
Alors que la France suffoque sous une vague de chaleur intense du 11 au 13 juin 2025, avec des températures records atteignant 34 °C, le gouvernement prend les devants. Un nouveau décret, applicable dès le 1er juillet, impose aux employeurs de nouvelles obligations pour protéger les travailleurs. Des mesures concrètes, urgentes, et, bonne nouvelle, déjà activables immédiatement. On fait le point.
Il n’aura pas fallu attendre l’été pour que les premières alertes canicule fassent leur apparition. Depuis le 11 juin, une vague de chaleur s’installe dans l’Hexagone, poussant le mercure à des niveaux inédits pour cette période de l’année. À Bordeaux et Toulouse, les 32 °C annoncés flirtent avec les records mensuels, tandis que Lyon n’est pas en reste avec 34 °C attendus.
Ces températures, combinées à une faible circulation de l’air, les récents événements venus du Canada et une humidité élevée, rendent les conditions de travail particulièrement difficiles, notamment pour ceux qui n’ont pas accès à des locaux climatisés ou à des zones ombragées.
Dans ce contexte, les salariés les plus exposés (ouvriers du BTP, agents de propreté, personnels agricoles, mais aussi caissiers, cuisiniers ou livreurs) se retrouvent en première ligne. Car si les canicules ne sont pas nouvelles, leur intensité et leur fréquence augmentent nettement avec le changement climatique. Or, trop souvent, les mesures de protection au travail restent insuffisantes, voire inexistantes.
Une canicule précoce, des salariés en première ligne
Que contient ce nouveau décret contre la chaleur extrême au travail ?
Face à l’urgence climatique et aux risques sanitaires qui y sont liés, le gouvernement a publié un décret au Journal officiel début juin 2025, instaurant un cadre légal clair pour protéger les travailleurs lors de périodes de chaleur extrême. Ce texte, salué par plusieurs syndicats de la santé et du travail, renforce la responsabilité des employeurs et donne aux salariés des leviers concrets pour se protéger.
- Adapter les horaires de travail : les entreprises doivent réaménager les horaires en fonction de la météo : commencer plus tôt, éviter les heures les plus chaudes, allonger les pauses… Cela permet de limiter l’exposition directe à la chaleur.
- Fournir des équipements de protection : casquettes, lunettes de soleil, vêtements légers, crème solaire… Une manière simple mais efficace de protéger les salariés du soleil et de la chaleur.
- Assurer un accès à de l’eau fraîche en continu : chaque salarié doit avoir accès à au moins 3 litres d’eau fraîche par jour, facilement disponibles à proximité du poste de travail. Une mesure élémentaire… mais qui n’était pas toujours appliquée.
- Installer des dispositifs de rafraîchissement : ventilateurs, brumisateurs, stores, zones ombragées… les employeurs doivent limiter l’accumulation de chaleur dans les espaces de travail.
- Former et informer les salariés : les salariés doivent être sensibilisés aux risques de la chaleur extrême au travail, et formés à l’usage des protections mises en place.
Quand ces mesures entrent-elles en vigueur ?
Si le décret entre officiellement en vigueur le 1er juillet 2025, le ministère du Travail recommande fortement aux employeurs de ne pas attendre pour appliquer ces nouvelles obligations. Et pour cause, avec une vague de chaleur déjà bien installée, ces gestes de prévention peuvent littéralement faire la différence entre un simple inconfort… et un accident du travail.
D’ailleurs, certaines entreprises ont déjà commencé à adapter leur organisation : horaires aménagés, rotation des équipes, distribution de bouteilles d’eau ou mise à disposition de ventilateurs. Un mouvement encore timide, mais appelé à s’amplifier avec la répétition des épisodes de chaleur extrême au travail.
Qui veille à l’application de ces règles ?
La mise en œuvre de ces mesures sera strictement encadrée par l’Inspection du travail, qui pourra intervenir à tout moment pour vérifier leur application. En 2023, près de 1 500 contrôles ont été réalisés pendant les vagues de chaleur (source : ministère du Travail), donnant lieu à des rappels à l’ordre, voire à des sanctions.
En cas de manquement grave, l’entreprise peut se voir imposer une suspension temporaire d’activité, notamment si la santé ou la sécurité des salariés est compromise.
Pourquoi la chaleur au travail est un vrai enjeu de santé publique
Travailler dans la chaleur, ce n’est pas qu’une question d’inconfort. Selon Santé Publique France, les vagues de chaleur sont responsables de plus de 30 000 décès en France entre 2003 et 2022. Si les personnes âgées et les nourrissons sont les plus vulnérables, les actifs exposés à des températures élevées au travail sont eux aussi en danger.
Les symptômes les plus courants incluent la déshydratation, la perte de vigilance, les vertiges, les crampes musculaires, et dans les cas les plus graves, des coups de chaleur pouvant entraîner une perte de connaissance, voire un arrêt cardiaque.
Que faire si mon employeur ne respecte pas les règles ?
Tout salarié confronté à une situation de chaleur extrême au travail peut :
- Saisir les représentants du personnel ou le comité social et économique (CSE)
- Contacter l’Inspection du travail
- Faire valoir son droit de retrait, si la situation présente un danger grave et imminent pour sa santé
Le ministère du Travail propose également une ligne téléphonique pour signaler des conditions de travail dangereuses ou poser des questions : le 0 800 130 000, numéro vert gratuit.
À SAVOIR
Selon l’INRS, dès que la température atteint 28 °C pour une activité physique ou 30 °C pour un travail sédentaire, cela déclenche une alerte sur la chaleur au travail. Au-delà de 33 °C, le danger devient réaliste, avec une vigilance renforcée sur les risques pour la santé .







