l’âge adulte. Les chercheurs pointent là aussi l’impact de la lumière naturelle pendant la grossesse sur le développement du fœtus.








