Une femme sur une balance qui prend des médicaments pour perdre du poids.
18 % des Français estiment avoir du poids à perdre. © Freepik

Plébiscités pour leur efficacité spectaculaire dans les essais cliniques, les médicaments comme Wegovy, Ozempic et Mounjaro promettent une perte de poids impressionnante. Mais dans la réalité quotidienne des cabinets médicaux, les résultats sont souvent plus modestes. Pourquoi ce décalage ? On vous explique.

Depuis quelques mois, impossible de passer à côté : les médicaments Wegovy, Ozempic et Mounjaro sont présentés comme des révolutions pour lutter contre l’obésité. Ces traitements, à base de sémaglutide ou tirzépatide, agissent sur l’appétit et la satiété, avec des promesses alléchantes : jusqu’à 20 % de perte de poids.

Mais un constat s’impose chez les médecins de terrain : les patients ne perdent pas autant de poids qu’annoncé dans les études. En d’autres termes, entre les essais cliniques et la vraie vie, il y a un écart. Pourquoi ces médicaments amincissants sont-ils moins performants au quotidien ? 

Des molécules aux effets métaboliques puissants

Wegovy et Ozempic reposent sur le sémaglutide, un analogue du GLP-1, une hormone intestinale qui ralentit la vidange gastrique, coupe la faim et améliore la régulation de la glycémie.

Mounjaro, quant à lui, contient du tirzépatide, une double molécule qui active à la fois les récepteurs du GLP-1 et du GIP (autre hormone digestive). Résultat : un effet renforcé sur la perte de poids.

Des résultats cliniques très prometteurs

En conditions de laboratoire, les effets sont bluffants :

  • Avec Wegovy, les patients ont perdu en moyenne 15 % de leur poids corporel en 16 mois (New England Journal of Medicine, étude STEP-1, 2021).
  • Avec Mounjaro, les pertes atteignent jusqu’à 21 % (NEJM, étude SURMOUNT-1, 2022). Un record pour un traitement non chirurgical.

Mais attention : ces chiffres sont issus d’essais très contrôlés, où chaque patient est suivi de manière intensive. Dans la vie réelle, c’est une autre histoire…

Un suivi moins rigoureux qu’en étude

Dans les essais, les participants sont coachés de A à Z : nutritionnistes, médecins, programmes alimentaires, rappels fréquents. Bref, c’est le “tout inclus” du suivi médical. En cabinet, les consultations sont espacées, et chacun gère comme il peut. Résultat : on oublie des doses, on arrête à cause des effets secondaires, on perd la motivation…

Selon une étude publiée dans JAMA Network Open (mars 2024), moins de la moitié des patients poursuivent leur traitement après un an. Forcément, l’efficacité en pâtit.

Des effets secondaires mal tolérés

Ces médicaments ne sont pas des bonbons. Ils peuvent provoquer des nausées, vomissements, maux de ventre, constipation, voire une fatigue persistante. 

Résultat, certains patients réduisent les doses ou arrêtent tout simplement le traitement. Or, pour observer une vraie perte de poids, il faut suivre le protocole strictement sur le long terme.

Des profils de patients plus divers

Les études cliniques sélectionnent des patients très spécifiques : adultes en bonne santé, motivés, sans maladie grave. En vrai, les médecins soignent aussi des personnes âgées, des diabétiques, des patients dépressifs ou en situation de précarité. 

Des profils très variés… avec des réponses très différentes au traitement.

Une absence d’accompagnement global

Soyons clairs : ces traitements sont une aide, pas une solution miracle. Sans un changement durable des habitudes alimentaires, sans activité physique régulière, sans accompagnement psychologique, la perte de poids stagne. 

Ce n’est pas un régime en piqûre, c’est un outil à intégrer dans une démarche globale de santé.

En France, Wegovy a reçu une autorisation temporaire d’utilisation en 2023. Il est réservé aux patients avec un IMC ≥ 35, après échec de la prise en charge nutritionnelle. C’est donc loin d’être un traitement de confort.

Ozempic, lui, est autorisé pour le diabète. Mais son usage pour la perte de poids explose… au point de provoquer des pénuries, dénoncées par l’ANSM début 2024. Certains patients diabétiques ont même du mal à s’en procurer.

Quant à Mounjaro, il n’est pas encore autorisé en France pour l’obésité. Aux États-Unis, il est disponible sous le nom de Zepbound, et commence à se faire une place sur le marché.

À SAVOIR 

En cas d’arrêt du traitement, la reprise de poids est fréquente. Une étude (STEP-1, 2021) montre que les patients reprennent jusqu’à deux tiers du poids perdu après avoir arrêté le sémaglutide. Avec le tirzépatide, les résultats sont similaires (SURMOUNT-4, 2023). Ces traitements doivent donc souvent être poursuivis sur le long terme pour maintenir leurs effets.

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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