Trois enfants font de la corde à sauter
Cette nouvelle génération de jeunes enfants est trop sédentaire et trop peu active @Freepik

Activité physique en berne, diversité des moyens de transports, explosion du temps passé devant les écrans… Le constat est implacable : nos enfants sont de plus en plus inactifs. Or les mauvaises habitudes adoptées durant l’enfance ont tendance à s’installer, et peuvent avoir des conséquences sur la santé et la qualité de vie à l’âge adulte. Obésité, troubles du comportement ou encore risque de maladies chroniques, les répercussions sont dramatiques. Les explications de Clément Perrier, docteur en santé publique à l’Université Lyon 1, sur le plateau de l’émission Votre santé du mardi 4 avril 2023.

Du lit au siège du bus ou à la voiture parentale, en terminant sur le canapé avec son smartphone ou devant la télévision, les jeunes en oublieraient-ils l’essentiel, à savoir bouger ? Le constat est tel que les autorités sanitaires s’inquiètent. Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), “on constate aujourd’hui que deux tiers des adolescents s’exposent à un risque élevé pour la santé en pratiquant moins de 60 minutes d’activité physique et en passant plus de deux heures devant un écran chaque jour”.

Les acteurs publics s’activent pour trouver des remèdes à cette tendance de fond et lutter contre cette sédentarité. Comment ? À travers une sensibilisation accrue, et notamment des jeunes, invités à réapprendre à intégrer l’activité physique dans leur quotidien. Pourquoi est-il important de promouvoir l’activité physique ? Éléments de réponses avec Clément Perrier, docteur en santé publique et expert en activité physique à Lyon, lors de l’émission Votre Santé du mardi 4 avril 2023 sur BFM TV Lyon.

Une accélération de la sédentarité

Pourquoi est-il important de rappeler que l’activité physique est nécessaire chez les jeunes ?

Tout simplement parce que les chiffres sont très alarmants. Une étude récente a montré que la condition physique des élèves de 6ème a considérablement chuté au cours de ces trente dernières années. Aujourd’hui, on s’intéresse souvent aux adultes et aux personnes porteuses de maladies chroniques, mais les effets sont aussi extrêmement délétères chez les jeunes.

Entre 2014 et 2018, le niveau d’activité physique a baissé de près de 8% chez les filles et de 4% chez les garçons. Puis, avec la crise du Covid-19 et les différentes phases de confinement, l’activité physique a diminué d’environ 60% chez l’ensemble des jeunes.

Depuis quand observe-t-on une accélération de la sédentarité ?

Ce phénomène a démarré au début des années 70 avec la transition épidémiologique. En effet, on constate une forte augmentation des maladies chroniques liées aux évolutions des modes de vie. L’ensemble de la population mène une vie beaucoup plus sédentaire, avec des activités physiques moins régulières.

Cette mauvaise habitude acquise pendant l’enfance se renforce et s’aggrave généralement avec l’âge, comme en témoigne les taux d’activité physique décroissants chez les adolescents par rapport aux enfants au collège. En effet, tandis que 56% des filles de 6 à 10 ans respectent les recommandations en matière d’activité physique, ce taux chute seulement à 16% chez les 15-17 ans, soit une baisse de près de 40% avec l’âge.

Quels changements dans notre mode de vie ont conduit à une diminution croissante de l’activité physique ?

Nos habitudes de vie ont connu des évolutions majeures, notamment en matière de déplacements, qui sont de plus en plus assistés. Il existe une utilisation croissante de moyens de transports automatisés tels que la voiture ou les transports en communs, ainsi que l’usage courant des ascenseurs à la place des escaliers.

Les écrans ont également pris une place de plus en plus importante dans notre vie. Par exemple, 93% des enfants dépassent la limite quotidienne de deux heures d’écran recommandée par les instances internationales. En effet, la moyenne en France est de quatre heures par jour, soit le double de cette recommandation. Il est évident que le temps passé devant les écrans correspond à un temps d’inactivité. C’est donc un constat de détérioration nette de notre niveau d’activité physique au fil des années.

Quelles sont les conséquences de cette sédentarité excessive ?

Il s’agit d’un cercle vicieux de déconditionnement physique, dans lequel plus nous sommes inactifs, plus nous avons tendance à le rester. Notre corps, peu habitué à l’effort, se fatigue rapidement, ce qui diminue notre motivation à bouger. Cette inactivité physique peut entraîner des pathologies telles que l’obésité, ainsi que d’autres maladies chroniques comme les cancers ou des maladies cardiovasculaires. De plus, les enfants qui sont inactifs ont tendance à le rester à l’âge adulte, ce qui accroît le risque de développer des maladies chroniques.

“Remettre du plaisir dans l’activité physique”

Des facteurs sociaux rentrent-ils en jeu sur cette question ?

Les enfants issus des milieux populaires sont particulièrement touchés par l’inactivité physique et la sédentarité. Au contraire, les jeunes des milieux les plus favorisés ont des habitudes d’activité physique beaucoup plus fréquente.

Comment lutter contre la sédentarité et permettre aux enfants de retrouver le goût pour l’activité physique ?

Le conseil le plus important serait de rendre l’activité physique plaisante. Pour les enfants, le jeu, l’amusement et le plaisir sont évidents. Il est donc essentiel de reconstruire une nation de jeu autour de l’activité physique et de trouver du plaisir dans le mouvement du corps. En créant des habitudes de vie positive, il devient naturel de bouger et de prendre coin de son corps.

Au contraire, plus l’activité physique sera considérée comme contraignante, plus les jeunes enfants seront susceptibles de perdre leur motivation à pratiquer du sport.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 4 avril 2023 sur Ma Santé TV.

À SAVOIR

Selon l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), 66% des jeunes de 11 à 17 ans, présentent un risque sanitaire préoccupant: ils font moins de 60 minutes d’activité physique et passent plus de deux heures sur leurs écrans par jour.

Par ailleurs 49% d’entre eux présentent un risque sanitaire élevé: plus de 4h30 devant un écran chaque jour, et font moins de 20 minutes d’activité physique par jour.

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Diplômée de l'ISCPA Lyon, Carla Casadei a profité de son passage (trop court !) au sein du Groupe Ma Santé pour mettre ses talents et son sourire au service de la prévention santé. Elle est ensuite partie parfaire sa formation à l'ISFJ Paris.

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